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 Souvenirs empoisonnés [solo] [-16 ans] [scènes violentes]

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Alasker Crudelis
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Dim 12 Aoû - 19:44

A savoir:

"-Ma maîtresse va vous recevoir d'ici quelques minutes, souhaitez-vous un rafraichissement pour patienter?"
Dingue comme une seule phrase aussi simple, aussi innocente, aussi barbante, que celle-ci, pouvait frapper fort, dans de bonnes circonstances. Alasker balaya la pièce du regard, à la recherche de quelque chose, un point d'ancrage quelconque dans la réalité pouvant lui permettre de confirmer le fait qu'il ne rêvait pas. Mais Sonia n'était pas là. L'avion et son petit con de pilote n'était pas là. Il n'avait même pas prit ses flingues. C'était ses conditions, ses ordres. Le géant voulait...Devait, y aller seul. Sans arme. Pour rencontrer ce qui avait été sa plus étrange amie, des dizaines d'années auparavant. Dans son orgueil de vieux, il refusait tout bonnement que la chienne de Tarvitz soit témoin de telles retrouvailles. C'était trop...Sensible? Trop faible. Trop étrange. Pas assez guerrier. Pas assez violent.
Ses yeux se posèrent sur l'un des nombreux tableaux ornant les murs rouges autour d'eux. Celui-ci représentait un champ de bataille, totalement vide de combattants. Seulement des trous d'obus, des impacts de balles, de la terre retournée...Le résultat d'une guerre dans un champ. Comme il désirait pouvoir entrer à l'intérieur de ce tableau, à cet instant. Comme il aurait couru pour rejoindre les survivants de la bataille et se mêler à eux. Plutôt que rester ici. Dans ce manoir. Au milieu de meubles sans prix, de tapisseries hautes en couleurs, face à face avec...Avec...Abi.
Pas la version décatie/périmée du docteur qui avait participé à sa création, non. Le portrait craché de l'Abi', l'Abi' véritable en quelque sorte. Elle avait même l'air plus jeune. Avant, à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, ses yeux restaient constamment encerclés par d'énormes cernes de fatigues. Là, son visage était clair. Superbe. Presque trop, en fait. Il n'y avait pas cette petite ride d'expression au coin des lèvres qui apparaissait, lorsqu'elle souriait. Et ses cheveux blonds, longs et lisses étaient libres. Pas torturés par un sévère chignon comme avant. Sa peau avait perdu sa pâleur maladive pour gagner en bronzage. C'était une version sublimée d'Abi', trop belle pour être vraie. Exit son air perpétuellement songeur et la tristesse dans ses grands yeux gris. Cette Abi' là, elle...Elle semblait aimer la vie !
Et c'était bien pour ça qu'Alasker avait tout de suite deviné que ce n'était pas Elle. Rien que sa démarche n'avait rien à voir avec celle de son amie d'antan. Trop détendue. Trop...Equilibrée. C'était une employée. L'équivalent d'un majordome pour la vieille docteur. S'étant présentée sous le nom très classique de "Laura" et l'ayant fait entrer en souriant, sans sembler prêter la moindre attention à l'armure d'une demi tonne qu'il portait.
Il cligna des yeux. En face de lui, la chimère AbiLaura le regardait étrangement, comme si elle attendait quelque chose.
"-Pardon, vous disiez?" Demanda-t-il le plus naturellement possible.
"-Un rafraichissement pour patienter?"
Le géant cligna des yeux. Secoua la tête. Tenta de se débarrasser de l'étrange sensation de vivre une sorte de rêve-cauchemar éveillé et répondit :
"-N...Non. Merci.
-Je ressemble à ma maitresse dans sa jeunesse. Est-ce cela qui vous préoccupe?"
Nouvel instant de flottement. Le tueur se retint de se mordre la lèvre inférieure jusqu'au sang et se contenta de grincer entre ses dents serrées :
"-C'est probablement lié."
Soudain, le bruit d'une porte qui s'entrouvre. Et le ronronnement d'un engin électrique, relativement lourd. Quelque chose qui roule sur le carrelage luisant d'une salle proche de celle qu'il occupe. Le regard du géant de fer glissa lentement contre les parois rouges, richements décorées, pour se poser vers la provenance de l'étrange boucan.
La porte qu'on venait d'ouvrir se trouvait entre une armoire en bois noir, à la vitrine trop poussiéreuse pour pouvoir discerner son contenu, et les premières marches d'un escalier longeant la paroi sur quelques mètres et disparaissant dans les ténèbres d'un étage supérieur. L'escalier semblait avoir été posé récemment, à la va-vite, car le bord de sa première marche butait contre le bois doré de la porte lorsque cette dernière s'ouvrait complètement, comme ici. Un défaut "d'architecture" flagrant, n'ayant strictement rien à faire dans un manoir aux murs écarlates, couverts d'une tapisserie coûtant aussi cher que son armure de combat. Mais finalement pas très important, à la vue de ce qui venait d'entrer.
"-Je voulais que ma servante m'évoque de bons souvenirs. Alors j'en ai cherché une comme moi. Bon choix selon toi?"
Abi n'était plus. A sa place se trouvait l'enveloppe trop usée d'une créature incapable de marcher d'elle-même, enfoncée tout au fond d'un fauteuil roulant électrique répondant aux ordres d'une main droite, squelettique et tremblantes, mais aux ongles toujours parfaitement entretenus. La chose respirait en sifflant à travers un masque transparent lui couvrant tout le bas du visage, relié par deux longs tubes de verres à une sorte de réservoir d'oxygène attaché à l'arrière du siège. Ses beaux yeux avaient disparut aussi. Leurs "restes" se voyaient recouverts par un épais bandeau de soie rouge masquant la vue de ses orbites qu'il imaginait sans grand mal totalement vide. Deux petits câbles s'extirpaient du bandeau de soie pour venir rejoindre une sorte d'appareil cyclopéen, rectangulaire et noir, semblable à un vieux modèle de caméra à la lentille rouge. Sa main gauche enserrait aussi fermement que possible la base dudit appareil et l'agitait faiblement devant elle :
"-Maintenant, mes yeux sont là." Fit une voix inhumaine, désincarnée, sortant de sa gorge asséchée.
Alasker hocha la tête en masquant efficacement sa surprise derrière un sourire se voulant aimable.
"-Salut beauté."
Le rire qui s'échappa de la carcasse sur la chaise n'avait rien de beau. Rien de naturel. Rien de vivant.
"-Al'...C'est vraiment toi...Après toutes ces années...Tu n'as pas changé.
-Toi non plus." Mentit-il machinalement.
"-Ne raconte pas de conneries." Cracha la chaise."Je sais à quoi je ressemble maintenant, mon beau. Je suis un cadavre qui a oublié de mourir. Loin de la beauté que tu as connu, j'en ai peur. La vieillesse est une pute mais le cancer...Le cancer est encore pire."
Alasker laissa aussitôt tomber son masque souriant. Une tristesse profonde vint déformer ses traits et torturer son esprit alors qu'il s'entendait répéter :
"-Le cancer?"
Le reliquat de vie dans sa chaise toussota comme si on venait de lui trancher la gorge avant de répondre :
"-Le cancer. Le crabe. Les tumeurs. J'ai dû remplacer mes deux vieux poumons noircis par des répliques clonées, imparfaites. Je ne peux pas vivre sans ce dispositif maintenant.
-Et les jambes?" S'entendit-il dire d'une voix tremblante.
"-Ça, c'est de moi. Tu comprends, quand ils m'ont virée...J'avais encore plein de projets en tête. Des idées d'expériences…"
Alasker, devinant la suite, ferma les yeux et compléta :
"-Mais t'avais plus de patients sur lesquels t'exercer, hein?"
La chose presque morte hocha faiblement la tête.
"-C'est ce que j'ai cru, au début. Et puis...Un jour. Dans le miroir de ma salle de bain. J'ai trouvé une patiente."
Le soupir que poussa le géant de fer lui sembla interminable. Abigaël, pourtant capable d'une cruauté, d'un vice, dépassant parfois le sien, ne s'était jamais pardonnée le fait d'avoir infligé tant de souffrance à l'homme qu'il avait un jour été. C'était, jadis, ce qui l'avait menée au bord de la folie. Deux tentatives de suicides en un mois. Si le jeune Alasker de l'époque n'avait pas enfoncé la porte de sa baraque, un soir d'été, la deuxième tentative aurait été la bonne.
"-Qu'est-ce qui s'est passé, Abi…"
Il n'y eût pas l'ombre d'une hésitation dans la réponse.
"-Ma colonne vertébrale s'est mise à muter. Grossir. A bouffer mes autres os. J'ai réussi à sauver ma tête. Mes bras. Mes mains. Tout ce qui m'importait, en fait."
L'ombre d'un sourire emprunt de nostalgie passa quelques instants sur le visage d'Alasker :
"-Il y avait bien d'autres parties de ton corps qui importait, selon moi."
Pas de réponse. L'ombre disparue.
"-Tu as essayé de reproduire ce que tu m'as fais...Sur ton propre corps."
Ce n'était pas une question. Plutôt un reproche. Même pas dissimulé. La carcasse ne sembla pas spécialement ému, cependant...Guère étonnant, pour un être totalement dépourvu de langage corporel.
"-J'ai des choses à faire aujourd'hui. Des choses importantes. Nous pourrions peut-être…"
L'effort qu'il déploya pour la couper lui sembla presqu'insurmontable.
"-Je ne viens pas pour toi."
La chaise ne cracha aucun sanglot. Ni aucun ricanement. Juste les échos d'une respiration difficile, durant une longue, très longue, minute. Et puis la vieille chose finit par répondre :
"-Je sais. Je sais bien. Sinon tu serais venus bien plus tôt, mon beau."
Cela n'avait rien d'un reproche. Rien d'aussi puéril, d'aussi facile, non. Juste une simple observation, froide. De la part d'une étrange gargouille au corps détruit...Se sachant moins importante que le meurtre et la violence pour l'homme qu'elle aimait, à jamais mélangé au monstre qu'elle avait en partie créé. Mais ce qui touchait le plus Alasker, c'était le fait que cette vieille chose semblait manifestement avoir accepté cette situation depuis longtemps.
"-Ceux qui sont devenus tes frères dans la douleur sont difficiles à suivre." Reprit-elle finalement.
"-Mais pas impossible."
Alasker s'était avancé d'un pas, dans une attitude qu'il reconnaissait inutilement menaçante. Cela avait fait sursauté la servante, que le tueur avait par ailleurs totalement oubliée. Ses gros poings serrés dans leurs gantelets semblaient prêts à plier le métal et la chair dont ils étaient pourtant faits. Et comme à chaque fois que l'excitation du combat le prenait, son énorme gueule déformée s'ouvrait et se fermait à répétition, dans de grands claquements d'os s'entrechoquant.
Pourtant il n'y avait là nul potentiel assaut. Nul ennemi. Nulle proie.
"-Oui. Pas impossible." Acquiesça la chaise-femme, sans même relever la douzaine de tics nerveux s'étant soudainement mit à secouer son ancien compagnon."Par lequel je commence?
-Celui qui est en liberté.
-Aucun d'eux ne l'est vraiment."
La répartie, de son apparente futilité, le fit grincer des dents.
"-Par celui qui ne croupit pas tout au fond d'une putain de cellule, si tu préfères."
La vieille chose-chaise se remit à rire avant de répondre :
"-Tarcus est désormais le garde du corps, le conseiller, et la plus grande réussite d'une sainte autoproclamée ayant établis son campement de ratés aux visages couverts de cendres au beau milieu du Sahara. Qu'en dis-tu?"
Pas grand chose, en réalité. Alasker n'en pensait même rien du tout, parce qu'il avait tout simplement cessé d'écouter après avoir entendu le prénom de son premier "frère de douleur" : Tarcus.
Une série d'images, chaotiques, malsaines et, comme toujours, extrêmement violentes, provenant toutes de son passé de jeune soldat prometteur, vinrent assaillir son esprit. Un épais filet de bave s'échappa d'un des coins de ses lèvres retroussées pour venir s'écraser au sol et former une petite flaque gélatineuse à ses pieds, sur le carrelage impeccable du manoir.
Tarcus. Ils avaient intégrés Le Boucher au programme CRUDELIS. Ils avaient transformés un croque-mitaine en dieu.
"-Quel genre de folie vous a poussé à commettre une erreur pareille?
-Je n'étais pas au courant. Ils l'ont conçu dans mon dos, après les premiers échecs.
-Conneries."Souffla-t-il en s'avançant d'un pas encore. Le monde sembla cesser de tourner un instant. La servante quitta la pièce au pas de course."Tu étais la mère de ce projet, Abi."
Mais la vieille chose n'en fut nullement impressionnée et répondit de sa voix monocorde :
"-Crois-moi ou non, je m'en fous. Je sais quels sont mes péchés et Tarcus n'en fait pas partie...Du moins pas directement. Pour lui, c'était une punition. Ils lui ont injectés les produits pour le punir. Pour le sacrifier. Soit il devenait comme toi, soit il mourrait. Dans les deux cas l'existence du Boucher disparaissait des registres.
-Il n'était pas volontaire, donc." Cracha le géant de fer, sans chercher à dissimuler son dégoût.
"-Non, il ne l'était pas.
-Tarcus a tué son petit frère de douze ans en lui transperçant le crâne avec ses pouces. Ses POUCES. Il a été rendu coupable de trahison, de trafic. C'était un dingue désobéissant, sans barrières. Ne reconnaissant absolument aucune hiérarchie.
-Et c'est pour ça qu'ils ont voulu le punir. Les chances pour qu'il s'en sorte, lui, après son "accident", étaient ridiculement faibles.
-On augmente pas la masse musculaire, la solidité osseuse, l'animosité et la réactivité d'un homme qui a bouffé un nourrisson devant sa mère prisonnière. Je sais pas, ça me parait relativement logique !"
La vieille haussa ses frêles épaules.
"-Légende que cette histoire."
Le rire d'Alasker fit trembler les murs.
"-Ouai. C'est moi qui racontais cette histoire, en fait. Parce que j'y étais. Je l'ai vue, Abi. La mère nous tendait le gosse en nous suppliant de l'épargner lui, sous prétexte que "ce n'était qu'un enfant" qu'il "était innocent". Tarcus s'est penché vers elle, lui a caressé le visage, doucement. A prit le gosse dans ses bras et l'a bercé, jusqu'à ce que la petite chose s'endorme et que sa mère cesse de geindre. Les autres l'ont regardé d'une drôle de manière. D'une manière stupide, sotte. Avec le sourire, comme si ils découvraient que, finalement, Le Boucher avait un cœur. Et puis il a doucement tiré de son fourreau son couteau de combat pour découper la calotte crânienne du gosse et bouffer son cerveau comme un putain de sorbet. En regardant sa mère. Avec le sourire. Tout le long."
Ce qui avait l'air d'être les prémices d'une grimace de dégoût apparut sur les lèvres gercées de la vieille chose :
"-Epargne-moi ces détails sordides. Tu n'es pas exactement le mieux placé pour…
-Il plantait ses doigts dans le crâne du gamin et en ressortait des morceaux fumants qu'il avalait sans mâcher. N'essaie même pas de m'assimiler à ce genre d'êtres, Abi. Je suis un grand amoureux de la mort mais j'ai des limites, même après ce que votre foutu projet m'a fait. Tarcus n'en avait déjà pas la moindre sous forme humaine. Le fait que tu…
-Cesse d'aboyer comme un chiot récemment castré. Il ne vit désormais que pour se racheter !"
Le géant se remit à rire, prit d'un amusement mêlé de surprise.
"-Tu as écouté ce que je viens de te dire?"
La vieille, dans un effort manifestement surhumain, hocha faiblement la tête. Alasker haussa un sourcil et, d'un mouvement de main agacé, l'incita à développer ses dires :
"-Le Tarcus que tu connaissais n'existe plus vraiment. Celui-ci est un sage-guerrier, combattant et protégeant la cause de Sainte Persefonne."
L'ancien mercenaire retint un ricanement.
"-Ouh, j'espère que c'n'est pas son vrai nom au moins.
-Je n'en sais absolument rien. En fait, personne ne le sait. Elle sort de nulle part, vraiment. Ses suivants disent qu'elle s'est donné naissance elle-même. Qu'elle n'existait tout simplement pas avant qu'on ne la connaisse en tant que Sainte."
Alasker balaya la pièce du regard, à la recherche de quelque chose pouvant lui servir de siège, sans grand succès. La grande pièce avait beau être occupée par une demi-douzaine de meubles aussi imposants que coûteux, aucun d'eux ne risquaient de survivre à son passage. La vieille l'observa faire en affichant ce qui devait passer pour un sourire chez elle, puis décida, de sa voix désincarnée :
"-Allons nous asseoir."




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Dim 12 Aoû - 19:57

La chose-chaise quitta la pièce après avoir pivotée horriblement lentement sous le regard du géant, qui grimaça en apercevant des cicatrices blanchâtres sur le cou de son ancienne compagne, déjà pratiquement translucide. Il la suivit en mettant entre elle et lui une distance de sécurité de deux ou trois mètres, par crainte qu'un seul de ses mouvements trop vifs n'endommage ou brise quelque chose dans le dispositif la maintenant en vie. Ils traversèrent plusieurs couloirs et salles vides, semblant figés dans le temps, abandonnés. Les rideaux noirs de chaque énorme fenêtre étaient systématiquement tirés. De manière assez surprenante, la moisissure et la poussière envahissaient bien souvent le bas et le coin des parois tapissées, créant ainsi de grosses auréoles d'humidités sur certains des murs les plus atteints. La température ne devait pas dépassée les vingt degrés et l'odeur n'avait strictement rien d'agréable, ce qui, pour Alasker semblait plutôt surprenant. Il avait passé l'entièreté de sa première heure de visite à admirer l'extérieur du manoir, son sublissime jardin et ses trois superbes fontaines, parfaitement fonctionnelles et entretenues. Une fois dans le hall d'accueil, les yeux de l'ancien mercenaire avaient disséqués chaque meuble, chaque portrait, chaque vitrine sans déceler autre chose que quelques fines couches de poussières présentes sur des hauteurs inatteignables pour l'humain lambda. L'entretien lui avait semblé parfait...Mais maintenant...Il avait l'impression de visiter un décor de film d'horreur abandonné.
"-Tu reçois toujours tes invités dans ton hall, c'est ça?"
Un petit rire s'échappa du fauteuil roulant devant lui.
"-C'est l'entretien des autres salles qui te fais penser pareille chose?"
Alasker ne prit pas la peine de répondre. Au détour d'un couloir, une silhouette inanimée, massive, attira son regard inhumain vers l'intérieur d'une salle à la porte entrouverte, trop tordue pour être fermée et plongée dans des ténèbres quasi-totale. Au beau milieu se trouvait un piano classique, énorme, encore recouvert par une housse de protection garnie de poussière. Il reprit sa marche.
L'ancienne docteur l'attendait un peu plus loin, dans une pièce éclairée artificiellement par un lustre orné de cristaux énormes se balançant faiblement au-dessus du sol. Les sens améliorés du tueur décelèrent immédiatement la provenance du courant d'air causant le balancement de l'éclairage et Alasker plissa les yeux en constatant les microfissures présentes un peu partout dans la paroi à droite de l'entrée de la salle.
"-Ferme la porte derrière-toi."
L'ancien mercenaire pencha la tête sur le coté puis se retourna pour vérifier si quelque chose lui avait échappé...Mais non.
Il n'y avait pas la moindre porte.
"-J'aimerais bien.
-Ah, oui. C'est vrai. Plus de porte." Grinça la chose-chaise. "La faute à l'humidité. Toutes les portes sont en bois ici."
Alasker acquiesça puis vint poser l'un de ses doigts gantés contre la paroi la plus proche. Une goutte vint aussitôt se former au niveau de l'ongle.
"-Ce coin tombe en ruine.
-J'n'ai plus assez de motivations pour faire des travaux. C'est comme ça."
Le tueur n'écoutait plus vraiment. Toute son attention était accaparée par la forme pitoyable d'un antique canapé en faux-cuir, collé au mur du fond, couvert de griffures et ruisselant d'humidité.
"-C'est...
-Oui, c'est le même. Je n'arrive pas à me résoudre à m'en débarrasser. Les chats l'ont à moitié bouffé et je suis presque sûr qu'il est moisi de l'intérieur. Mais...
-C'est sentimental, ouai.
-Ce n'est qu'un putain de canapé."

Alasker s'approcha du principal concerné en laissant échapper un rire se terminant en soupir. Il avait dormi les deux premières semaines de leurs "relations" sur ce foutu tas de loques moisies. Pour une raison inconnue, Abi' ne l'avait pas tout de suite accepté dans son lit, malgré le fait qu'ils aient, dès leurs premières rencontres, fait tout ce qu'un couple normal pouvait rêver de faire...Et même plus. A cette dernière pensée, le sourire d'Alasker gagna en douceur, à l'image de l'alignement de ses pensées. Plus tard, ce canapé –et le jeu d'échec posé sur la table l'ayant jadis accompagné- était devenu le composant de leur sanctuaire, rien qu'à eux, lorsque ni la guerre ni la science ne se décidait à les séparer une fois de plus.
"Quel ramassis de conneries hypersensibles." Lui avait un jour craché Carl, son ancien patron, lors d'une discussion durant laquelle ils avaient échangés quelques-uns de leurs plus beaux souvenirs. Il plissa les yeux en se rappelant du souvenir que Carl lui avait raconté, en échange du sien :
"Elle m'a supplié de la regarder mourir. De rester avec elle, jusqu'à la fin. La grenade incendiaire avait bouffé les trois quarts de son corps, ça sentait le cochon grillé et le caoutchouc fondu. L'odeur était absolument insoutenable, tu vois?" Le simple fait de réentendre la voix nasillarde de son employeur, dans sa tête, suffit à lui hérisser le poil. Pendant un court instant, le tueur eût la très nette impression qu'une paire d'yeux luisants d'un vert venimeux s'était posée dans son dos pour observer le moindre de ses faits et gestes."C'était génial parce que, le lanceur de la grenade, c'était moi...Et elle le savait. Son œil droit avait fondu. Comme la moitié de sa bouche. Les flammes avaient grillés sa gorge, ses bronches. Elle était condamnée, fixée par son meurtrier. Pourtant, dans sa langue dégueulasse de ruskof gargouillante, elle m'a supplié de rester avec elle jusqu'à la fin. Parce qu'elle avait peur d'affronter le grand néant toute seule.
-Et tu l'as fais?" Avait demandé Alasker en affichant un sourire gêné face à l'apparente joie de son employeur.
"-J'ai craché sur son visage calciné et je l'ai abandonnée là, dans le froid, sans me retourner. Je me souviens bien de la douceur des cris qu'elle poussait pendant que je m'éloignais. Comment quelque chose d'aussi proche de la mort pouvait encore avoir assez de force pour vomir des sons pareils? Je me pose souvent la question, tu sais?"
Non. Il ne savait pas. Il n'avait jamais su. Jamais compris comment le cerveau malade de son employeur fonctionnait. Lui, qui était pourtant un tueur, un assassin, un berserker à la sauvagerie et à la force génétiquement améliorée. Il n'avait jamais comprit son ancien patron. Tout comme il n'avait jamais comprit la cruauté inhérente à l'existence de ce bon vieux Tarcus. Qu'est-ce qui poussait un esprit foncièrement humain à dépasser le stade de la monstruosité, au point de parvenir à terrifier, par ses actions, un véritable monstre?
Alasker savait pourquoi il était comme ça. Depuis le début. La colère. C'était ça, qui l'avait bouffé. Qui l'avait fait devenir la chose du projet CRUDELIS. Une colère incompréhensible, sans origine fixe. Sans justification véritable. Une colère née de lui, au point où le jeune Al' en était venu à s'identifier à cette chose, ce cancer intraitable, grondant tout au fond de sa chair. Son régiment l'avait surnommé "Iratus", "en colère" en latin. Un surnom qu'il devait à Sul', d'ailleurs. Y'avait que l'assassin-érudit pour connaître des mots latins. La colère pouvait pousser un homme très loin. Au point de le débarrasser entièrement de son humanité pour le transformer en monstre.
Mais qu'est-ce qui avait poussé des hommes comme son ancien patron, comme Tarcus, à devenir ce qu'ils étaient devenus?

"-Il ne te laisse pas indifférent, c'est déjà ça." Cracha la présence dans son dos. Celle de son ancienne compagne. L'enveloppe de chair flétrie, gâchée, brisée.
Alasker prit conscience qu'il était accroupi aux pieds dudit canapé et que son gantelet droit en caressait le dossier déchiré. Le tueur se redressa brusquement.
"-Le souvenir de jours trop heureux pour nous, Abi'.
-Peut-être bien. Tu en as aimé une autre, après moi? C'est pour ça que tu m'as oublié?
-Bien sûr que non." Mentit-il en tentant d'ignorer le souvenir d'une paire d'yeux gris le fixant à travers les ténèbres, luisants d'une folie causée par un amour, une admiration, un dévouement total, pour un autre que lui."Je ne t'ai jamais oublié."
Le rire de gorge de son hôte lui sembla affreusement douloureux à l'écoute.
"-Quel doux mensonge. Tu es plus romantique qu'autrefois.
-Je suis plus vieux, moins stupide.
-Même en l'honneur de nos souvenirs, tu ne m'embrasseras pas...Hein?
-Non."
La vieille lèvre inférieure de la chose-chaise trembla l'espace d'un instant. Puis le masque d'indifférence reprit sa place.
"-Assieds-toi sur ce foutu canapé. Que je te dise ce que j'ai à dire avant que nous ne nous séparions pour de bon."

***

Alasker appuya sur son gorgerin du poing jusqu'à ce que le "clic" de verrouillage se déclenche et que l'armure accepte cet ajout. Ceci fait, il récupéra, sur le carrelage froid et taché de sang, la clé de ses injecteurs biotiques pour la placer dans le compartiment sécurisé contre sa hanche gauche. Sa liaison COM manqua de le faire sursauter en se mettant à sonner, perturbant ainsi le silence total régnant dans le manoir. Il activa son micro et cracha d'un ton agacé :
"-Quoi?"
Sonia, à l'autre bout du "fil", lui répondit d'un ton semblable :
"-Des heures que tu as coupé ton foutu micro et tout moyen de communication et la seule chose que tu penses à m'sortir lorsque tu reprends le contact c'est "quoi"? T'es au courant qu'une annotation de moi suffit pour que tu...
-J'm'en branle. Le boulot est fait."
Il essuya ses gantelets tachés de sang sur le tissu déchiré servant de linceul à sa victime, puis reprit :
"-Notre première cible est en plein milieu d'un foutu désert, alors j'espère que t'as amené ton ventilo. Faites chauffer l'oiseau, j'termine un truc et j'arrive pour vous donner les coordonnées, terminé."
Ceci dit, il se laissa glisser contre terre dans un fracas de métal raclant la roche. Ensuite, une fois assit sur le carrelage, face à un vieux canapé ensanglanté et un corps brisé, l'ancien massif mercenaire prit le temps de respirer un grand coup avant de fondre en larmes.




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Alasker Crudelis
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Lun 3 Sep - 22:05

Vickers s'occupait en tapant sur le tableau de bord de son oiseau de fer avec un vieux briquet. C'était une vieille habitude, très vieille...Ca datait de l'époque où le Talon ne l'avait pas encore recruté et qu'il se shootait vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Tac tac tac. Les chocs rythmés de l'acier du briquet contre n'importe quelle surface un minimum dur réussissait à occuper son esprit...Suffisamment pour que les sifflements, les voix et toutes ces conneries provoquées par le manque perdent en intensité. Après le sevrage et la remise en forme, il avait gardé le briquet et le tic qui l'accompagnait. En souvenir. Ca n'apaisait pas vraiment sa nervosité, dans la plupart des cas...Mais au moins ça l'occupait lors des phases d'attentes à suspens, comme là.
"-Mais qu'est-ce qu'il fout?" Pesta Sonya en fixant le nuage de fumée noire s'élevant dans le ciel, au loin. Le tapoteur de briquet haussa les épaules et afficha une moue dubitative en guise de réponse.
Ils s'étaient posés à plusieurs centaines de mètres de l'énorme bâtisse, dans une clairière, en plein milieu d'une forêt de conifères beaucoup trop boueuse pour la saison. Lorsqu'il était sorti pour se vider la vessie, quelques heures auparavant, l'ancien junkee avait failli perdre une chaussure dans la gadoue environnante.
"-Un barbuc' pour fêter son départ ?
-C'est un sacré barbuc'." Observa la chauve, l'air sombre.
"-'faut dire qu'il doit en falloir de la viande pour nourrir une bestiole comme ça. Vous l'avez choppé où?
-Classifié."
Vickers pouffa.
"-Ouai, évidemment."
Sonya, qui s'était assise à ses cotés, sur le siège de copilote, rangea le jeu de carte posé sur ses genoux et écrasa la cigarette qu'elle fumait contre le tableau de bord.
"-Qu'est-ce tu glandes?
-Je vais voir ce qui se passe, ça commence à devenir...
-Pas la peine, r'garde." Rétorqua le pilote en pointant du menton son hublot.
Elle plissa les yeux à la vue de l'énorme forme vaguement humaine avançant dans leur direction d'un pas manifestement pressé. Ou énervé.
"-Bon du coup j'démarre la bestiole, bouge." Cracha Vickers avec son habituel flegme. Le grondement des moteurs se fit aussitôt entendre, tandis que Sonya s'extirpait de la place du copilote pour rejoindre l'arrière de l'appareil.
Où elle retrouva un Alasker au visage fermé et à l'attitude inquiétante.
Le géant déchargeait le contenu d'un énorme sac que la tueuse ne reconnaissait pas sur le sol métallique. Des dizaines de dossiers griffonnés s'empilaient les uns sur les autres, sans qu'elle n'ait le temps de lire ne serait-ce qu'un intitulé. Le déchargement prit une minute entière. A la fin, la pile de dossiers était assez haute pour lui arriver aux hanches. Sonya estima qu'il devait y avoir, en tout, une centaine de kilos de papiers dans ce sac.
"-Qu'est-ce que c'est que tout ça?
-L'intégralité des notes, des expériences et des projets d'Abi et ses anciens associés. La moitié de toute cette merde concerne uniquement le Projet CRUDELIS."
Elle siffla, impressionnée.
"-La section scientifique va s'amuser."
L'ancien mercenaire secoua la tête et plongea sa main gantée dans le monolithe de papier. Une quinzaine de dossiers s'écroulèrent aussitôt les uns sur les autres. Quelques instants plus tard, la main de fer ressortait en tenant entre ses gros doigts un classeur rouge, d'aspect plutôt classique. Il lui tendit brutalement.
"-Première page. En gros. Tu peux pas le louper."
Elle souleva la couverture et lut l'intitulé à voix haute.
"-CRUDELIS-2."
Alasker hocha la tête d'un air beaucoup plus sérieux qu'à l'accoutumée.
"-Un vendeur d'arme est passé au pays, récemment. Avant il bossait avec elle. Et lui a parlé d'infos qu'il aurait chopées sur le résultat des projets américains."
Sonya se mordit la lèvre.
"-Nous avons...Quelques-uns de ces projets dans nos rangs, aussi. Les expériences ont globalement été moins poussées, plus humaines. "
Le grand tueur ricana.
"-Ouai, ces fiottes n'ont jamais su aller jusqu'au bout des choses. Mais niveau stabilité, rien à dire, 'fin si on compare au fiasco de CRUDELIS. Ils ont conçus des soldats, pas des gros cadavres et trois très dangereuses erreurs..."
Quelque chose de triste passa l'espace d'un instant dans le regard noir du géant.
"-Mais bref. Les produits et les méthodes employées par les américains ont donnés de nouvelles idées à Abi'. Des idées, simplement. Qu'elle a gribouillée, là-dedans, sans presque jamais pouvoir les mettre en pratique.
-Presque?"
Court silence.
"-Elle s'est prise comme cobaye, de temps en temps. Le résultat n'était pas très plaisant à voir.
-Ah."
Elle regretta instantanément une telle absence de répartie. Alasker l'observa d'un air parfaitement neutre. Presque vide. Puis il la poussa sur le coté pour rejoindre l'avant du véhicule et indiquer les coordonnées de leurs prochaines destinations au pilote.

***

Presque trois heures.
Deux heures et quarante-sept minutes de palabres incessantes. Entre un monstre et sa créatrice. Entre un amant et son amante. Entre une vieille femme triste et l'immortel inhumain occupant ses rêves depuis tant d'années.
Deux heures et quarante-sept très longues minutes, durant lesquelles Alasker dû regarder droit dans les yeux les ruines de celle qu'il avait un jour aimé d'un amour sombre, malade, fou. Chacun des toussotements secouant l'horrible carcasse déformée, chaque rire fou, chaque soubresauts causés par les multiples douleurs parcourant le corps de son interlocutrice avaient transpercés les deux cœurs du géant comme un millier d'aiguilles chauffées à blancs. Et, pour Alasker, cette douleur s'était révélée...Inédite.
Pour lui, qui avait pourtant atteint le stade de demi-dieu, de surhomme, en traversant des champs de souffrance interminables, inimaginables, où s'étaient perdu pour de bon une centaine d'hommes et de femmes tous aussi prometteur que le jeune soldat qu'il avait un jour été...Pour la bête indestructible CRUDELIS, celle-là même qui, pendant plusieurs dizaines d'années avait encaissée sans tomber un millier de tirs de petits, moyens et gros calibres. Pour le berserker inhumain étant passé à travers les flammes, les shrapnels, les lames, les lasers, le plasma et les arcs électriques. La guerre ne lui avait rien épargné. On l'avait Brûlé. Noyé. Ses os avaient été brisés, soudés, puis brisés de nouveau. Même la morsure de l'acide ou l'effondrement d'un bâtiment entier n'avait pas suffit à le mettre à genou. Avec autant d'expérience dans le domaine d'avoir mal, Alasker était devenu un érudit de la douleur. Pourtant, celle-ci. Cette douleur-ci.
Jamais, auparavant, il ne l'avait connue. Et le fait qu'elle soit inédite ne la rendait pas plus agréable, stimulante, au contraire de beaucoup d'autres auparavant.
"-Tu trouveras Tarcus à l'Est du Tadrart Acacus. Dans un village tout récent, conçu uniquement à l'aide de pierres, de tentures, de sueur et de sang. Lorsque j'ai appris son existence, un millier de pèlerin traînaient déjà autour du Rocher de La Sainte. J'imagine que ça n'a pas dû s'arranger avec le temps...
-Tu l'as déjà contacté?
-Bien sûr. Je lui ai déjà parlé, de vive-voix. Plusieurs fois. C'est un très bon partenaire de conversation, bien qu'un peu trop mélancolique et grandiloquent, par moment."
Chaque parole, chaque geste, le lacérait un peu plus de l'intérieur. Ne souhaitant pas laisser transparaître son malaise, le super-soldat se figeait dans un sourire éternel, hochant de temps en temps la tête, en tentant de ne pas faire attention au début de migraine menaçant de dévorer son esprit...Ou de jeter un voile rouge dessus. Le désir de violence, presqu'indissociable de sa personne, avait commencé à devenir assez conséquent pour l'inquiéter après la première heure de palabre. Une fois la deuxième passée, l'intelligence –tout relative- artificielle de son armure ne cessait de lui suggérer de laisser ses injecteurs d'excitants faire leur office pour mettre fin à son mal-être de la seule et unique manière possible.
En mettant fin à la vie de celle qui en était la cause.
"-Cela me peine de devoir t'annoncer cela ainsi, vraiment.
-Qu'est-ce qui s'est passé?!
-Son esprit s'est...Enfui...Brisé...Face à la douleur. On ne sait pas trop comment il a survécu mais lorsque Sulyvan est finalement sorti du coma son premier réflexe a été de grogner comme...Un animal. C'est devenu sa seule manière de s'exprimer. D'agir.
-L'esprit de Sul' n'a pas pu se briser.
-Ce n'est même plus vraiment Sulyvan, Al'. C'est une bête enragée, qu'ils ont vendue aux russes à un prix exorbitant.
-Comme un flingue. Répugnant."
Les révélations sur Sulyvan, le dernier de ses frères de sang, avait finie par briser son masque d'apparente quiétude. Il s'était levé des restes du canapé pour arracher le gorgerin de son armure, les épaulières et les multiples verrous magnétiques incorporés à cette dernière. La vieille chose-chaise l'avait regardé retirer chaque plaques d'acier, chaque injecteurs, sans dire un mot. Jusqu'à ce qu'il se retrouve face à elle, simplement recouvert par cette foutue combinaison de protection grisâtre et moulante, cette "seconde peau" comme disaient les têtes d'ampoules, amoindrissant les frictions contre l'acier tout en offrant une dernière couche de protection.
"-L'armure est toujours aussi vindicative?" Avait dit la chaise.
Le grognement d'assentiment d'Alasker lui avait semblé plus...Humain, une fois dépourvu d'amplificateurs vocaux.
"-Désolé, beauté." Les yeux fixés sur les morceaux d'armures éparses jonchant le sol, l'ancien mercenaire avait sentit une étrange honte poindre en lui."Les injecteurs. Le malaise...Tout ces "tics tics tics" internes..."
Il s'était passé la main droite sur le visage, lentement. Le simple fait de sentir la chaleur moite de ses propres doigts contre sa face déconfite lui avait semblé...Tellement étrange.
"-Je t'aurais tuée.
-Et ça va mieux, maintenant?"
Quelque chose de rouge, dans le coin de son œil gauche. L'ombre d'un voile...L'ombre DU voile écarlate. Celui qui finissait toujours par le prendre. Qui recouvrait son esprit, endormait sa conscience...Pour laisser uniquement ses plus bas instincts contrôler son corps.
Il sentit, comme souvent, ses dents éclater les unes contre les autres face à la pression exercée par ses mâchoires serrées. La bave aux lèvres, le géant se dirigea vers le mur le plus proche pour y précipiter son crâne...Une fois. Deux fois...
A la sixième fois, son visage ensanglanté traversa la paroi pour apparaître de l'autre coté dans un grand nuage de poussières. Pile face à une servante...L'unique servante, en fait. Laura, celle qui ressemblait à la jeunesse d'Abi'. L'air parfaitement terrifié qu'elle afficha à cet instant enflamma l'instinct de prédateur du tueur, qui la quitta aussitôt des yeux pour retirer son crâne du trou qu'il avait lui-même formé dans un mur de pierre d'une vingtaine de centimètres d'épaisseur.
Abi', la vraie. La chose-chaise, à jamais assise et tordue, le scrutait de ses orbites vides, silencieusement. Elle n'avait rien dit, rien fait, lorsque les impacts avaient commencés, consciente qu'une simple exclamation de surprise ne pouvait qu'augmenter l'agitation et l'agressivité de la bête qu'il était devenu.
Alasker arracha un lambeau de chair se balançant pitoyablement  au bas de son menton pour le jeter dans sa bouche grande ouverte. Un peu de salive et de sang s'échappa du trou béant ayant un jour été sa joue gauche lorsqu'il commença à mastiquer sa propre viande.
"-Maintenant, ouai."
Abi' se mit à rire. Encore. Sans le quitter des "yeux".
"-Tes capacités de régénérations sont toujours aussi superbes."
L'ancien mercenaire haussa les épaules en avalant difficilement un mélange pâteux de sang, de chair et de poussière humide. Déjà, là où, quelques instants plus tôt, trônait horriblement l'énorme trou ayant remplacé sa joue, une toile de tissus cicatriciels se formait, assez rapidement pour que ce soit visible à l'oeil nu. Plus jeune, il avait souvent observé le phénomène via un miroir ou même la lentille d'une caméra. D'abord, cette espèce de toile, qui servait de base, de sol, pour sa nouvelle chair. Elle était fine au début, autant que la mue abandonnée d'un serpent. Après quelques minutes, elle se solidifiait pourtant...Et devenait assez dure pour encaisser la suite. Puis les muscles, les tendons, toute cette chair si rouge, si sanglante, commençait à se former contre la toile, à s'en extirper, comme d'horribles racines écarlates. C'était à cet instant que le sang se remettait à jaillir...Pour aussitôt coaguler. C'était aussi là que la douleur se réveillait ou doublait d'intensité. Finalement le tout se voyait couvert par une seconde toile, toile qui deviendrait sa nouvelle peau...Jusqu'à la prochaine fois.
"-Mes nouveaux collègues ont tendances à trouver ça répugnant.
-Tes nouveaux collègues sont des imbéciles."
La toile de tissus cicatriciels se déchira un peu lorsque son porteur se remit à sourire. Une petite voix se fit entendre, alors qu'il s'apprêtait à cracher quelque chose de particulièrement cynique :
"-Tout va bien madame?"
L'intéressée toussota quelque chose qui pouvait autant être un rire qu'un râle d'agonie avant de répondre :
"-On ne peut mieux. Prends place, veux-tu?"
Le regard apeuré de la servante parcourut la salle pendant un instant, avant de finalement se poser, pendant de très longues et dangereuses secondes, sur l'énorme tueur souriant au visage couvert de sang. Alasker pencha la tête sur le coté en voyant le menton de la jeune fille se mettre à trembler.
"-Maintenant?" Fit-elle, d'une toute petite voix.
La chose-chaise, imperturbable, agita dans l'air sa main libre pour une raison tout bonnement inconnue.
"-Ferais-tu la forte tête?
-N...Non mais."
Même l'ancien mercenaire sentit l'atmosphère de la pièce se refroidir. Interloqué, il écouta l'étrange conversation sans oser dire un mot. La servante, de son coté, n'osait plus quitter des yeux ses propres souliers.
"-Tu as signé ce contrat, Laura."
Nouveau regard paniqué en direction du géant. Alasker fronça un sourcil.
"-Comme vous voudrez ma dame."




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 ►Véritable nom :
Alasker


 ►Localisation :
Tu ne souhaites pas savoir


 ►Affiliation :
Talon


 ►Equipement :
Ce serait trop long

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Alasker Crudelis
Alasker Crudelis
Le nettoyeur
Mar 4 Sep - 8:17

Celle qui partageait les traits de la jeunesse d'Abi' hocha la tête, vaincue. L'air terrifié d'un animal acculé profondément ancré sur le visage, elle contourna la créature qu'il était pour se placer devant le canapé ruiné et se déshabiller, en tremblant.
Les deux cœurs génétiquement améliorés d'Alasker explosèrent simultanément lorsque la gamine, une fois entièrement nue, s'allongea de tout son long contre le faux-cuir maltraité.
"-Hm. Quoi?"
La colère. Elle se réveillait. Pire, elle gagnait en intensité. La simple vision de cette petite faussement-lascivement couchée et tremblante de peur avait relâché un nouveau torrent de...Haine pure? Envers quoi? Envers qui? La réponse semblait aussi évidente que sacrilège.
La chaise se traina jusqu'au canapé pour caresser d'une main squelettique ce visage si semblable à son passé. L'un des poings du géant se serra assez fort pour que ses propres ongles transpercent sa paume.
"-Même nue, elle me ressemble, tu ne trouves pas?" Siffla la vieille créature sans cesser ses caresses.
Alasker porta sa main à la paume ouverte jusqu'à sa bouche pour en lécher le sang puis gronda :
"-Qu'est-ce que tu fais, Abi?"
Ses yeux faits de ténèbres restaient fixés sur la chaise, incapables de dériver sur l'étrange vision de la jeune femme exposée dans le plus simple appareil, contre son gré.
"-J'ai répondu à tes questions. Toutes tes questions.
-Oui."
Un rictus de désapprobation profonde apparut sur le visage du tueur alors qu'il devinait la suite :
"-Abi..."
Soudain, un sursaut de la jeunette. Et quelque chose comme un petit cri de douleur. Le regard du tueur dériva jusqu'au bras légèrement bronzé que la vieille pinçait désormais de sa main droite tandis, que de l'autre...Elle injectait, via une longue seringue, un produit transparent, dans les veines de sa servante.
"-Madame ! " Couina plaintivement Laura.
"-Abi !" Répéta Alasker.
"-Silence, tout les deux." La vieille créature termina son injection puis retira brutalement l'aiguille de la chair avant de jeter cette dernière dans son dos. "N'ai-je pas droit à un dernier vœux? Mon cher et tendre amant, sublime création, inarrêtable et impitoyable tueur, assassin d'un millier d'innocents et de coupables...Est-ce que tu trouves cette...Situation. Inacceptable moralement parlant? Serais-tu devenu, toi-aussi, un hypocrite aux genoux tremblants à la recherche d'une rédemption totale?"
Le tueur secoua la tête en étudiant l'air profondément terrifié de la servante, visiblement en pleine crise de panique.
"-Qu'est-ce que tu lui as injecté?
-Un petit mélange. D'ici quelques minutes elle sera incapable de faire autre chose que te supplier de continuer."
Les beaux yeux de la gamine roulèrent dans leurs orbites alors qu'un horrible et long spasme tordait son corps. En un souffle, la pauvre petite chose parvint à cracher un "non" à peine audible.
"-Non." Cracha-t-il, catégorique.
La vieille femme leva la tête vers lui... Comme si elle pouvait encore plonger son regard dans le sien. Alasker fixa le bandeau de soie rouge recouvrant les orbites vides de sa créatrice et amante puis, tandis que l'horrible bouche éternellement tremblante de la chose-chaise qu'elle était se remettait à afficher son sourire glacé, le tueur découvrit dans cette vision un dégoût profond envers l'horrible gargouille.
"-Tu me crois folle.
-Je te sais folle."
Nouveau rire froid.
"-Tu l'as toujours su, oui. Tu étais le seul. Maintenant accorde un dernier cadeau immoral à cette vieille sotte qui t'a aimé. Je veux te voir à l'œuvre une dernière fois."
La chose-chaise se mit à reculer brutalement, comme poussée par une force invisible. Alasker mit un certain temps à comprendre qu'elle s'éloignait simplement du canapé pour lui laisser le plus de place...Ou n'était-ce que pour avoir un point de vue plus global de cette scène de plus en plus sordide?
Alasker s'avança d'un pas. La gamine allongée eût un mouvement de recul excessivement ralenti par la chose qui parcourait ses veines, quelle qu'elle soit. La lèvre supérieur du tueur se retroussa.
"-Un dernier cadeau." Répéta-t-il en se baissant pour caresser un visage terrifié, aux yeux l'implorant de l'épargner.
"-Le sexe nous a toujours rapprochés l'un de l'autre." Fit la voix sans âme, dans son dos.
Le géant s'accroupit pour attraper le tee-shirt que sa proie avait laissé derrière-elle en "s'installant", Son odorat surdéveloppé reconnu la flagrance qui l'imprégnait avant même qu'il ne l'ait soulevé.
"-Même le parfum, hein?
-Même ses habits, tu ne les reconnais pas? Tout est pareil qu'avant."
L'ancien mercenaire hocha la tête. Puis posa l'index de sa main droite sur la bouche tremblotante.
"-Calme-toi petite."Souffla-t-il en recouvrant le visage de Laura sous le tissu de son propre tee-shirt. "Ne l'enlève pas. Ce sera plus simple pour toi. Crois-moi."
Une quinte de toux particulièrement violente retentit derrière-lui.
"-D'accord, Abi. Un dernier cadeau."
Le géant porta sa main gauche à l'arrière de son crâne pour y caresser l'une des vis plantée près de sa nuque. Un long soupir souleva sa carcasse alors qu'il prenait finalement la décision de laisser libre court aux pulsions animales menaçant d'avaler son esprit. Et puis La Bête se mit à l'oeuvre :
Une seconde. Un instant.  L'espace d'un seul et unique petit battement de coeur humain. C'était tout ce qu'il lui avait toujours fallut, pour prendre une vie. Et celle-ci, malgré tout ce qu'elle avait pu, jadis, représenter, lors de jours plus heureux, elle n'avait pas fait exception.
Il s'était détourné du canapé et de sa proie offerte pour rejoindre, d'un bond inhumain, la position de son ancienne et décharnée amante. Ses mains avaient tordues ce cou si frêle, si fragile, sans rencontrer la moindre résistance. Un faible craquement plus tard, les tuyaux enfoncés tout au fond de la gorge d'Abi se teintaient de rouge et cessaient d'envoyer de l'air dans sa carcasse inanimée.  
Face au fait accompli, face à la mort d'un souvenir...Alasker resta paralysé un instant, frappé par quelque chose de fondamentalement atroce, sacrilège : Ses mains venaient de prendre la vie de sa créatrice et amante... Et cela ne lui faisait strictement rien. Le corps face à lui, engoncé dans tout cet attirail mécanique ayant prolongé artificiellement une vie qui n'en était plus vraiment une, ne soulevait nulle tristesse. Nulle mélancolie. Seulement...Du dégoût?
Il chassa ce sombre constat de son esprit et poursuivit son œuvre.
Délicatement, le Nettoyeur retira les tubes enfoncés dans la chair morte, libérant enfin Abi de l'horrible et éternelle étreinte d'une chaise ayant remplacé ses jambes comme ses poumons. Ensuite, Alasker détacha le bandeau de soie recouvrant les orbites vides pour retirer les câbles enfoncées dans ces dernières. Il détacha du cou le dispositif a lentille rouge ayant remplacé les si beaux yeux et l'écrasa dans sa main...Et puis sans trop savoir pourquoi, ses trop gros doigts parvinrent à rassembler la masse de longs cheveux blancs éparpillés autour du squelettique visage pour les lier dans une queue de cheval faite à la va-vite, semblable à celle que la jeune Abigaël se faisait elle-même, au saut du lit, des années auparavant.
Alors, il caressa le front éternellement plissé par d'impitoyables rides, incapable de trouver assez d'émotions en lui pour accompagner ce geste d'une ou deux larmes.
"-Pitoyable." Grinça le tueur en se détournant du corps, quelques secondes plus tard.
Les gémissements de la gamine, roulée en boule sur le canapé, rappelèrent à Alasker son existence. Il s'approcha d'elle de la manière la moins brutale possible, pour ne pas l'effrayer :
"-Tu m'entends?"
L'intéressé hocha mollement la tête.
"-Tu penses pouvoir marcher?"
Elle pouffa, pleura, puis articula avec difficulté :
"-Cer-tai-ne-ment-pas."
Le son de sa propre voix lui déclencha un fou-rire. Le géant leva les yeux au ciel puis prit dans ses bras la petite chose pour l'emmener dehors, loin de cette salle. Et du cadavre. Le t-shirt posé sur son visage glissa lorsqu'il la souleva mais, heureusement, ses yeux restèrent clos, en tout cas jusqu'à ce que le corps soit hors de vue. Une fois proche de la sortie, la servante commença à remuer dans ses bras. A l'enlacer. Lui murmurer des choses qu'il n'écoutait pas. Et même à plonger son visage dans son cou.
Il la jeta dans le jardin et l'observa rouler dans l'herbe en riant et s'assoupissant presqu'aussitôt, puis fit demi-tour pour rejoindre le vieux cadavre.

La suite, Alasker s'en souvenait par fragments. Il avait allongé le corps inerte, aux jambes atrophiées, sur le canapé, pour s'asseoir à ses cotés et poser sa tête contre la sienne dans une parodie d'étreinte amoureuse. Quelques heures étaient passées, durant lesquelles ils étaient demeurés ainsi, l'un semblant aussi inanimés que l'autre, jusqu'à ce que le géant prenne conscience que nulle véritable peine ou douleur ne viendrait le tourmenter. Après ce froid constat, le tueur s'était simplement relevé pour mettre son armure.
Il se souvenait vaguement d'avoir attendu que la servante ait reprit ses esprits et fuit la zone - en courant et pleurant de manière particulièrement pitoyable- avant de déclencher l'incendie.
L'ancien mercenaire avait mit le feu au canapé...Puis observé sans bouger la progression des flammes, jusqu'à ce qu'elles dévorent la vieille chaire couturées de cicatrices, avant de s'attaquer aux parois, au sol, au plafond l'entourant.
Lorsque la chaleur était devenue insupportable, son heaume s'était refermé sur son visage pour le protéger du brasier grandissant. L'intelligence artificielle de l'armure avait automatiquement appliqué plusieurs filtres de luminosité qu'Alasker avait aussitôt désactivés, un par un, souhaitant ainsi observer, par caprice,  la mort symbolique d'une énième partie de sa vie seulement à l'aide de ses propres yeux. Insensible aux flammes ou a l'asphyxie, il n'était sorti du manoir que lorsque le sol incandescent du deuxième étage avait rejoint celui du rez-de-chaussée. Le feu avait léché son armure sans même la noircir lorsqu'il avait traversé une paroi d'un coup d'épaule pour rejoindre les jardins commençant eux-aussi à brûler. Là, Alasker avait ramassé l'énorme sac de documents que la servante et lui avaient préalablement rassemblés, avant de se dire adieu. Ses jambes l'avaient ensuite portées d'elles-mêmes jusqu'au vaisseau où l'attendait Sonya et son avorton.

Ainsi, Cécile Abigaël, l'impitoyable et folle créatrice du projet CRUDELIS, était morte. Des mains de sa plus sublime création. Son corps brisé avait brûlé dans son propre manoir, au milieu de nulle part, avec pour unique témoin son meurtrier, sa création, son ancien amant.
Pourtant, rétrospectivement...Maintenant qu'Alasker repensait à tout cela, allongé dans les ténèbres de la soute d'un oiseau de fer...Ce tragique évènement n'évoquait en lui que du soulagement. Et aussi, bien sûr, un soupçon de culpabilité.
Rien d'insurmontable. C'en était presque décevant.
"-Elle était devenue folle. Tu n'as pas à t'en vouloir." Risqua Sonya, assise en tailleur sur le sol d'acier, à quelques mètres de lui. Il retint un sourire et grogna son assentiment. Sans doute devait-elle prendre son mutisme pour une marque de mélancolie. C'était sans doute mieux ainsi. Oui. Sans doute. Expliquer à la chienne de garde du Lieutenant que la mort de sa créatrice et amie ne lui causait déjà plus le moindre chagrin, ce n'était clairement pas le meilleur moyen de prouver sa fiabilité, après tout.
Cependant, quelque chose dans le discours de Sonya sonnait plus faux que tout le reste. En fait, non. Ce menu-détail, ce mensonge, auquel elle semblait croire, semblait quasiment blasphématoire pour Alasker. "Elle était devenue folle". Etait-ce possible de se tromper à ce point sur une personne comme Abi'? Pouvait-on cracher ainsi sur la mémoire d'un génie fraichement décédée sans même le savoir?
Les mâchoires serrées et le regard perdu dans le vide, le géant de fer corrigea son interlocutrice sans vraiment parvenir à cacher son agacement dans sa voix :
"-Elle l'a toujours été. Tu comprends, fillette?"
Sonya haussa un sourcil.
"-Elle a toujours été cinglée. Toujours. C'est pour ça qu'elle m'a créé."
L'exécutrice du lieutenant hocha la tête silencieusement, puis détourna le regard pour s'intéresser au canon de l'arme qu'elle venait de démonter, pour s'occuper.
Alasker l'observa faire.
"Et c'est à cause de ça, aussi." Ajouta sa propre voix, dans son crâne."Qu'elle t'a aimé."




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Souvenirs empoisonnés [solo] [-16 ans] [scènes violentes]

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