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 [Passé] Reflets d'une autre vie (Fatale)

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Lun 12 Juin - 3:22



Reflets d'une autre vie
Fatale   ▬   Jack Morrison


Perdre des hommes au combat relève de la routine trop bien huilée. Corps rapatriés, message générique destiné aux proches, cérémonies quand le temps ne manque pas. Toujours sa paraphe en bas de page, son expression solennelle face au cercueil drapé des couleurs nationales du tombé. Sa voix stable pour modestement couvrir les douleurs le temps d'un discours. Morrison sait qu'une mort ne gèle pas le temps autour d'elle. Que l'adieu est impératif. Que préparer les succès à venir accorde du sens à la plaie enjambée. L'instant du don d'espoir est fatidique pour réactiver les corps.

Pourtant, cette fois, il a perdu ses yeux. Ana ne le surplombera plus de sa protection et poursuivre n'apparaît plus si catégorique, si immédiat. Il prend, maintenant plus que jamais, l'amère mesure de l'importance qu'elle occupait. Amari désormais partie, l'acidité de Reyes n'a plus de filtre. Une rancœur longtemps détournée trouve finalement sa cible. Si Jack l'encaisse un temps, rengaine sa fierté, c'est qu'il ne peut nier la culpabilité. Il s'emprisonne dans un silence hermétique, n'essaie pas de panser la perte que Gabriel et lui ont en commun. La discussion lui semble impossible, chaque tentative les oppose davantage. Il s'évertue à préserver de loin l'idée de leur amitié.

Ce jour-là il vit les scientifiques tomber. L'un à la suite de l'autre, aboya à Ana d'agir en lui imposant le rôle d'agent du miracle et un silence suspendu vint le rappeler à l'évidence : même les géants n'échappent pas à la mort. Il s'est trop reposé sur elle.
Si Morrison ordonne de tourner la page il est le dernier à s’exécuter. Ce moment ne veut pas s'effacer, boucle et reboucle dans sa tête, tandis qu'il soupèse chaque détail en évaluant sa faute. Et il doit reconnaître que les éléments sont pauvres – aucune piste ou presque sur l'identité de celui derrière le sniper.  Évidemment il avait, sûrement gorgé d'un espoir insensé, inspecté la zone de l'incident au peigne fin une fois pacifiée. Il avait retrouvé l'endroit décrit par la balistique comme le foyer du tir fatal – et là, gisant au sol, un fragment d'équipement plausiblement arraché par une balle de sa collègue. Un vague sourire avait flotté sur ses lèvres : Ana, efficace jusqu'au dernier souffle, leur offrait peut-être quelque chose pour venger son sacrifice.

Il se souvient de la sentence sur l'écran qui fit rugir le sang dans ses veines « aucune correspondance ADN trouvée. » La table se retourna sous la rage d'être désormais officiellement impuissant. Bien qu'il sache que le débris appartenait à un casque, impossible de retracer l'identité de son porteur. Morrison ordonna ses pensées comme on se mettrait une claque. Il lui fallait être efficace avec peu et son poing rencontra le mur sans fracas. Pour Ana, le pas rigide, il s'enferma dans les labos.
Une reconstitution 3D plus tard il découvrait que le casque entier était un petit modèle -  qu'il appartenait certainement à quelqu'un de fine corpulence. Possiblement à une femme. Équipement conçu par le Talon, aucun autre opposant ne disposait d'une technologie aussi avancée après lecture des alliages. Morrison avait mené son investigation seul dans l'idée de n'exposer personne. En cela, il ne partagea pas sa tentative de deuil et se lança en solitaire dans l'obsession qui commençait à lécher sa morale.

Lorsqu'un agent de la Griffe était appréhendé Morrison menait l'interrogatoire, personne n'était habilité à en discuter – personne ne restait dans la pièce avec lui. Avide de réponses il n'était plus exactement le même homme. Et il fut convainquant dans ce rôle. Assez pour que le nom « Fatale » s'évade de gorges étouffées. Fatale, un presque mythe à les entendre. Une silhouette qu'ils entrevoyaient d'en bas une fois les corps adverses au sol. Une ombre solitaire qui semble connaître des patterns dans l’exercice de son œuvre.

La prochaine mission d'Overwatch ressemble à celle de la perte d'Ana, consiste à récupérer un criminel notoire et homme de science retranché à Dorado. Ses avancées dans le domaine de la nano-biologie serait estimables pour toute organisation entendant doter ses exécutants de capacités accrues. Rien d'assuré mais un coup à tenter.
D'ordinaire Morrison aurait guidé les troupes à terre, cette fois il délègue son commandement à un autre pour prendre les hauteurs. Baigné dans la pénombre, Jack observe les vies s'organiser en contrebas et donne ses dernières directives en l'attente du transfert. Arme au poing, il s'écarte des communications et de la vue. Il attend, à la fois patient et fiévreux, que l'ombre se manifeste.








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Jeu 15 Juin - 1:55



Reflets d'une autre vie
Fatale   ▬   Jack Morrison


Morrison se sait exposé, refuse de lire la même chose chez ses hommes. Traversé d'une vanité qui se pense seule capable de maîtriser le risque il ne veut pas d'une chute de dominos. Une fois mais pas deux. Il s'était résolu à ne plus se manifester dans le rôle de commandant jusqu'à sa confrontation, mais la promesse ne tient pas. Les habitudes ont la peau dure, rugissent au-dessus des décisions.

Il dresse méthodiquement la liste des configurations possibles, observe d'une œillade régulière les éléments en contrebas. Le soldat interroge mentalement chacune de ses recrues – ancienneté, failles décelées au préalable, placements et coordination par aptitudes. Son visage se froisse de contrariété face à la répartition aujourd'hui partiellement dessinée par une autre initiative que la sienne. Sa main gauche glisse sur son communicateur et il y grogne de ne pas attribuer la couverture de Sawnson à Pierce – leurs armements ne couvrant pas un périmètre associable. Il grince également de tenir en respect les fenêtres et de ne pas intervenir en entendant d'éventuelles détonations en hauteur, sa voix rauque tonitrue sur la fin pour avorter les questions en gestation. Incompréhension des troupes qui demeurent pourtant silencieuses.
Une fois les irrégularités corrigées Jack coupe court sous un encouragement grave. Lui qui d'ordinaire prend le temps de motiver individuellement, de comprendre les mots spécifiques à dire, il n'est aujourd'hui qu'autorité cinglante. Les agents s'attendent au pire. Parfait.

Le commandant, dos rigide contre le mur, dispose un champ biotique au sol pour qu'il soit activable d'une simple pression du pied. Durant les minutes à venir il entend prendre possession des lieux, calcule les fenêtres de tir possibles. Le sang pulse sous sa peau et il est désormais sourd à la possibilité que l'ennemi ne se manifeste pas. Il n'a pas à travailler sa patience pour que les faits lui donnent raison : une communication du QG murmure dans son oreillette le passage d'un engin non-annoncé dans son périmètre aérien et sa retraite immédiatement ensuite. Un dépôt. Alors Jack comprend qu'il aura rapidement de la compagnie et raffermit sa poigne autour de son fusil à impulsions. Survoler une zone densément habitée sous-entendant des impératifs de discrétion, il devine aisément l'identité de celui ayant bénéficié de ce transport plutôt prestigieux. Quelqu'un se mariant à la nuit avec une finesse mortelle.

Les sens en alerte, Morrison peut remercier l'association d'une perception biologiquement améliorée et de son scanner porté à l’œil droit. Il croit distinguer un bruit, à peine plus qu'un frottement, active son dispositif pour brutalement distinguer une silhouette en position de tir. L'adrénaline s'empare de lui. La balle fuse et le commandant se projette de côté – son épaule est éraflée et il mord entre ses lèvres un juron rageur. Moins sous la douleur qu'en réponse à la perte d'initiative.

Jack initialise son soin mécaniquement, à dessein d'être parfaitement opérationnel, mais ne ressent aucune satisfaction une fois la blessure éteinte. L'objectif le mobilise tout entier, les stimulations corporelles sont diffuses. Il faut bien que tout ce qu'on lui a injecté durant le programme serve – qu'importe le démantèlement psychique.
Les rouages s'additionnent rapidement. Il connaît leur arène pour l'avoir minutieusement répétée, souhaite en faire un avantage. Il s'était armé à la perspective qu'un tir puisse éclore en partance de cette position – il doit conserver cet atout. C'est à son tour d'attaquer et trois grenades d'un bleu brûlant fondent hors de son canon en direction de son adversaire. Durant la même seconde il invective des agents déboussolés de rester hors de son champ d'action.

Jack n'a pas la précision de son côté. L'objectif n'est pas d'atteindre sa cible mais de la déstabiliser. Soit de la clouer sur place afin de l'y rejoindre, soit de la forcer à se dévoiler lors de son esquive. Il ne perd pas une seconde supplémentaire et se précipite, gravit l'escalier attenant pour sortir de son enclave et gagner la zone la plus haute que lui offre le bâtiment. Il doit impérativement rejoindre l'ennemi pour lui soustraire son meilleur avantage : la distance. Le commandant, arme à l'avant et tête enclavée dans les épaules, saute sur le toit suivant jusqu'à distinguer – légèrement surplombante – la forme hostile.

Ses suppositions sont immédiatement confirmées. Il s'agit d'une silhouette fluette, assurément féminine. Pour autant il lui serait impossible d'en dire plus sur l'instant et il ne s'attarde qu'une seconde à la dévisager. Son arme aussitôt braquée sur elle, un sourire de contentement s'arrache à sa tempérance. Ainsi qu'un rire défiant. L'objectif est si proche.

« J'dirais bien que je suis enchanté mais on s'est déjà croisés. Une prise d'otages, des drones explosifs ça t'évoque quelque chose ? » La voix de Morrison se mue en une accusation acérée, versée comme du venin. Presque crachée. Mais il retombe rapidement dans le factuel, le neutre. Se faisant presque informatif. « Tu devrais pas trop tenter de m'avoir à cette distance. Je t'ai dans ma ligne de mire, tu serais de l'histoire ancienne avant même d'armer. Rends-toi et je verrai ce que je fais. »

Il se doute que cela ne sera pas aussi simple. Sa morale lui hurle de lui proposer la reddition, sa raison lui rappelle qu'elle détient des informations valables. Mais formuler ceci lui enflamme la gorge et il se surprend à avoir l'index piqué d'envie à la surface de sa gâchette. Il ne le fera qu'une fois. Une fois tout en se préparant à la suite. Il reste l'homme n'appréciant pas de donner une mort évitable mais il n'est pour autant pas naïf.








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Dim 18 Juin - 2:27



Reflets d'une autre vie
Fatale   ▬   Jack Morrison


Le sang tambourine contre ses tempes. Les doigts du soldat se gèlent autour de son arme, seconde suspendue hors du temps, tandis que son esprit s'acharne à traiter l'information. La voix lui est effroyablement familière. Sans qu'il ne s'en rende compte un « Amélie... » étouffé glisse hors de ses lèvres abasourdies. Le doute le traverse et il en oublie la menace face à la prégnance du souvenir. Il observe un pas de recul, hagard. C'est impossible. Cette peau bleuie n'enlève pas à la silhouette la posture qu'il lui connaît. Même la corpulence est fidèle.
Rien ne s'imbrique de manière lisible. Amélie est décédée et sa mémoire fut commémorée suivant le protocole que l'on destine aux agents. Discours et gerbes de fleurs. Honneurs soulignés, émotions transitant entre les corps rigoureusement alignés.

Elle n'était pas exactement l'une des leurs mais Morrison avait insisté pour l'inscrire dans le souvenir, pour que personne ne puisse paisiblement oublier. Pour qu'elle se tienne aux côtés de Gérard une dernière fois. Il avait hurlé sa colère face à une hiérarchie sourde et avait ainsi obtenu la cérémonie souhaitée, ponctuée de la référence à une amie regrettée. Mais pas de pierre tombale ornée des couleurs d'Overwatch pour elle. L'idée fut refusée en bloc et le revers s’avéra difficile à avaler.

Jack se surprend à se remémorer tous ces éléments, qui devraient pourtant être insignifiants à l'instant du danger. Sûrement essaie t-il de se rattacher à quelque chose de matériel pour nier, bien que cela soit désormais impossible, l'identité du sniper. Sa férocité s'éteint face à la culpabilité baignée d'incompréhension qui l'empoigne. Mais il n'a pas le temps d'y méditer. Alors qu'il levait sur elle un regard troublé son corps s’embrume. Il tousse, balaye sèchement son visage du dos de sa main pour reprendre contenance. Elle est derrière lui et semble tirer une satisfaction malsaine de la discorde semée. Que t'est-il arrivé ?

Les mots qu'elle formule tranchent mais Morrison n'est pas né de la dernière pluie : ils sont voués à détruire. Il a déjà connu des opposants dans cette veine. Attaques insidieuses pour le pousser à se consumer lui-même. Elle entend le dévorer en prenant son temps – ce qui pourrait jouer en sa défaveur. Il ne cède pas à la rage et reste rigidement silencieux. Ne lui donne rien qui pourrait satisfaire l'état dans lequel elle est emprisonnée.
L'action le remet sur les rails, un soldat ne dort jamais totalement, c'est impératif qu'il s'éloigne de la nuée toxique. L'ennemie désormais retranchée il se projette au sol afin d'échapper à un tir. Et, en prévision des prochains, le commandant fuse à découvert jusqu'aux rebords du toit. Sans l'ombre d'une hésitation il plonge dans le vide qui lui tend les bras – glisse lourdement le long des briques qu'il arrache au mur et saisit fermement le rebord d'une fenêtre. Suspendu d'une main il s'est enfin éloigné du poison. Il y termine de recracher ses poumons sans grande considération envers son état. Il se retape toujours vite. Configuration routinière, pense t-il avec lassitude.
Jack se balance, fracasse de ses pieds une vitre et amortit d'une roulade sa réception à l'étage inférieur.

Il dispose de quelques secondes et active son communicateur pour prendre la température chez ses agents au sol. Situation stable mais l'objet du transfert ne devrait pas tarder à sortir de sa cachette. Jack leur vocifère à nouveau de s'en tenir au plan et de ne pas prendre en considération ce qui se déroule dans les hauteurs, à moins qu'il n'en fasse expressément la demande. Il n'est pas dupe et sait qu'un sniper préférerait sa cible abattue plutôt que tombée aux mains adverses – il empêchera Amélie de se salir davantage les mains. Il empêchera ses hommes de finir criblés de balles. Le commandant n'a pas le droit à l'erreur : il doit l'appréhender vite et efficacement. Cette guerre doit être menée seul. Il termine sa transmission sur un ordre volontairement cryptique : "fin stricte des communications et silence de mort" jusqu'à ce que le baril situé à proximité de ses agents soit percé.

Morrison avale les escaliers quatre à quatre. Tout en tâchant d'être le plus discret possible. Il active son dispositif de visée pour aider son œil à dessiner l'adversaire. Il grince, crispé. Arpente du regard le périmètre dans une rotation à 360 degrés mais ne trouve rien. Rien jusqu'à la dernière seconde.
Localisée sur la corniche d'en face. Une vague satisfaction le gagne mais elle ne survit pas bien longtemps. Traquer un adversaire n'a jamais été aussi acide. Jack s'abaisse avant d'être remarqué à son tour, dépose genou à terre et met en route sa manigance : il laisse derrière lui sa radio, aussi muette qu'il l'avait commandé. Le soldat grimpe ensuite pour rejoindre sa cible – s'approche d'elle jusqu'à distance critique. C'est à ce moment qu'il fait feu sur le baril qui se vide ostensiblement de son liquide. Un lieutenant exprime aussitôt une incompréhension très sonore – qui retentit au travers du son débridé de la radio laissée derrière lui.

C'est sa chance et il n'en aura pas d'autres. En espérant que cela suffise, le commandant se laisse tomber sur la position d'Amélie malgré la hauteur les séparant. Il saisit brusquement la jeune femme, la ceinturant d'un bras venu barrer sa frêle gorge. Son autre main lie celles de Lacroix dans son dos avec fermeté. C'est à son tour, légèrement haletant, de lui murmurer à l'oreille. «  Amélie. Je sais pas ce qui s'est passé mais j'vais te ramener à la maison. D'accord ? » Jack ne prend certainement pas la mesure de la situation et baisse sûrement trop sa garde. Il répugne même à exercer sur elle une pression trop forte. Sa prise se délie légèrement. Comme s'il avait peur de la casser, de briser ce reflet, cette chance de la retrouver. «  T'as pas à faire ça. Je te connais et ça te ressemble pas. On va te tirer de là tu, m'entends ? »








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Mar 4 Juil - 8:29



Reflets d'une autre vie
Fatale   ▬   Jack Morrison


Elle le reconnait. L’espoir traverse son échine d’un frisson fiévreux. Morrison pense une seconde Amélie à la portée de ses mots et la supercherie l’embrase de soulagement. Sa tentative meurt pourtant en bouche, retombe avec lourdeur. Le souffle de mort qui vient effleurer la barrière de ses lèvres lui écarquille les yeux de surprise. Les questions défilent. Sa teinte bleuie portée par cette peau glacée finit de faire ruer en lui la colère. Il n’a pas idée des traitements qui lui furent infligés et son impuissance le retourne.
Il la dévisage un instant d’un regard qui demande comment avant de trouver une première réponse par lui-même : quelqu’un, le Talon sûrement, exerce sur elle un conditionnement qui dépasse son appel. Jamais la femme qu’il connaît ne pourrait agir ainsi autrement. Peut-être est-ce une forme de stase qui emprisonne corps et esprit. Piqué d’une détermination nouvelle il lui adresse une œillade à nouveau imperturbée. Une promesse ferme de ne pas abandonner. Il ne sait formuler cela par des mots, peu adroit, mais raffermit son emprise sur elle d’une main forte tout en soutenant cette déconcertante proximité physique. Il décide que ces paroles ne sont pas les siennes. Il le lui doit. Jack affirme à l’effleurement de ses lèvres.

« Les naïfs sont les plus bornés. Et tu sais bien que je lâche jamais prise, Amélie. » Sa voix est un murmure serein qui vient à la confrontation en plongeant dans ses yeux. Il lâche son prénom – la seule appellation qu’il entend lui donner – selon une douceur qui ourle vaguement la commissure de ses lèvres ternes. « Tu mérites mieux que ça. Si tu viens avec moi on trouvera des solutions. T’auras plus à répondre à qui que ce soit. Celle que je connais déteste qu’on lui donne des ordres. » Il tâte le terrain avec une assurance feinte. S’il ne sait la toucher par le souvenir peut-être aura-t-il plus de chance en lui faisant entrevoir la main qui dessine ses actions. Biais temporaire. « Il est où le sens dans tout ça ? Tu viens donner la mort. Et après. C’est quand la dernière fois que tu t’es sentie en vie ? » Son exclamation se mêle d’intransigeance sans le vouloir et sa voix s’élève davantage en marquant sa volonté, impérieuse, de l’extirper de là.

S’il comprend partiellement son intention il ne fait rien pour l’arrêter, obnubilé qu’il est par l’idée de la stabiliser. Ils reculent. Il n’a jamais été le meilleur pour négocier. Reculent encore. D’ordinaire il n’a pas à le faire et les oppositions s’ouvrent sur la logique froide d’une salve de tirs. Sans bavures et sans sentiments excédentaires. Le combat et le personnel se jumellent mal pour son esprit sûrement trop formaté. Reyes saurait être plus affûté. Sa réflexion lui échappe. Le soldat peut à peine esquisser un geste supplémentaire qu’ils se retrouvent offerts au vide, qu’ils traversent une fenêtre logée en contrebas. Le frêle corps de la tueuse vient alors se superposer au sien dans une poigne venimeuse.  Morrison la laisse répandre sur lui sa tentation mortifère. Contrôlé il soupèse son comportement, si lointain de celui de la réservée Amélie, avec un soupçon de peine. Le soldat identifie à cet instant ce qu’il ne connaît que trop bien : la soif de mort insinuée dans le regard adverse. Une lueur pérenne qui ne se froisse pas. Une volonté convaincue. Elle est bien trop loin de celui qui lui apparaît comme sa proie – Jack doit l’appréhender et ne plus tenter de l’appeler. Il ravale autant que possible la rage que le seul nom d’Ana sait occasionner en s’opposant vigoureusement à ce qu’il lit en elle. Il doit s’efforcer de se souvenir à qui il s’adresse. « Contrairement à eux tu appartiens encore au présent. Alors j’crois pas aux « il est trop tard. » Il est encore temps de- »

Il ne termine pas sa phrase. Une explosion. Puis une autre. Le sol sous son corps se strie de nervures, ouvre autour d’eux des failles fracassantes. Les débris tombent du plafond dans une averse de plâtre et de ferrailles, la poussière s’empare de la pièce éventrée. Le bâtiment entier s’effondre sur lui-même en les emportant dans une chute vers l’étage d’en-dessous survivant encore. Il semblerait que les criminels faisant l’objet de sa mission n’entendent pas se rendre : des complices ont du disposer des charges explosives autour des piliers soutenant les bâtisses attenantes. Pour créer une perturbation et permettre la fuite. Le communicateur de Morrison s’affole mais la voix de son lieutenant est semblable à une supplique perdue dans la tornade. Le commandant est désarçonné, son esprit est poussiéreux et son dos vrille de douleur. La chute a été durement amortie. Pour autant il s’assène une claque mentale. Il doit agir. Amélie est toujours au-dessus de lui et il constate l’avoir encerclée de ses bras durant la chute. Un automatisme indifférent à son statut d’ennemie. Jack crache rageusement ses poumons et se relève mécaniquement sur ses articulations défaites. Il entraîne l’araignée contre son torse sans la concerter, la tirant du sol sans ménagement et ausculte la pièce en une seconde. La seule issue qui lui apparaît est la fenêtre d’en face, ouverte mais tassée par une poudre sortie de son axe. Il considère Lacroix avec un sérieux mortel. Il est strictement hors de question de la laisser derrière. Pour autant il doute de sa coopération. Sa voix gronde, rocailleuse. « En état de sauter ? » Il lui désigne sèchement ladite fenêtre du menton.







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