Décembre, ses neiges, ses sapins, ses airs de noëls et la féerie qui en résulte. C'était une nuit où, dans une bonne partie du monde, les logis s'emplissaient des cris de joies et des rires des enfants, et à cette règle, le Japon ne saurait faire exception. Au dehors, la neige tombait calmement, couvrant la ville de son manteau blanc. Le vent portait chaque flocon, lui faisant décrire cascades et arabesque pour offrir à chacun d'eux l'opportunité de vivre une expérience exceptionnelle avant de se fondre dans la masse de la couverture d'ivoire formée pour l'occasion.

Mais comme chaque flocon se trouve unique de part sa structure fractale, chaque personne l'est aussi, et tous ne peuvent pas fêter Noël de la même façon. Et c'est seule, en haut de sa grande tour de verre, que Sakura fêtait la natalité du seigneur, contemplant le spectacle, une tasse de thé à la main. Les lumières de la pièce, comme de l'immeuble, étaient éteinte, et elle devait probablement être la dernière personne à l'intérieur du bâtiment à une heure aussi avancée. Seul l'écran de l'ordinateur intégré à son bureau fournissait un semblant de luminosité tandis que dans la pièce résonnaient quelques chants de noëls.

Un sourire avenant s'étirait sur les lèvres de la samurai-ko alors qu'elle porté le liquide aux couleurs d'une forêt de sapin à ses lèvres. La boisson chaude libérant un flot de saveurs dans son palais, son goût fumé s'assemblant à ses notes végétales pour former une mélodie qu'on appelait « Sencha ». Son regard se porte en contrebas, sur toutes les fenêtres de maisons illuminées, où les gens devaient être en train de jouer à un meilleur jeu qu'elle en ce moment. Un petit soupir s'échappe de ses lèvres après la gorgée passée...

« Joyeux Noël, papa...

Fermant les yeux un instant, la jeune femme se remémora le passé, les joies, les rires et les peines. Un sourire avait beau étirer ses lèvres, une ombre semblait danser dans ses yeux, reflet d'un vide que seul le temps pourrait dissiper...

Qui ? Je vous le demande encore : Qui avait eu la merveilleuse idée de déclencher une alarme en plein milieu de la veillée de Noël ? Un soupir de consternation s’arracha des lèvres de la directrice générale : les choses ne pouvaient-elles jamais se dérouler sans accrocs ? Un peu plus et on se croirait dans un de ces scénarios de shonen ou par hasard, le fugitif, voulant se cacher de ses ravisseur finirait par ouvrir la porte derrière laquelle se terre le dragon. Dragon qui quand à lui continuait de regarder au travers de la vitre ce qu’il se passait à l’extérieur d’ailleurs, jugeant que les équipes de sécurités devaient être suffisamment compétente pour gérer cela, n’est-ce pas ?

Soudainement, la porte s’ouvrit et se referma. Quelqu’un venait d’entrer dans la pénombre des lieux. La samouraï pouvait voir la silhouette derrière elle se dessiner sur la vitre teinter, et cette dernière était visiblement armée. Un léger silence s’installa alors que calmement, elle reposa la tasse qu’elle tenait à la main sur le bureau à côté d’elle.

« Je ne pense pas que vous vouliez faire cela. Eva, lumière je te prie.

Se contenta-t-elle de dire dans un premier temps, se tournant vers son invitée inattendue. Une lumière vive éclaira la pièce, probablement pas le genre de choses qu’une personne en vision infrarouge allait apprécier, mais ça, Sakura ne le savait pas vraiment lorsqu’elle avait lancée la commande. Et puis de toute façon, le fait qu’elle ait tourné son sabre de manière à ce que la lame pointe vers les cieux était assez révélateur : au besoin, elle restait prête à dégainer à tout moment. Et le fait de voir son invité équiper d’un fusil d’assaut n’allait pas la rassurer outre mesure, même si elle ne montrait aucun signe de peur extérieur. Néanmoins maintenant elle pouvait clairement voir qui elle avait en face d’elle (même si la lumière l’avait également affectée) : une personne aux allures de femme fatale et à la peau d’un bleu étonnant. Où avait-elle déjà entendu parler d’un tel individu déjà ?

- Je suppose que vous n’êtes pas là pour une visite de courtoisie et que les alarmes sont de votre fait… Puis-je savoir la raison qui vous a pousser à venir troubler la veillée de Noël ?

Elle avait beau être calme, sa main restait nonchalamment posée sur la poignée de son sabre. Certes, s’il y avait combat ici, cela risquait de ruiner l’intérieur de ce bureau richement décoré et dont le moindre meuble devait valoir le mois de salaire d’honorables travailleurs. Mais pour Sakura, cela ne restait là qu’un peu d’argent supplémentaire à prendre sur la note. Cela était toujours mieux que de laisser sa vie pour une stupide affaire de vol à la tire. Oui, vol à la tire, rien de plus : ce n’était pas parce qu’elle avait un plus grand sac que la majorité que cela devait être appeler autrement, encore que les tribunaux trouveraient surement à redire si elle présentait les choses ainsi…