Il y a quelque chose qui en ce monde n'a jamais vraiment changé, ce sont les inégalités. Que ce soit la ségrégation des noirs aux USA, les luttes pour les droits des Omniaques, ou tout simplement les riches et les pauvres, cet esprit de dominant et dominés à toujours plus ou moins existé. Et en ces temps troublés d'après révolution, dans un climat de tension politique, économique et technologique, cela n'a jamais été plus vrai. Pour qui se baladait dans les rues Seoul tous les jours, c'était devenu quelque chose d'anodin, mais les révolutions omniaques avaient fait beaucoup de dégats en asie. Pour celui qui venait de pays moins touchés, c'était un fait éclatant, il y avait beaucoup d'enfant dans les rues de certains quartiers. L'effort de guerre asiatique avait été un lourd sacrifice humain. De nombreuses batailles avaient étés perdues, et donc beaucoup d'enfant en étaient restés orphelins. Le gouvernement avait beau avoir levé beaucoup de fonds pour régler ce problème, il était encore assez loin d'être totalement réglé.
Parmi ces nombreux jeunes, il y en avait une que le quartier connaissait sous le nom de "Dongsang", la statue. Elle ne parlait pas, ne bougeait pas, et restait prostrée dans les rues à attendre. Elle était couverte de salté, et ses cheveux longs et secs étaient entremélés, lui donnant un air pitoyable. Le regard perdu dans le vague, on ne la voyait se mouvoir que pour manger la rare pitance qu'on pouvait lui donner parfois. Qui d'une pomme, d'un morceau de pain, parfois d'un morceau de poisson chipé à un chat. Evidemment, elle ne sentait pas très bon. Comme toute gamine des rues, le seul moyen qu'elle avait de se laver était les éventuels points d'eau. Pas de savon, de brosse ou quoi que ce soit. Une odeur d'urine, de transpiration et de pollution la suivait partout ou elle allait, lui collait à la peau comme la crasse sur son visage.
Cette gamine, son vrai nom, c'était Sun Hei. Personne ne la connaissait sous ce nom. Elle avait un peu peur de l'utiliser au cas où qui que ce soit la recherche. Elle ne voulait pas se retrouvé enfermée dans quelque laboratoire ou elle y serait étudiée comme une bête de foire. Elle avait entendu des histoires là dessus. Dans la bouche des passants, dans les journaux retrouvés dans les poubelles... Et à cause de cela elle avait peur d'utiliser ses pouvoirs. Elle avait découvert peu après sa sortie du laboratoire d'ou elle venait, qu'elle avait un étrange contrôle sur son ossature. Elle ne savait pas comment c'était possible, mais elle pouvait sortir des os de son corps, le solidifier...C'est d'ailleurs pour ça qu'elle se faisait appeller la statue. Un jour quelqu'un l'avait vu. Un des mômes d'une bande de quartier. Un jour qu'elle essayait de dormir dans le coin d'une ruelle, pour se protéger, elle avait changé son corps en os...Et ils avaient pensé que c'était une statue, avant de la voir se réveiller. Personne ne les avait vraiment crus, mais le nom était resté. Elle s'était jurée de bien faire attention désormais.
Ce jour là était un jour comme un autre dans les rues de Seoul. Le soleil était éclipsé par une légère couche de nuages. Les gens marchaient tranquillement, enmaillotés dans leurs vestes pour luter contre le vent froid qui agressait leur peau. C'était un début d'hiver tranquille, les magasins décoraient leurs enseignes pour cette saison, la ville paraissait comme endormie. Ce matin, Sun Hei était assise contre un bâtiment dans une rue passante. Personne ne s'attardait devant elle, ni même ne lui jetait un regard. Son regard au niveau du bitume, elle regardait les pieds des passants, dans un sens puis dans l'autre, étudiait leurs chaussures. Des chaussures en cuir, en toile, en plastique. Les gens marchaient vite, tous obsédés par un objectif. Probablement, certains allaient au travail, d'autres à un rendez vous...Elle s'était habituée au rythme de cette ville, au tempo de cette vie. Mais aujourd'hui, une fausse note s'était glissée. Ce jour là, une paire de chaussures n'était pas en train de se diriger à gauche ou à droite. Non. Elle s'était arrêtée. Sun Hei leva la tête, éblouie par le soleil, des courbatures dans sa nuque, elle essaya de poser son regard sur...l'inconnu.