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 A choisir entre la Peste et la Colère [PV Deydreus/Carl] [Scènes excessivement violentes]

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Carl Sorince
Carl Sorince
Recrue
Mar 26 Nov - 20:51

La soute du Vorace transportait des ténèbres. En tout cas, c’était l’impression qu’elle laissait, ainsi plongée dans le noir le plus profond et le plus insondable. Seules les perturbations extérieures causées par le vol en très haute altitude du transport aérien apportaient un semblant de trouble à l’inquiétante quiétude s’étant établie dans la panse d’acier blindé. L’appareil se tenait plus près de la lumière du soleil que n’importe qui d’autre...Et pourtant, en son sein, régnaient d’anxiogènes ténèbres accompagnées d’un silence tiré de la tombe.
Fergusshon décida d’y mettre fin en pressant le bouton d’activation de la lampe accrochée à la paroi au-dessus de son épaule. Aussitôt, une ridicule petite lueur rougeâtre se matérialisa au beau milieu des ombres, repoussant ces dernières sans parvenir à les chasser sous les râles et les plaintes des autres occupants de la soute.
Joshua, qui s’était assoupit sur le siège juste en face de Fergusshon, fut le premier à articuler une critique intelligible visant cette décision impromptue.
“-T’es lourd.
Mike Fergusshon répondit à cette affirmation d’un haussement d’épaule. Moins loquace que le géant endormi, Alexey, assit à gauche de l’éveilleur de lampe, se leva en faisant craquer sa nuque pour s’enfoncer au fond de la soute, loin de toute lueur agressive. Mila se contenta de glousser. Darius, de son côté, démontra qu’il approuvait l’idée en écrasant du poing son propre interrupteur. Une deuxième lumière rouge, située à l’opposée exacte de la première, fit son apparition.
Slick, allongé sur le sol au centre de la salle, se releva en s’appuyant sur ses coudes pour tirer de son fourreau un énième couteau de combat et commencer à l’aiguiser.
“-J’imagine qu’on a pas besoin de dormir, après tout.” Grommela Joshua, les yeux plissés.
“-On arrive bientôt?
La question de Mila écopa d’une réponse générale et non-verbale à base de haussement d’épaules et de secouement de têtes. Un court silence suivit. Aussitôt brisé par un Slick agacé aux yeux cernés.
“-Pourquoi ce réveil, Mike?
-J’voudrais qu’on discute un peu du boulot, avant d’arriver.” Improvisa Fergusshon pour tenter de masquer la vérité, bien moins sérieuse : Il s’ennuyait lors des voyages trop longs.
Joshua laissa échapper un petit rire fatigué et peu convaincu.
“-Tu ne t’es jamais intéressé à un seul putain de Briefing.
-J’m’y intéresse. Juste, pas de la même manière.
-Bon, qu’est-ce que tu veux savoir?” S’agaça Slick en rengainant son couteau.
L’interrogé fouilla rapidement dans ses souvenirs, à la recherche d’un des rares moments où quelqu’un avait posé une question pertinente lors d’un briefing assez court pour qu’il n’ait pas cherché à s’y soustraire.
“-J’sais pas...Quelqu’un sait quelque chose sur notre employeur?
Slick secoua la tête.
“-C’est pas encore notre employeur. Il souhaite nous rencontrer avant toute chose et...Il a expressément demandé la présence du boss ET celle de sa Sanglot lors de la prise de contact.
-Je trouve toujours que c’est une mauvaise idée, d’ailleurs.” Argua Darius tout en décrochant son harnais pour se lever de sa chaise et faire quelques pas dans la soute. Alexey sorti de son silence le temps d’une remarque acerbe :
“-Tu ne fais que penser ça à chaque opération.
-Parce que chacune de nos opérations du moment sont des idées merdiques.” Bougonna le vétéran.
Mila s’en amusa.
“-Pour une fois que Carl ne répond pas à une invitation personnelle par “une provocation inutile” tu devrais être content !
Darius secoua la tête.
“-Vous avez lu la demande de prise de contact? Vous avez vu la gueule du type qui nous demande?
Fergusshon en profita pour faire signe que non. Slick prit le relai :
“-Je l’ai vu et je l’ai lu. Et effectivement, ça m’a l’air d’être une tête de con mégalo. Mais on a tous pensé la même chose du boss quand on l’a vu la première fois, nan?
-Non.” Désapprouva Mila, à l’inverse du reste de l’escouade.”Je l’ai vu aussi, d’ailleurs. J’l’aime bien moi.
Slick s’esclaffa.
“-Sans déconner, qui l’eût cru ! Un brun aux yeux chelous avec une tête de salopard, on se demande bien pourquoi tu l’aimes bien.
Darius hocha la tête.
“-Vrai qu’y a une certaine ressemblance avec le patron.
-Qu’est-ce que t’insinues, Slick?
-J’insinue rien du tout. J’dis juste que t’es prête à sauter sur tout c’qui ressemble de près ou de loin au boss.” Quelque chose vola jusqu’au visage du balafré, qui l’esquiva d’un mouvement de tête au dernier moment. La lame de la machette s’écrasa contre le métal de la soute sans parvenir à le percer. Slick ricana, vite imité par Joshua, Fergusshon puis, finalement, Mila elle-même.
Ensuite, la porte menant à l’avant du vaisseau s’ouvrit pour laisser entrer le Père des Dévoreurs. Carl s’amusait à enrouler la bandoulière du Juge autour de son poignet tout en retenant du coude l’arme qui pendait dans son dos. Son regard venimeux perdu dans le vide, il ne donnait pas l’air d’être intéressé par la discussion de ses subalternes. Cependant le silence se fit à l’instant où il pénétra dans la soute.
Fergusshon échangea un regard avec Joshua. Darius retourna jusqu’à son siège pour récupérer son fusil et vérifier son intégrité. Slick lança à Mila sa machette. Alexey demeura silencieux.
“-J’entends bien que vous êtes tous tombés amoureux de moi et de notre potentiel futur client, mais sachez que je refuserais toute demande en mariage.” S’amusa Carl en défaisant le noeud autour de son pouce.
Une partie de l’escouade se remit à rire. Tout sourire, le chef d’escouade reprit :
“-Plus sérieusement, on arrive dans une vingtaine de minutes. Le contrat nous attendra à la ZA.
-On devrait planifier un plan de repli. Ca pourrait être un piège.” Insista, pour la énième fois, Darius. “Et si c’était un gars de la griffe?”
Le Père des Dévoreurs balaya cette possibilité d’un geste évasif de sa main libre.
“-Slick et moi-même avons effectués quelques recherches. Le client est plutôt l’inverse de “un gars de la griffe” et c’est ce qui nous intéresse en priorité, d’où le fait que j’ai accepté sa farfelue première demande.
-Qui était de rassembler tout le cercle de commandement loin de l’île et des renforts ?
-Pour rejoindre un potentiel allié contre la Griffe, ouai.
-C’est trop beau, patron. Je me dois de le dire malgré le fait que vous le savez déjà.
Carl acquiesça mollement.
“-Tout le monde a besoin d’entendre à haute voix des évidences de temps en temps.” Du doigt, il pointa Slick. “Un deuxième transport s’est posé à une trentaine de kilomètres de notre ZA. SK1 était dedans, avec tout les petits gars de Slick. A l’instant où je serrerais la main à notre nouvel ami, il y aura deux snipers et un Squelette d’acier aux griffes démesurées verrouillés sur son crâne ou sa peau.
Darius ouvrit la bouche puis la referma, peu sûr de savoir, au final, quoi répondre. Le talent avec lequel il ignora par la suite les regards moqueurs de Mila et Slick eût le mérite de laisser les observateurs relativement impressionnés. Mais Carl n’en avait pas fini. Faussement blessé dans son orgueil, il poursuivi :
“-Franchement, Darius, pour qui tu me prends?
-Pour mon patron. Qui m’emploie pour l’épauler.
-C’est une bonne réponse. Mais depuis quand ton patron oublie ce genre de détails?
-C’est déjà arrivé chef.
Le venin d’un regard chargé de folie et de violence l’incita à ne pas poursuivre sur cette voie. Sans un mot de plus, le vétéran baissa les yeux sur son fusil en plein entretien en oubliant toute protestation. Satisfait, Carl alla s’asseoir aux côtés d’Alexey, qui ne sembla même pas le notifier, occupé qu’il était à nettoyer le canon de son fusil de précision. Le silence revint alors que le chef d’escouade s’installait tout en s’étirant. Mila rengaina sa machette. Joshua et Mike échangèrent une cigarette.
“-Qu’est-ce qu’on fait une fois arrivé alors?” Risqua Slick, toujours au centre de la salle.
Carl ne répondit pas tout de suite. Le Père des Dévoreurs prit d’abord le temps de soupeser la question, de désenrouler la partie de sa bandoulière toujours autour de son pouce, puis de s’étirer.
“-Inutile de faire dans la démonstration de force. Le type a les moyens et si il nous a tous demandés nommément ça implique qu’il a déjà fait ses recherches. Il sait ce qu’on fait. Et il sait qu’on le fait bien.” Il marqua une pause le temps d’observer son pouce libéré de l’étreinte de la lanière de cuir. Les marques sur sa peau blanche avaient une teinte violacée sombre assez prononcée pour lui décrocher un ricanement.”On va juste débarquer gentiment. Lui dire bonjour. Ce genre de choses.
Fergusshon se fendit d’un sourire en tendant sa cigarette à Joshua.
“-Si c’était pour débarquer gentiment, on aurait ptet’ dû éviter de prendre le Vorace et notre équipement, nan?
Son comparse plus grand approuva d’un hochement de tête, ajoutant par la même occasion:
“-J’suis pas sûr que notre grand oiseau de combat ait l’air très gentil.
Le chef d’escouade mit fin à son observation de pouce.
“-Il faut quand même conserver une certaine image les filles. Vous auriez préférés qu’on se présente à un nouvel employeur en sortant d’un camping-car en tongs?
Quelques ricanements plus tard, Slick ajoutait :
“-’faut absolument qu’on le fasse un jour.
-Si ces enfants de chiennes de Londres nous recontacte, on le fera.
Une vague d’animosité parcourue la soute à la mention de ce vieux contrat s’étant mal terminé. Très peu d’êtres vivants pouvaient se vanter d’avoir survécu au courroux des Dévoreurs et le SIS des Royaumes-Unis pouvaient se targuer de faire partie de cette liste très restreinte. Pour l’instant.
L’intérieur du Vorace s’agita, en proie à de nouvelles turbulences. Quelqu’un poussa un juron. Carl se gratta l’intérieur de l’oreille gauche dans l’espoir de chasser le désagréable sifflement s’y étant logé, sans succès. Le voyage avait commencé au petit matin, quelques heures plus tôt. L’ordre avait été donné au dernier moment, à la surprise et l’incompréhension générale. Seuls les plus perspicaces des Sanglots avaient compris avec une certaine tristesse le “pourquoi” de cette mobilisation surprise : Les récents évènements avaient abimés la confiance du Seigneur écarlate envers les siens, ce qui ne les protégeaient plus de sa paranoïa naturelle. Seul Slick semblait encore dans les confidences de son chef, un fait qui laissait présager un mince espoir d’amélioration même si la fourberie et l'opiniâtreté signature du Fils Favoris risquait de l’inciter à prolonger le plus possible cette exclusivité.

Certains, comme Darius, n’avaient pas attendu cette convocation surprise pour nourrir des soupçons concernant l’accentuation de la paranoïa du dirigeant de l’ile de fer. Depuis quelques semaines, lorsque Carl évoquait l’une de ses décisions, il employait presque toujours : “Slick et moi-même” ce qui, aux oreilles du plus vieux Dévoreur encore en vie, sonnait comme un véritable coup de poignard en plein coeur. Carl avait manifestement sacrifié son amour de l’individualisme dans le simple but d’humilier ses plus fervents partisans, Sanglot compris. Le fait que l’escouade de Slick ait été envoyée en secret sur la même mission qu’eux sans qu’ils ne soient mis au courant au préalable sous-entendait que l’escouade favorites ne l’était plus. L’utilité et la fiabilité des Sanglots étaient remises en doute. Darius s’en souciait de manière totalement désintéressée. Sa vie ne lui importait plus depuis la mort de son fils et il se savait lui-même innocent de toute fuite d’information. Il se souciait simplement de la réaction des autres face à une si soudaine mise à l’écart.
Mila ne le supporterait pas. Et même si le vieux loup de guerre ne considérait pas l’infirmière comme une amie ou même comme une allié fiable, il reconnaissait le dévouement total qu’elle portait à la cause du Seigneur Écarlate. Pas une seule fois elle n’avait refusé un ordre. Pour satisfaire le cruel dirigeant des Dévoreurs, Mila avait sacrifié son sang, sa chair et son esprit sans compter et sans jamais rien demander en retour.
Mike était encore trop jeune parmi la Sanglot pour avoir quitté ce stade où il admirait et craignait à égale mesure l’idéal sanglant qu’incarnait Carl Sorince. En bon jeune chien fou, il redoublait d’effort pour se faire remarquer par son chef dans l’espoir d’obtenir un peu plus son approbation. Ce genre de comportement, doublé à la fougue de la jeunesse, risquait d’évoluer en une volonté de rébellion fatale si ses efforts restaient sans le moindre retour.
Joshua, de son côté, en était déjà au stade de la colère. Depuis la tentative de suicide de Mila, l’attitude du géant envers son chef avait radicalement changée. Il était devenu méfiant. Parfois à la limite de l’agressivité. Pas besoin d’être psychologue pour comprendre pourquoi : Joshua tenait pour responsable Carl de la petite perte de contrôle de Mila. A tort, selon Darius. Même si l’attitude du Père des Dévoreurs n’avait certainement pas arrangé le chaos régnant dans l’esprit de l’infirmière, croire qu’il en était l’origine était d’une naïveté tout à fait typique de l’esprit trop carré de l’expert en explosif de l’escouade.
Et pour Alexey... Darius s’interrogeait. De tous, le sniper taciturne avait toujours été le plus dangereux. Trop précis, trop inhumain. Il possédait tout les points forts de l’escouade, sans les points faibles : La soif de carnage de Mila sans l’hystérie. La minutie de Joshua sans son obsession pour le tapage et les explosions. La vivacité de Mike sans cette fierté mal placée l’encourageant trop souvent à prendre de mauvaises décisions. Et le calme de l’homme déjà mort de Darius, sans cette dévorante fixette sur la vengeance d’un fils parti trop tôt. Comment un homme pareil pourrait réagir face à la lente et injuste trahison d’un chef ayant -jusqu’à maintenant- mérité sa confiance?
Darius sonda du regard les yeux gris, parfaitement inexpressifs, du tireur d’élite assit juste à côté de Carl. Ce visage aux traits durs si parfaitement fermé, hostile à toute manifestation d’émotions, bonnes comme mauvaises. Ses camarades d’escouade l’avaient déjà vus afficher le même air en exécutant un prisonnier. Mais aussi au cours d’une simple conversation. Lors d’une partie de carte. Ou au milieu d’une fusillade. Darius l’avait surpris avec le même air en train d’asperger d’essence le ventre ouvert d’un adolescent pour y mettre le feu. Mais aussi alors qu’il berçait un nourrisson paniqué, récemment tiré des décombres d’un bombardement omniac, en Egypte. Jamais d’avarie sur ce visage sans vie. Seulement le calme plat et presqu’ennuyeux d’une mer sans vague.
“Qu’est-ce que tu peux bien penser de tout ça, fils de pute glacé.” Gronda Darius en son for intérieur sans cesser de dévisager le masque insensible aux côtés de son chef. Une lueur gris-argentée s’agita dans les yeux du tireur d’élite et le masque se déchira dans un de ces rares et discrets sourires. Darius proféra intérieurement un long chapelet de jurons en comprenant que l’autre l’avait remarqué. Alexey, de son coté, prolongea son sourire de quelques secondes avant de reprendre son attitude “normale”.

“-Arrivée dans six minutes.” Gueula le pilote : un sinistre anonyme dépêché uniquement pour l’occasion. Une nouvelle insulte pour La Sanglot, qui s’était jusqu’à maintenant reposée sur le pilotage de Fergusshon, d’Alexey ou du SK1NN3R en toute circonstance. Le Vorace avait toujours été le transport signature de l’escouade de commandement des Dévoreurs et le fait que des vermines sans nom ni titre puissent le diriger durant une mission, aussi simple pouvait-elle paraître, était une véritable honte. L’oiseau d’acier, massif et tapageur, n’avait rien à voir avec les modèles d’infiltrations silencieux et ultra-rapide de plus en plus en vogue ces dernières années : c’était un monstre de métal aux airs de tanks volants annonçant son arrivée sur les champs de batailles en faisant feu de ses six batteries de roquettes intelligentes ou de ses innombrables mitrailleuses à détections thermiques parsemant sa peau d’acier noire comme la nuit. Sa soute quasiment impénétrable avait jadis servie à transporter la tête nucléaire “Fléau IV”, confisquée au groupe terroriste et suicidaire “Salomon” basé au beau milieu du désert de Gobi. La bombe trônait toujours dans une des dizaines de salles secrètes et non-répertoriées de la base des Dévoreurs, dans l’attente d’un acheteur suffisamment audacieux...Ou d’une cible particulièrement résistante.
“-Ok mesdemoiselles, vous savez encore comment vous tenir en présence d’invité?” Manda Carl en se redressant.
Tous l’imitèrent d’un bond.
“-Slick?
-Mes gars sont en place. Nord-Ouest.
-Parfait.
La baisse d’altitude du Vorace entraîna de nouvelles turbulences, plus fortes, forçant chacun des Sanglots à agripper les poignées de maintien pendues au plafond. Deux ou trois longues et silencieuses minutes passèrent, durant lesquelles tous vérifièrent une dernière fois l’intégrité de leur équipement. Puis la rampe s’abaissa, la lumière d’un jour gris, au soleil masqué par de trop nombreux nuages, s’engouffra dans la soute, accompagnée d’un froid de fin d’hiver vivifiant. Pour les occupants de la soute, un véritable océan végétal de pin aux épines verts sombres s’étendait à perte de vue alors que l’appareil descendait lentement jusqu’à la cime des arbres gigantesques constituant l’intérieur de la forêt. Un court concert de craquements plus tard, le Vorace franchissait le plafond de branches pour s’approcher du sol, aménagé pour l’occasion en une piste d’atterrissage improvisée et balisée par un simple X dessiné en blanc, dans la boue.
Fergusshon lâcha sa poignée pour s’approcher du bord.
“-La cible souhaite fêter notre arrivée avec une randonnée? J’vois pas une seule habitation dans le coin !” S’écria-t-il en tentant tant bien que mal de couvrir le boucan de l’atterrissage.
Carl le rejoignit au bord, la main gauche posée sur le dos du Fusil pendant à sa hanche.
“-C’est le meilleur coin pour une planque. Notre ami n’est pas aimé par tout le monde.
-Nous non plus. C’est pas une raison pour dormir dans une grotte !
Le rire du Seigneur Écarlate parvint à percer le bruit de déploiement des trains d’atterrissages.
“-Je l’ai déjà fais. Mais ça fait tellement longtemps que j’ai l’impression que c’était dans une autre vie.” Le tapage des réacteurs prit fin.” Et maintenant en avant marche, notre nouveau potentiel contrat nous attend.




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Deydreus Moonshire
Deydreus Moonshire
Le Porte-Peste
Sam 7 Déc - 16:30

Quelques mois plus tôt


Marchant parmi les décombres, Deydreus observait les nombreux corps démembrés se trouvant devant lui. Plus loin, les forces de l'ordre semblaient pourchasser la Griffe qui s'échappait de l'ancien dôme de lumière. Aidé d'Amarande, le docteur se faufila dans les ruines d'un bâtiment à moitié effondré, visiblement endommagé par un tir du Régulateur.

A l'intérieur, le duo ne trouva que mort et souffrances. Ici et là, quelques soldats de l’œil semblaient encore vivant, agonisant lamentablement et pleurant pour une mort rapide. Ce que le docteur ne leur apporta pas. Marchant au travers de ces victimes comme s'il passait dans une foule lors d'un marché de noël, Deydreus semblait chercher quelque chose, ou quelqu'un. S'arrêtant finalement dans une sorte de chambre de bonne, le porte-peste souleva différents débris et observa un corps féminin partiellement détruit. Une femme, rousse, au visage partiellement arraché, et dont les nombreux trous sur le corps montraient la combativité dont elle avait fait preuve. Ses mains étaient également en piteux état, l'une d'elle ne possédait d'ailleurs que deux doigts, les autres ayant été réduits en miettes. S'agenouillant en silence sur la dépouille, le docteur balaya avec une douceur insoupçonné les mèches de cheveux collés à cause du sang sur le visage encore marqué de douleur de la demoiselle. Ordonnant à Amarande d'empêcher quiconque d'entrer, Deydreus se releva et laissa son pouvoir faire son oeuvre. Au bout de quelques secondes, les membres raidies du cadavre se mirent à bouger lentement, puis, une lueur verte s'échappa des yeux de la dépouille, qui se relevait tant bien que mal. Natalia venait de revenir à la vie. Cependant, les nombreux affrontements et utilisation de la réanimation par Deydreus l'avait légèrement affaibli malgré lui. S'il aurait pu réanimer encore de nombreux corps de manière temporaire, il ne disposait pas d'assez d'énergie pour faire revenir en parfait état un éveillé. Il lui avait proposé cependant de changer cela une fois qu'ils seraient rentrés, mais elle refusa catégoriquement. Elle voulait que le monde voit l'influence qu'il avait sur la mort. Observant le regard sans émotion de sa créature, le docteur passa sa main sur la joue à moitié déchirée de la rousse. Sans un mot, cette dernière posa sa propre main squelettique sur celle de son maître, et en silence, l'enlaça. Un léger sourire se dessina alors sur les lèvres du Porte-peste. Car il savait, au fond de lui, que cette création serait d'une perfection absolue.

De nos jours


Agenouillée devant différentes plantes, Dansepeste observait les végétaux de son regard vide d'émotion. Visiblement captivée, la rousse passa doucement sa main gantée sur les végétaux, et laissa un léger rire las s'échapper de sa gorge alors que les plantes mourraient à l’œil nu. Se redressant, cette dernière remit son gant alors qu'elle s'avançait vers Deydreus. Son maître était stoïque, droit et silencieux. Il attendait ses invités et semblaient serein, comme à son habitude.

- Cela fait deux heures que vous êtes là à attendre. Dans combien de temps pensez-vous que nos nouveaux amis arriveront?

Fixant l'horizon, Deydreus resta quelques instants silencieux, puis il se retourna vers la rousse, plongeant son regard vairon dans le sien. Cette attitude soudaine provoqua chez l'éveillée un sentiment étrange, qui la força à détourner le regard, comme si elle était atteinte de timidité, comme s'il avait vu son âme à nu.

- Ils arriveront très bientôt, le rendez-vous était prévu pour dans dix minutes. J'aime juste avoir de l'avance, afin d'observer les alentours. Et j'entends déjà le bourdonnement de leur moyen de transport. Amarande?

Sautant d'une branche, la championne du Porte-peste se posa juste à ses côtés, un genou contre le sol. Dans son armure complète, on aurait dit une chevalière s'adressant à son seigneur. Une image pas véritablement éloignée de la réalité.

- Je n'ai rien détecté autour de nous. Mais s'ils sont intelligents, ils ont très probablement déployé des troupes hors de portée des capteurs de mon armure. Face à un potentiel ennemi, j'aurais fait autrefois pareil.
- Mais nous ne serons pas ennemis. Et s'ils ont effectivement pris des mesures de ce genre, alors c'est que nous avons eu raison de les mandater. *Il se tourna alors vers Dansepeste* Dis moi, sais-tu pourquoi j'ai fait appel à eux?
- Vous désiriez étendre votre cercle d'alliés, et nos derniers "sujets", courent quelque part dans ces bois.
- C'est effectivement un bon résumé. Depuis nos actions à Paris, les autorités me recherchent d'autant plus activement. Sans parler de l’œil, qui traîne probablement un peu partout. De plus, la Griffe ne me laissera probablement pas avec la dette qu'ils me doivent, ils pourraient tenter de m'éliminer. Et même si les chances qu'ils y parviennent sont très basses, ils seraient largement capable de vous neutraliser, et de retarder mes projets. Cependant, et si ce que mon cher ami le Baron a dit est vrai, alors nous allons trouver de nouveaux partenaires fortement intéressant. De plus, j'ai besoin d'investisseurs pour... Mes travaux. Maintenant, demeurez silencieuses et restez droites et fières. Il faut toujours faire bonne impression lors des premières rencontres.

Les deux éveillées du Porte-peste s’exécutèrent alors, se plaçant chacune d'un côté de leur maître, et attendant silencieusement avec lui que des mouvements ne parviennent à leurs yeux ou leurs oreilles. La rousse profitait également de cet instant pour respirer lentement l'air frais de l'hiver. Elle qui de son vivant avait toujours aimé cette période, savourait pleinement le fait de pouvoir se mêler au plus grand froid sans se soucier de vêtements à porter ou de sa propre survie. La mort lui avait apporté une sérénité et un sentiment étrange qu'elle ne pouvait réellement décrire. Comme pour son maître à vrai dire. Ce dernier ne dégageait pas seulement de l'amour pour elle, mais quelque chose de bien plus profond, bien plus fort.
Quoiqu'il en était réellement, ses pensées firent rapidement chassés par l'arrivée du groupe mandaté par Deydreus. Observant les nouveaux arrivants, le regard de la rouquine passa tout d'abord sur la personne en tête de file. Un homme relativement grand, aux cheveux de jais et au regard qui, Danspeste le savait, était tout autant empoisonné que son esprit. A ses côtés, elle analysa ensuite longuement la jeune femme à la démarche presque folle, ainsi que l'homme au visage partiellement brûlé. Globalement, la rose empoisonnée s'étonna de l'aspect "cowboy" du groupe s'approchant. Laissant son regard ensuite glisser vers Amarande, elle remarqua le calme avec lequel la championne de leur maître semblait observer le groupe. En cas de soucis, elle serait pourtant la première à se jeter sur eux. Puis, Dansepeste se souvint d'un détail d'importance, Deydreus était là, et avec lui, rien ne pouvait leur arriver.

Ce dernier s'avança alors, son visage neutre n'affichant comme d'habitude aucune émotion réelle. D'une révérence exagérée, il salua le groupe avant de tendre sa main au visible leader des mercenaires.

- Bien le bonsoir à vous tous, dévoreurs. Et bienvenue à vous, Carl Sorince. J'espère que vous avez fait bonne route. Navré également de vous faire venir ici en pleine forêt et non pas chez moi, mais comme vous le savez probablement, je préfère ne pas me faire remarquer pour le moment.

Il invita ensuite le groupe à s'approcher d'une grande table située un peu plus loin. Cette dernière se trouvait là, au milieu d'une clairière, et donnait à la scène un aspect presque pittoresque tant elle semblait hors de sa place. S'asseyant à l'une des chaises après avoir invité son homologue à faire de même, le Porte-peste continua juste après que Dansepeste et Amarande ne l'aient rejoint pour se placer juste derrière lui.

- Voyez-vous, et vous le savez sans doute déjà, je suis un peu une sorte de marchand d'armes. La différence étant que ce que je propose n'est pas, réellement, conventionnel. A vrai dire, mon savoir s'entend de la simple amélioration physique à des choses bien plus impressionnantes. Pour tout vous dire, j'ai tellement côtoyé la mort qu'elle m'a livré bien de ses secrets. Enfin, ce n'est pas vraiment pour cela, que je vous ai fait venir. J'ai besoin de vos services.

Claquant des doigts, le Porte-peste laissa Amarande s'approcher de la table pour déposer un petit appareil holographique. Ce dernier s'activa alors, révélant plusieurs créatures humanoïdes étranges, comme une sorte de fusion interdite entre un loup et un homme.

- Mon dernier projet, est actuellement en "test" dans cette forêt. Il s'avère que mes espérances à son égard étaient grandement inférieures à ce que ce dernier détient comme potentiel. Il me faudrait votre aide pour les... Récupérer. Morts, ou vifs. Peu m'importe. Bien sûr, j'aurais pu demander à d'autres de mes associer de m'aider dans cette tâche. Mais si j'ai demandé explicitement votre personne et votre groupe, c'est car je veux voir l'étendu de votre capacité pour une demande bien plus spécifique.

Il marqua une pause, laissant un léger sourire balayer son visage avant de reprendre son air neutre habituel.

- Si j'ai besoin de vous, c'est pour m'aider à parasiter les activités de la Griffe.

Cliquant sur le pod holographique, l'image se modifia pour montrer quelques extraits vidéos de Paris.

- Il y a de cela quelques mois, le chaos s'abattit sur Paris et ses habitants. Un spectacle chaotique particulièrement grandiose, auquel la Griffe participa avec Overwatch et les forces de l'Ordre. J'y étais à la base uniquement présent en tant que spectateur, mais des événements extérieures forcèrent ma main.

Il cliqua de nouveau, switchant les images de massacre sur un œil étrange.

- L’œil, une organisation jusqu'à lors inconnue fit son apparition et tenta de tous nous tuer. Par nécessité, et parce qu'il m'était impensable de collaborer avec les forces de l'Ordre ou Overwatch, j'ai dut aider la Griffe à quitter le dôme dans lequel nous étions enfermés, et surtout, à éviter qu'ils ne détruisent un réacteur caché qui aurait rayé la moitié de l’Europe de la carte. Cette... Aide, que j'ai apporté, a créer chez eux une dette envers moi qu'ils ne compteront probablement jamais payer. Après tout, j'ai à de nombreuses reprises abattus leurs membres et voler certaines de leurs recherches. Alors ils me préféreront sans doute mort plutôt que de devoir un jour me prêter main forte. Sans parler de mes, capacités, qu'ils jalousent et souhaiteraient posséder. J'ai donc besoin d'alliés, capables de leur tenir tête et de contrecarrer tout ce qu'ils pourraient attenter. Naturellement, cette aide ne serait pas à sens unique, je pourrai fournir les renseignements à ma disposition, et proposer mes services à ceux acceptant de m'aider. Si le contrat que je vous propose aujourd'hui s'avère fructueux, alors il me serait d'un grand plaisir d'étendre ce dernier à ma précédente proposition. Saboter la Griffe, et développer un intérêt commun.  

Il appuya de nouveau sur le pod, qui balaya rapidement diverses images sur les membres de la Griffe que Deydreus avait pu observer, parfois, il s'agissait de portraits robots, parfois, c'était des images capturés par divers caméras de sécurité que Deydreus avait récupéré. Arrivant finalement sur l'image du Nettoyeur, puis de Moreau et DevilEye, le docteur éteignit le dispositif qu'il remit ensuite à Amarande, plongeant de nouveau le groupe dans une presque-ombre.

- Vous pouvez bien sûr refuser ma proposition, qu'il s'agisse de celle de m'aider à récupérer mes sujets, ou bien de la suivante, mais si j'ai fait appel à vous plutôt qu'à de simples mercenaires comme Helix Sécurity ou autre, c'est parce que l'on m'a personnellement recommandé les Dévoreurs. Parce qu'on m'a dit, que vous étiez les meilleurs.

Il marqua une pause, fixant Carl Sorince dans les yeux.

- A vous maintenant de me dire, si je me suis trompé ou non.




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Carl Sorince
Carl Sorince
Recrue
Jeu 19 Déc - 18:52

Le silence.
La Sanglot s’était plongée dans le silence. Pas le silence apaisé qu’on aurait pu attendre au sein d’une telle clairière, ce genre de silence synonyme de repos ou d’introspection méditative, non. Nulle paix, nulle quiétude dans cette absence de son et de paroles. Seulement de la douleur. De la peur. Et de la colère. Un flot d’émotions si pures et intenses qu’aucun d’eux n’osaient faire ou dire quoique ce soit, de peur de briser le sort, de peur de mettre fin à cette déferlante innommables que seuls des esprits aussi vicieux que ceux rassemblés ici pouvaient se targuer de...Déguster.
Carl se focalisait sur la colère. Celle que la vue du visage d’un monstre aux yeux d’encres lui avait procurée et lui procurait toujours. C’était agréable, une telle rage. Tout comme la divine sensation de se savoir capable de la contrôler parfaitement, malgré le désir ardent d’un déchainement de violence injuste, total et parfaitement démesuré. Sa langue passa sur ses lèvres avant de s’écorcher contre une canine. Le goût du sang en bouche, l’esprit enflammé, il posa son regard sur la gardienne de son employeur et se visualisa en train de fouiller à deux mains au fond de sa gorge ouverte. Un battement de coeur plus tard, une nouvelle vision s’offrait à lui, mettant en scène, cette fois, son employeur au poitrail ouverte et une douzaine d’aiguilles plantées dans ses yeux.
Mila posa la main sur son épaule en lui faisant par la même occasion comprendre qu’elle s’était levée de sa chaise pour le rejoindre. Ce contact désagréable projeta une autre vision de l’infirmière rampant, les jambes en lambeaux, pour fuir la lance improvisée qu’il se serait taillé dans l’os dénudé de son fémur brisé. La représentation pourtant parfaite du lent empalement suivant cette sublime introduction lui sembla pourtant, déjà, de moins bon goût. La colère de l’instant s’estompait pour devenir celle d’un passé récent. Le contact l’avait chassé. Le retour à la réalité se révéla amer, voir répugnant.
« -Joshua. » Siffla-t-il entre ses dents.
Le colosse se redressa de son propre siège, ses poings serrés semblant aussi lourds et épais que des masses de chantier. Mike, à ses cotés, remis la sécurité du pistolet lourd qu’il ne se souvenait pas avoir dégainé.
« -Pas seul, patron. » Indiqua Joshua, le regard rivé sur l’infirmière derrière son patron.
La fine main posée sur l’épaule du seigneur écarlate se transformait petit à petit en serre.  La caresse initiale de son contact cédait sa place à une cruelle griffure alors que les ongles tentaient de s’enfoncer toujours plus dans le tissu protégeant la chair en dessous. Il sourit en entendant les halètement dans son dos.
« -Slick. »
Ledit Slick rengaina son kukri pour se lever à son tour et s’approcher au pas de course de Mila, de plus en plus recroquevillée sur elle-même. Une plainte suraigüe et étrange s’extirpa du font  de la gorge de celle-ci ; l’ultime signal d’un danger mortel que la gardienne de leur employeur n’avait pas l’air d’apprécier. D’un balancement d’index, le chef des Sanglots lui fit signe de ne pas intervenir.
Les deux convoqués se jetèrent de concert sur l’infirmière prostrée. Joshua grogna en encaissant dans son épaulière la lame d’une machette dégainée bien trop vite puis s’empressa de ceinturer son agresseuse. Slick  lui couvrit la bouche de son gantelet, l’empêchant d’égorger le géant tout en sentant le métal couvrant sa paume crisser sous les morsures répétées.
Un coup de genoux dans le torse coupa le souffle du fils favoris sans que ce dernier ne lâche prise. De sa main libre, il décrocha la machette se balançant au bout d’un bras tordu par l’étreinte forcée du colosse et la jeta hors de portée. Le corps de la furie se détendit aussitôt, comme si cette confiscation l’avait privée de toute énergie.
« -Emmenez-la au vaisseau.  Sédatez-la si la crise continue. » Ordonna calmement Carl, sans se retourner.
Mais dès que le trio se mit en mouvement, un craquement succédé, dans l’ordre : d’un juron puis d’un bruit de chute, se firent entendre. L’instant suivant, ce qui ne pouvait être que les élucubrations d’une folle furieuse raisonnèrent dans la clairière.
« - TRAITRE ! TRAITRE ! JE BOIRAIS TON SANG ET MELANGERAIS MA BAVE A LA BOUILLIE DE TES VISCERES ! JE BAISERAIS TON CADAVRE ! TU NOUS AS PRIS LE PETIT ! TU NOUS L’A-» Quelque chose l’interrompit, pour de bon cette fois. Carl s’imagina que l’un des deux l’avait sans doute assommée. A sa grande surprise, cette pensée ne lui procura pas la moindre satisfaction
Teretchenko s’accorda un court ricanement moqueur. Darius le fusilla du regard. Mike vérifia d’un rapide coup d’oeil qu’aucune furie blonde ne courait dans sa direction.
Et puis le chef d’escouade décida qu’il était temps de parler :
« -Mila aime faire bonne impression au premier rendez-vous. »
La blague décrocha un sourire à une grande partie de l’audience, en tout cas du coté des Sanglots.
« -Quoiqu’il en soit. Je ne voudrais pas paraître impoli mais...Avant de nous intéresser à la longue durée, j’aimerais que nous nous penchions un peu plus sur les cibles présentes dans cette forêt. »
La vérité vraie, c’était que rien au monde ne pouvait moins l’intéresser en ce moment que ces bêtes de foires présentées par ce potentiel employeur. Mais c’était ainsi qu’il fallait opérer lorsqu’on était un minimum professionnel. Une simple question de respect envers soi-même et envers le contrat.
Il tourna son regard vers la femme-soldat au regard éteint plantée aux cotés de Deydreus.
« -Pourrions-nous revoir cette créature, cocotte ? »
La tueuse ainsi désignée risqua un coup d’œil en direction de son patron, qui approuva, puis réactiva le dispositif holographique en le tenant à bout de bras.
Mike, qui s’était installé un peu plus confortablement, retira l’une de ses mains de derrière son crâne pour l’agiter au-dessus de lui et attirer l’attention du reste de l’assemblée.
« -Est-ce qu’on aura besoin de balles en argents ? »
Darius, à l’autre bout de la table, secoua la tête.
« -Imbécile.
-Hey, c’est une vraie question ! »
Carl balaya cette réflexion d’un mouvement de la main en se penchant pour comprendre un peu mieux ce qu’il n’aurait jamais cru voir autre part qu’au sein de films aux scripts trop souvent peu inspirés. La réflexion de Mike, aussi peu sérieuse était-elle, se révélait relativement juste à en juger l’apparence de la bête. Ça avait le corps robuste, la gueule lupine et hérissée de crocs mais aussi une posture bipède indubitablement humaine bien qu’un peu trop voutée. Ses genoux inversés avaient quelque chose de profondément...Mauvais. Malsain. Déroutant. Ce qui suscita aussitôt la naissance d’une certaine forme de respect dans l’esprit du Père des Dévoreurs. Envers la bête, bien sûr.
Mais aussi envers son créateur, Deydreus. Qu’un esprit soit assez tordu pour refaçonner et tordre loi de la nature comme chair humaine prouvait une certaine forme de génie. Ce qui, au moins accordait un minimum de crédit à son discours mégalomane et défiant que le chef mercenaire se faisait un devoir de supporter l’écoute malgré l’agacement qu’il lui procurait. Certes, Deydreus paraissait plus immoral et vicieux que la plupart après une telle entrée en scène mais c’était précisément cela qui dérangeait le Père des Dévoreurs avec ce genre de discours : Il « Paraissait ». Toutes ces affirmations sur la maîtrise de la mort et tous ces effets de styles grandiloquents manquaient singulièrement de preuve et en d’autres circonstances, Carl aurait sans l’ombre d’un doute abattu ses deux mignonnes gardes du corps simplement pour le ramener sur terre. L’excès de confiance en soi, l’air crâneur, l’avait toujours secrètement agacé.
Il détestait la concurrence.
Et puis, pour être honnête, cette absence de sécurité avait quelque chose de profondément vexant : Seulement deux gardes du corps, vraiment ? Seule l’une des deux avaient l’air d’être un minimum prête au combat...Ou en tout cas équipée pour. L’autre ressemblait plus à la convive d’un diner mondain du siècle dernier. Malgré l’air sérieux qu’elles affichaient toutes deux, le mercenaire était certain qu’un seul Sanglot suffirait pour mettre à terre ce duo silencieux sans trop de mal.
Cette perspective avait d’ailleurs un coté plutôt séduisant. Autant la garder en tête pour le reste des négociations.
« -Je vais avoir besoin d’informations sur ces choses. Leurs points faibles comme forts. Je n’ai qu’une escouade sur place alors la collecte d’intel me paraît encore plus précieuse qu’à l’accoutumée. Je vais vous demander de transférer toutes les données que vous pensez importantes à Darius, ici présent. » De la main gauche, il désigna le vétéran mentionné. « Nous déciderons ensuite de la marche à suivre. Une fois cette histoire réglée, nous reviendrons sur notre potentielle association. »
Son vis-à-vis n’avait pas l’air d’être particulièrement frustré par l’évolution de la discussion, ce qui prouvait au moins un bon contrôle de soi de la part du client. Bien. Élargissant un peu plus son sourire en ancrant son regard dans celui de Deydreus, le chef mercenaire décida qu’il était temps d’aborder le sujet le plus vital de tous :
« -Et j’ai bien peur qu’il nous faille aussi parler du prix. Alors : Combien pour le nettoyage de cette forêt ? »

****

Slick observait son imposant comparse allonger avec soin le corps inerte d’une folle sur les sièges de la soute du Vorace. Il était impossible d’ignorer le mépris résidant au sein du regard du fils favori mais Joshua n’en avait cure. Seul comptait le confort tout relatif de l’éternelle cinglée de compagnie des Sanglots. Son corps était sans cesse parcouru de spasmes assez spectaculaires et ses lèvres avaient virées au bleu depuis leur arrivée dans la soute. Les grosses mains caressèrent maladroitement un front marqué des traces rosâtres d’un coup brutal sans cesser à l’entente du ricanement hautain dans son dos.
« -Tu t’attaches trop mon gars. » Siffla Slick, son index pressé contre la lame de son kukri. « C’est rien d’plus qu’un cadavre en sursis maintenant. »
Un reniflement méprisant s’extirpa de l’imposante carcasse agenouillée aux cotés du corps.
« -C’est mon amie. Les amis s’aident dans ce genre de situations.
-Oh. »Slick s’avança en écartant les bras. « J’aimerais bien que tu me dises dans quel genre de situations elle est. »
Un court silence s’ensuivit. Le fils favori baissa les bras en haussant les épaules.
« -Elle a passé le point de non-retour. Elle est foutue. J’ai déjà vu ça dans mon escouade. »
Joshua se retourna pour lui faire face, un rictus de haine tordant son visage de la plus horrible manière.
« -Oui, j’ai entendu parler des traitements que tu réservais à ceux qui te « décevais » dans ton escouade. Ca ne se passe pas comme ça dans la Sanglot. Et tu n’avais pas à la frapper. »
Slick s’avança d’un pas, plantant son index sur le torse du géant.
« -Je l’ai frappée pour qu’elle évite de mâchouiller ta carotide pauvre connard. Au cas où tu ne l’ais pas remarqué elle n’essayait pas de s’échapper, juste de tuer tout ce qui se trouvait autour d’elle. Encore.»
La tension s’échappa du corps de Joshua, qui redirigea son attention sur la silhouette allongée. Slick croisa les bras.
« -Cette vie n’est pas faite pour tout le monde mon gars. Et la mort est rarement belle à voir.
-Ils lui tournent tous le dos. » Se désola le colosse. « Mike en a peur. Alexey ne la considère même plus comme humaine. Darius l’a toujours méprisée...
-Le patron continue à...
-Le patron va la massacrer le jour où il considérera qu’elle ne lui sera plus d’aucune utilité. »
Slick recula d’un pas en percevant la hargne de ces dernières paroles.
« -Ce sera toujours une fin plus agréable que les médic’ et la camisole de force.»
Court silence. Joshua s’agenouilla de nouveau aux cotés de sa protégée. Le fils favori se retint de prononcer une nouvelle sentence en remarquant qu’elle avait rouvert les yeux sans pour autant reprendre conscience. Ce regard, aussi vide de conscience qu’il pouvait l’être en ce moment, lui rappela celui de cette femme excentrique, autodestructrice et psychotique l’ayant un jour considéré comme...Ce qui ressemblait le plus à un « proche » dans son esprit torturé. Et son mépris envers elle s’évapora pendant quelques temps.
« -Je vais...Je vais prévenir mes gars qu’on a des hostiles dans la forêt. »
Joshua ne répondit pas. Pas plus qu’il ne réagit lorsque Slick quitta la soute. Il ne répondit pas non plus lorsqu’un des membres de l’escouade de soutien lui adressa un message pour vérifier que la liaison com était bien fonctionnelle. Le Forge-Mort des Dévoreurs demeura simplement là, à fixer le visage d’une amie à l’esprit en pleine désintégration, en se demandant si il y avait suffisamment de courage en lui pour l’accompagner jusqu’au bout.

****

De son coté, Billie « Kitty » Ssoba, seconde dans la chaine de commandement des « Fixeurs » de Slick, pointait son canon sur les restes d’un bosquet calciné en se demandant si la chose qui en était sortie, quelques instants auparavant, risquait de faire une nouvelle tentative dans les prochaines minutes.
« -Sans déconner ? » Grinça-t-elle, sarcastique, pour répondre à l’indication de son patron.
Slick lui répondit par radio :
« -Tu sais, la radio ne filtre pas l’agressivité et l’agacement. »
Billie grogna. A ses cotés, deux de ses camarades finissaient d’enterrer les douilles ayant résulté de leur première « prise de contact » avec les autochtones de la forêt. L’un d’eux ne cessait de secouer sa main ouverte du bas de l’auriculaire jusqu’au pouce.
« -Il y a un truc ni robotique ni humain ni animal qui vient de se jeter sur Donovan et qui a manqué de lui arracher la tête. C’est de ce genre d’hostile dont tu parles, au hasard ?
-Merde. Comment va Donovan ?
-Son casque a amorti le coup, heureusement. La bestiole s’est barrée. On la piste ?
-Nan. Tenez la position tant que les négociations ne sont pas terminées. Quelqu’un a vu les tirs ?
-Bien sûr, j’ai pris le temps d’enlever mon silencieux et de tirer le plus bruyamment possible.
-La radio ne filtre toujours pas.
-Tant mieux. »
Une branche sur sa gauche craqua.
« -Attends. »
Pivotant sur elle-même, Billie braqua son arme en direction du bruit et patienta. Ses collègues l’imitèrent aussitôt, à l’exception de Donovan, toujours sonné, qui prit un retard de deux longues secondes par rapport aux autres. Une odeur animale emplie l’atmosphère : Le mélange répugnant de pourriture, de mousse et de viande. D’autres craquements ne tardèrent pas à suivre, accompagnés cette fois d’un grognement sourd n’évoquant la plainte d’aucun animal connu.
La tête de la bête perça les feuillages et Billie se sentie tétanisée l’espace d’un battement de cœur. Sa gueule, garnie de crocs, était aussi épaisse qu’un tronc humain et recouverte d’écailles vert-brun en très mauvais état. Le regard belliqueux de la chose était celui d’un serpent rendu fou par une faim dévorante ne le quittant jamais...Mais le plus terrifiant restait le fait de savoir que Billie avait l’interdiction formelle de faire feu sur cette créature sous peine de...En réalité, elle n’avait aucune idée de ce que réservait le Seigneur Écarlate à l’imbécile ayant ouvert le feu sur son animal domestique et elle désirait rester dans son ignorance.
Son canon se baissa lentement malgré les grognements de la bête face à elle.
« -Billie, tout va bien ?
-Je...Est-ce que Morgar était censé venir aussi ?
-Ah, il est vers vous. »
Elle recula timidement lorsque la bête pénétra dans leur petit camp pour s’ébrouer et retirer les feuillages coincés entre les écailles de son dos.
« -C’aurait été bien de préciser. J’ai failli le descendre. »
Un rire franc provenant de la radio lui vrilla les tympans.
« -Non, tu n’as pas failli le descendre, crois-moi.  Mais sois rassurée, sa présence devrait repousser les bestioles qui trainent le temps de la fin de la discussion du patron. Refocalisez-vous sur l’objectif principal maintenant. »




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Deydreus Moonshire
Deydreus Moonshire
Le Porte-Peste
Dim 22 Déc - 14:08

Le spectacle auquel venait d'assister Deydreus était incroyablement intéressant. Ce court condensé de haine, de folie, avait eu le mérite d'éveiller la curiosité du Porte-peste. Visiblement, la vue d'Alasker avait éveillé chez ses clients un sentiment bien précis. Une envie de vengeance bien plus grande que ce qu'un mortel classique devrait ressentir. Intéressant. Plus tard, le docteur pourrait peut-être proposer des informations. En attendant, il focalisait son attention sur le dirigeant de la Sanglot. Carl Sorince. Toutes les informations qu'il avait pu récolter sur cet individu prouvait son efficacité. La façon dont ce dernier avait réagit face à ce spectacle montrait aussi le manque d'humanité dont il pouvait faire preuve. Quiconque laissait pareil élément dans ses effectifs ne pouvait pas, être normal.
Croisant les mains sur la table, Deydreus prit finalement la parole, fixant son homologue des dévoreurs.

- A priori, l'argent n'a pas d'effet supplémentaire par rapport à un impact de balle classique sur la chaire des sujets tests. Le derme renforcé qu'ils ont développé peut néanmoins arrêter la plupart des calibres légers. Les balles perforantes en revanche sont capables de traverser leur peau. Amarande? Merci de transférer les informations demandées à nos invités.

Détournant son regard de Carl pour observer les mouvements d'Amarande, le docteur resta silencieux tout le long de la démarche. Une fois la puce de données offerte au vétéran de la Sanglot, Deydreus reporta de nouveau son attention sur le père des Dévoreurs.

- Comme présent dans les rapports que je viens de vous offrir, les points forts de ces créatures sont nombreux. Griffes pouvant perforer les blindages habituels, crocs enduites d'une salive aux propriétés acides. Cette dernière est principalement là pour aider à la digestion de la viande ingérée par la créature, mais peut s'avérer dangereuse sur un tissu humain. Naturellement, les sujets sont nyctalopes, disposent d'un odorat et une ouïe plus développés que la normal. Peut-être même un peu plus qu'un soldat amélioré du programme américain. Ils disposent également d'une régénération cellulaire plus ou moins lente selon l'individu. Comme mentionné plus tôt, leur peau est plus résistante qu'un gilet kevlar lourd, et leur force est elle aussi augmentée. Concernant les points faibles, les sujets cités ont perdu toute trace de raison. Il ne s'agit que de bêtes assoiffées de sang dont les instincts bestiaux ont pris le dessus. Si cela s'avère être un avantage dans la plupart des cas, il n'en est rien quand le prédateur devient la proie. Ces, lycanthropes, ne chercheront pas à dissimuler leurs traces. Ils seront facile à pister et localiser. En plus de cela, le feu semble les affecter un peu plus que la normale. La faute à leur pelage. Pour le reste, et afin de ne pas trop monopoliser la parole, je vous laisse étudier les rapports. Mais nous avons au moins fait un tour rapide de ce qu'il faut savoir.

Il tourna ensuite la tête, plongeant son regard vairon quelques secondes dans les yeux à la lueur verte de Dansepeste. Cette dernière baissa légèrement la tête, comprenant l'ordre silencieux de son maître. Elle se retira alors quelques secondes, avant de revenir avec une mallette qu'elle déposa sur la table. Remerciant sa subalterne, le docteur poussa la mallette vers Carl, reprenant ensuite la parole.

- Concernant le prix, voici ce que je vous propose. 500 000 dollars pour la première partie du paiement, et l'acceptation de cette demande. Une fois la mission réussie, et quelque soit votre décision sur une possible association, vous recevrez 200 000 dollars supplémentaires, ainsi que deux lycanthropes en condition parfaite. En effet, les cibles que je vous propose de traquer ne sont que les échecs de mon projet, même si ces échecs font parties du test global. Mais je dispose de plusieurs autres sujets en parfaite condition, et qui ont eux réussi à dominer leurs instincts bestiaux. Tout du moins lorsqu'ils n'ont pas l'ordre de se déchaîner. Pour l'anecdote scientifique, les sujets victimes d'un handicap lourd semblent bien plus réactifs à l'amélioration que des sujets bien portants. Comme si le cerveau assimilait bien mieux la transformation lorsqu'il avait perdu le contrôle plus ou moins partiel de son premier corps. En revanche, tous les sujets deviennent stériles, qu'ils soient féminins ou masculins. Enfin, je m'égare. En résumé donc, ce contrat est d'une valeur de 700 000 dollars, et de deux lycanthropes qui vous seront totalement soumis. La livraison de ces spécimens se fera naturellement selon vos disponibilités, et à l'endroit que vous désirez.  

Il marqua une courte pause, observant l'ensemble des effectifs présent, puis reprit.

- Alors Mr Sorince, avons-nous un accord?  

Silencieuse, Dansepeste observa alors son maître, puis le Père des dévoreurs. Et dans l'éclat particulier de la lune, la servante du Porte-peste remarqua les sourires parcourant le visage des deux individus. Un sourire si particulier qu'il en était semblable. Pour peu, on aurait même pu croire qu'il s'agissait d'un miroir reflétant à chacun des deux protagonistes son reflet malsain. Deydreus avait vu juste en faisant appel à eux. Dansepeste le sentait. S'ils acceptaient le contrat, la Sanglot deviendrait sans l'ombre d'un doute, des alliés de choix pour son maître. Joignant ses mains gantées devant elle après avoir vérifié que le voile couvrant le bas de son visage était toujours présent, la rousse attendait silencieusement la réponse du Père des Dévoreurs. Et au fond d'elle, elle espérait vivement pouvoir leur prouver rapidement que son maître était tout, sauf un simple beau parleur.

*
*  *


Dans l'obscurité de la nuit, plusieurs paires de yeux jaunes s'observaient en silence. La lueur bestiale de ces derniers témoignaient de la violence dont leur propriétaire pouvait faire preuve. Plusieurs chandeliers s'allumèrent alors, révélant la pièce dans laquelle les deux créatures se tenaient, ainsi que la cage qui les retenait. Cette dernière n'était pas faite de barreaux classiques, mais était composée d'une sorte de grande structure en verre. En vérité, il s'agissait d'un alliage isolant. Les créatures tournèrent alors leur gueule canine vers la personne qui descendait doucement les marches. Les pas lents et discrets de la silhouette féminine semblait plus intriguer qu'exciter les bêtes enfermées. Replaçant doucement les quelques mèches de sa chevelure rousse, Danspeste termina sa descente et se plaça juste devant la grande cage qui la séparait des lycanthropes. Ses yeux lumineux sondèrent les créatures dans un silence seulement brisé par la respiration rauque des bêtes. Finalement, une des bêtes laissa un long rugissement sortir de sa gorge, révélant des crocs bien trop pointues et grandes pour être naturelles. Cette gueule carnassière et menaçante ne décrocha cependant aucune émotion sur le visage à moitié décharnée de Natalia, qui posa simplement sa main droite contre le battant en verre.

- Pauvres créatures. Rejetées autrefois à cause de votre propre faiblesse, abandonnées par vos camarades. Par la Griffe elle même.

Les bêtes grognèrent, certaines montrèrent leurs crocs, menaçantes.

- Pourtant, il vous a offert quelque chose. Vous qui n'étiez plus rien. Vous êtes plus grandes, plus fortes.... Mais toujours, que de simples bêtes. Guidées simplement par un instinct animal, bestial. Seules la haine et la faim dirigent vos émotions, vos pensées.

D'autres rugissements, plus forts. Une des créatures se jeta sur la surface vitrée, griffant sa surface frénétiquement avant d'être projeté en arrière par une décharge électrique.

- Mais vous ne serez pas simplement rejetées. Notre maître vous offre une chance de prouver votre efficacité. Une forêt. Un terrain de jeu pour vous. Une chasse. Bientôt.

La lourde porte en haut des marches s'ouvrit alors, détournant l'attention de la rousse vers l'origine du bruit. Deydreus, droit et silencieux, observait toutes les créatures présentes dans la pièce de ses yeux vairons. Une forte chaleur parcourut rapidement la poitrine de Dansepeste alors qu'elle sentir son ventre se nouer quelques instants, puis cette sensation disparut de nouveau, son calme habituel reprenant le dessus. Son maître, laissa un léger sourire parcourir ses lèvres avant de lui aussi reprendre son attitude neutre. Descendant les marches doucement, il posa son regard sur son élue puis sur les lycanthropes.

- Tu passes beaucoup de temps avec ces sujets Dansepeste. Pourtant, il s'agit là de sujets n'ayant pas réussi à se maîtriser. Des bêtes semblables à des chiens fous.
- Elles me fascinent. Dans un sens. La simplicité de leur bestialité les rend plus attrayantes que les autres sujets étant parvenus à se dominer. Je ne sais trop pourquoi. Mais cette rage qui les anime... Cette faim. Je la trouve à la fois sublime et intrigante. Dans un sens, j'ai envie de voir jusqu'où elle les mènera.
- Et nous aurons bientôt l'occasion de voir cela par nous même. Nous partons dans trois jours.
- Vous avez reçu une réponse positive de nos potentiels alliés? Nous allons donc bien les laisser chasser?
- Pas encore, disons simplement qu'ils acceptent de me rencontrer pour discuter du contrat. Et ces sujets en seront l'objet. Ordonne qu'on les libère dans la forêt dont je t'avais parlée. Je souhaite savoir s'ils survivront ou non, et si leurs instincts bestiaux sont tout ce qui leur reste.

En réponse, les bêtes hurlèrent de plus belle, deux d'entre elles s'échangèrent même quelques coups de griffes, se projetant l'une l'autre contre les parois blindées de la cage. Silencieuse, Dansepeste observa le spectacle puis acquiesça auprès de son maître, se détournant de la cage pour remonter les marches avec ce dernier. Quelques instants plus tard, les ténèbres firent de nouveau leur apparition alors que la lumière s'échappait de la salle, laissant les bêtes seules avec leur rage et l'obscurité.




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Carl Sorince
Carl Sorince
Recrue
Ven 10 Jan - 16:58

« -Vous... Vous allez nous donner des loups-garous ? »
Mike tentait vainement de retenir un éclat de rire hystérique.  Cela se manifestait par quelques ricanements d’hyène affamée s’échappant de sa bouche à peu près toutes les trois syllabes. Un véritable feu de joie d’agacement s’alluma dans le regard de Darius sans que son jeune comparse ne le notifie. Carl lui accorda le droit à l’excitation.  Après tout, ce n’était pas courant de se voir offrir deux bêtes mythiques génétiquement modifiées en paiement de job. La prime semblait correcte aux vues des circonstances. Et l’embaucheur, bien que définitivement louche, n’avait pas l’air de vouloir les entraîner dans un coup fourré. Tout ceci semblait presqu’un peu trop facile, à dire vrai.
Le regard de la chétif femme voilée aux côtés de Deydreus était fixé sur lui. Plus précisément sur son sourire. Ce n’était pas un regard de défi ou, au contraire, envieux. Celui-ci se faisait scrutateur en se voulant peut-être –sans doute- imperturbable. Carl avait toujours aimé qu’on l’observe de cette manière. Malgré toutes ces simagrées censées dissimuler l’expectative, l’attente de l’autre restait quoiqu’il arrive perceptible. S’ajoutait souvent à ladite attente une crainte, parfaitement fondée : Celle du refus, de la mauvaise décision de la part de l’observé, pouvant mener dans certains cas à une explosion de violence.
Il extirpa de son holster l’un de ses pistolets lourds. L’autre femme, celle qui était en armure, esquissa le début d’un mouvement presque imperceptible de la main en direction de son épée. Darius et Mike se figèrent. Le visage d’Alexey se fendit d’un demi-sourire. De sa main libre, Carl retira calmement de sa poche un mouchoir gris qu’il porta avec délicatesse jusqu’à l’arme dégainée. Tout en frottant d’un air détaché, le chef mercenaire adressa un sourire amusé à la garde en armure avant de déclarer :
« -On va s’occuper de ces bestioles. Et ensuite nous pousserons un peu plus loin cette entrevue.»

***

Dans la soute du Vorace, Mila, assise sur l’un des sièges de la soute, les genoux ramenés sous son menton et les bras autour des jambes, se balançait sur elle-même en frissonnant par à-coups. Joshua se tenait à ses cotés, l’air faussement enjoué par la reprise de connaissance de sa collègue. Le géant ne savait pas trop comment se tenir et alternait entre des phases bras ballants et d’autres où il posait une timide main sur l’épaule de la convalescente qui ne semblait même pas s’en rendre compte.
« -Combien de temps ça a duré ?
-Une petite demi-heure, guère plus.
-Et je t’ai attaqué ? » Les larmes jaillissaient des yeux de Mila sans qu’elle n’en ait conscience, trop occupée par sa propre introspection pour sentir l’eau salée couler le long de ses joues.
Joshua demeura interdit, sachant pertinemment que toute confirmation ne ferait qu’accentuer la détresse de son amie. Son silence, hélas, comptait comme une réponse.
« -C’est de pire en pire. » Se lamenta-t-elle en portant son index à sa bouche pour le mordre jusqu’au sang.
Le souffle mourant d’un lointain soupir se fit entendre. Joshua risqua un coup d’œil jusqu’à la silhouette assise au bord de l’entrée arrière du vorace, occupée à fumer une cigarette en évitant à tout prix de jeter un regard dans son dos. Slick n’avait pas prononcé un mot depuis le réveil de Mila. En fait, après sa discussion radio avec l’escouade de surveillance, le balafré s’était terré dans un mutisme désarçonnant assez proche de celui que Carl pouvait arborer lors de ses phases d’intenses réflexions. Joshua esquissa une moue répugnée à cette comparaison. Chaque jour, le fils favoris ressemblait un peu plus à son père.
Et chaque jour, il sentait l’amitié qu’ils avaient jadis tous partagés faiblir, diminuer, s’éteindre. Slick n’était pas le seul à opter pour une voie plus solitaire. Tous, à leurs manières, commençaient à se détacher des autres face à l’indifférence grandissante de celui qui avait jadis forgé leurs liens au milieu des champs de batailles et des charniers. Joshua se demanda un court instant ce qu’il ferait le jour où la Sanglot serait dissoute pour de bon et opta aussitôt pour la rébellion, voir l’assassinat, de Carl Sorince. C’était la seule chose sensée à faire dans le cas d’un échec. Avant de devenir le « Seigneur Écarlate » il leur avait, à tous, promis l’avenir rêvé de celles et ceux vivant et mourant pour la guerre : Une famille de barges, assez dingues et soudées pour affronter chaque adversaires en riant au nez de la mort. Mais les dévoreurs ne devenaient rien de plus qu’une énième bande de guerre au chef paranoïaque, trop lâche et fourbe pour accepter la responsabilité d’un échec, d’une trahison inattendue.
D’une mort profondément injuste.
Mais ce n’était pas ça qui avait rendu Joshua vraiment antipathique envers son patron. Non. Ca, ces conneries sur la lente déchéance préprogrammée des dévoreurs, il ne les racontait que pour éviter d’aborder les vrais problèmes :
Carl vivait parce que Mendoza avait donné sa vie pour lui. Peut-être pas de manière délibérée, peut-être que le gamin avait vraiment cru qu’il avait une chance de passer en-dessous de la balle après avoir poussé son boss, mais qu’importe, le fait demeurait : sa boîte crânienne avait encaissée la balle à la place du patron. Sa mort lui était directement imputable. C’était injuste comme manière de raisonner, bien sûr. Mais c’était le cas.
Et puis bien sûr, venait aussi le cas « Mila ». Il fallait être aveugle pour ne pas voir l’amusement que la détresse de l’infirmière procurait au Seigneur Écarlate. Lorsqu’elle avait sentie les prémices de sa chute, Mila était venue lui demander de l’aide. Et Carl avait répondu à cette demande d’une telle sorte qu’en réaction, sa plus fidèle partisane s’était tranché la gorge au couteau en face de lui. Pour une raison inconnue que Joshua soupçonnait être une once de culpabilité, Carl l’avait tout de même sauvé. Mais ça n’avait pas duré. La nature profonde du patron des Dévoreurs restait celle d’un destructeur et le remède qu’il avait trouvé à la détresse de la quasi-suicidée n’avait fait que la plonger d’avantage dans la douleur.
Maintenant, elle gesticulait au bord d’un précipice au fond insondable mais manifestement séduisant à en juger ses écarts récurrents. Le jour viendrait où elle tomberait pour de bon. Dans l’indifférence générale. Et pour le plus grand amusement d’un certain Seigneur.
C’était cet amusement-ci qui avait fait naître la haine de Joshua. Il aurait pu tout encaisser de la part de son chef, sauf son sourire lors des crises de Mila. C’était trop.

«-Je suis tellement désolée. » Gémit la convalescente en accentuant un peu plus ses balancements.
Joshua voulu articuler quelque chose avant de prendre conscience que l’excuse ne lui était pas destinée. Elle était réservée à la silhouette famélique se dessinant dans la clarté toute relative provenant de l’entrée de la soute et s’approchant d’un pas traînant d’eux, précédée par un Slick souriant.
« -Ne sois pas désolée ma belle. Tu as été parfaite. » Fit Carl, le plus naturellement du monde, en s’agenouillant aux côtés de Mila pour essuyer, des joues de celle-ci, une énième larme.
La tristesse accablante de l’infirmière se métamorphosa aussitôt en profonde adoration envers son seigneur. Carl sourit.
« -Tout va bien maintenant. Tu penses que tu peux continuer le boulot ?
-Oui. Je peux encore. »
Joshua en doutait. A l’inverse de son patron, qui fit quand même mine de s’en inquiéter.
« -Tu es sûre ?
-Tu sais bien que oui. »
Le rictus qu’il afficha à cette réponse demeura indéchiffrable pour le géant observant la scène. Carl se redressa en s’appuyant sur ses genoux.
« -Redonnez-lui ses armes. » Ordonna simplement le Seigneur écarlate en reprenant sa marche jusqu’à la porte avant de la soute menant au cockpit.
Joshua le suivit un court instant avant d’être attrapé par le bras par un Slick au regard réprobateur.
« -Ne discute pas ses décisions. Pas maintenant. »
Le visage du géant pâlit, comme à chaque fois qu’il se mettait vraiment en colère. Le fils favoris ne relâcha pas sa prise pour autant. Carl disparut à l’intérieur du cockpit en verrouillant la porte derrière-lui.
« -Tu ressembles de plus en plus à un chien-chien, Slick.
-Et toi à un cadavre. Je dis ça pour t’éviter une humiliation, tu sais comme il réagit face à l’insubordination.
-Comme toi. »
C’était plus une accusation qu’une réponse.
Slick secoua la tête d’un air profondément amusé en lâchant finalement ce bras deux fois plus épais que le sien.
« -Non Josh’. C’est moi qui réagis comme lui. Pas l’inverse. C’est d’une importance foutrement considérable que t’as l’air d’oublier. C’est. Le. Patron. » De sa main libre, il jeta un fusil d’assaut à Mila, qui l’attrapa par la poignée au vol en lui accordant un clin d’œil.
« -Peut-être que j’ai des raisons de l’oublier.
-Peut-être, mais si tu veux te faire tuer, attends la fin de ce contrat. On va avoir besoin de flammes. »
Darius, Mike et Alexey pénétrèrent à leur tour dans la soute tandis que les moteurs du Vorace se remettaient en marche en expédiant un nuage d’épines de pins dans toutes les directions. Avant de s’asseoir, Darius alla à la rencontre d’une Mila exubérante en train d’attacher son holster de cuisse pour lui tendre la machette militaire qu’on lui avait confisquée lors de sa perte de contrôle. Joshua ne parvint pas à entendre les mots qu’échangèrent à cet instant l’infirmière et le vétéran mais cela suffit à faire briller les yeux de Mila d’une lueur presque attendrissante.
« -Elle ne devrait pas y aller avec nous.
-Où ? Au combat ? Mila ne devrait pas aller au combat ? » S'amusa Slick en surveillant du regard que l’infirmière en question ne venait pas dans leur direction.
« -Elle n’est pas en forme.
-Même son ombre tue mieux que la plupart de nos gars.
-Et c’est tout ce qui compte pour toi et le boss, hein ? »
L’expression de Slick se durcit brutalement. Sa joue brûlée s’étira étrangement avant qu’il ne camoufle ce tic nerveux en souriant sans la moindre joie.
« -Ne me fais pas de leçon de morale Josh’. Ni à moi, ni à personne ici. Tu peux jouer au grand protecteur avec elle si ça t’amuses mais nous...On sait tous ce qui se cache dans cette tête. »

***

Les deux cristaux de verres émeraudes brillaient d’une haine aussi perpétuelle qu’artificielle envers la vie elle-même. Il n’y avait rien d’autre en leur sein. Nulle conscience. Nulle empathie. Seulement un vide haineux et total luisant dans l’obscurité. Pour Donovan, c’était ce néant-ci qui témoignait de la nature tout à fait inhumaine de la chose face à lui. Pas les griffes terminant ces « mains » aux doigts déjà bien trop longs. Ni les jambes aux airs d’échasses d’aciers pouvant se plier et s’articuler de manière impossible. Pas même le torse « châssis », cette cage-thoracique squelettique aux composants trois fois blindés, partiellement couverte d’une cape composée de différents cuirs humains taillés et cousues grossièrement les uns aux autres.  Non. Tout ça, Donovan l’avait déjà vu chez des cibles humaines adeptes de cybernétiques et d’auto-améliorations sinistres. Mais la haine qui se déversait par la parodie de regard qu’arborait le crâne de métal servant de « visage » à la chose. Ça, seuls les omniacs et les autres saletés synthétiques pouvaient se targuer d’en détenir le secret.
Et ça lui avait toujours foutu les jetons. Impossible de deviner quoique ce soit lorsqu’une machine de mort littérale regarde dans votre direction. Il serait facile de prétendre que ceci est tout à fait logique, puisqu’elles ne pensent pas à proprement parler. Mais inutile de se mentir : Les matrices cognitives font le travail de n’importe quel cerveau, en mieux, sans le parasitage incessant d’émotions non désirées. Des ordinateurs imitant des cerveaux dans des corps d’aciers imitant ceux de chair. Comment ne pas être terrifié ? Comment ne pas se demander : « Putain, à quoi il pense, là ? ». Les tas de ferrailles, en particulier celui-ci, étaient simplement illisibles en plus d’être imprévisibles.  Et il détestait tout ce qui était imprévisible.
« -T’es encore en train de le fixer, Don’. » S’amusa la sapeur « Ricky » Samuels en expédiant un coup de pied botté dans les jambes étendues de l’anti-robot pour le forcer à lui laisser assez de place pour passer entre lui et un énorme buisson épineux.
« -C’est lui qui me fixe. » Marmonna-t-il une fois redressé.
Ricky ricana...Puis s’immobilisa à l’entente d’une voix bien trop grave pour être humaine :
« -Négatif. J’effectuais une sauvegarde. Ma vision était donc désactivée.
-Une sauvegarde ? » Répéta la sapeur rousse.
Le crâne blindé acquiesça.
Ricky fronça les sourcils.
« -Pourquoi ?
-J’ai obtenu de nouvelles informations sur la mission en cours. »
Donovan pencha la tête sur le coté, dubitatif.
« -C’est pas possible, on aurait reçu les info’ aussi. »
Court silence.
Ricky risqua une supposition :
« -Est-ce que c’était de l’humour ? »
Le robot s’approcha d’un unique pas avant de répondre :
« -Affirmatif. Catégorie : Ironie. But : déstabiliser les sujets et les amener à changer de sujet.  Je fixais effectivement l’opérateur Donovan. »
Une envie soudaine de dégainer vint titiller l’esprit du désigné. Tout en tentant de se contenir, « l’opérateur » cracha hargneusement :
« -Mais pourquoi bordel ?
-Je vérifiais vos signes vitaux. Votre rythme cardiaque ne cesse d’augmenter.  Votre peau est trop tendue.»
Cette dernière allusion à son enveloppe corporelle le frappa comme un train. Cette fichue bestiole d’acier était complètement obsédée par ce qui lui servait de cape nom de dieu !
« -T’en fais pas pour ma peau. Tu ne l’auras pas, quoiqu’il arrive. »
Mais le faux-regard d'Émeraude ne le quittait pas. Pas plus que son possesseur ne reculait. Même Ricky, d’habitude si peu concernée par...Tout, commença à avoir l’air sur la défensive durant le silence qui suivi.
« -Inexact. »
Quoi encore ? Manqua-t-il d’hurler.
« -Si l’escouade « Fixeur » tombe, il y a 11,7% de chance que l’Administrateur oublie de m’interdire de prélever des matériaux organiques sur vos corps. » Sa déclaration terminée, le squelette blindé se détourna du duo de chair pour se diriger jusqu’à son nouvel objectif, quel qu’il soit, d’un pas bien trop léger et discret pour quelque chose pesant plus d’une demi-tonne.
Ricky évacua sa tension dans un grand éclat de rire puis tapota sur l’épaule de Donovan.
« -C’est encore une blague.
-Négatif. » Entendirent-ils au loin.

***

L’escouade de commandement rejoignit celle des Fixeurs avec une absence de discrétion clairement désirée. Le contractant ne représentait plus une menace immédiate, à l’inverse des pseudos loups-garous présents dans la forêt. Il était important d’être aussi rapide qu’efficace pour empêcher les créatures de s’habituer à leur présence et d’agir en conséquence.
Aussi le Vorace fila jusqu’au nouveau lieu de rendez-vous et s’improvisa une ZA à l’aide de ses deux lance-flammes latéraux. Une clairière de terre brûlée se dessina rapidement en plein centre de la forêt sans que l’incendie ne puisse se propager, principalement grâce à la haute humidité locale mais aussi au grand désarroi des plus pyromanes des deux bandes, Slick en tête.
La réunion se fit dans la joie pour quelques rares élus. Slick fut accueillie par Ricky d’une manière tellement chaleureuse que Fixeurs comme Sanglot échangèrent quelques regards gênés. Ce n’était pas tant l’effusion, la cause de l’embarras, mais son contexte. La jeune sapeuse rousse, de cinq ans sa cadette, était devenue la nouvelle amante du fils favori après que ce dernier ait assassiné la précédente. Cela faisait un peu moins de trois semaines maintenant et tous avaient encore en tête l’étranglement affreusement long ayant mit fin aux services de la pauvre Natasha. La cause de la dispute n’avait pas été divulguée, mais son résultat était resté clairement visible, exsangue, au bord d’un des ponts de l’ile de fer pendant plusieurs très longue minute avant que des brancardiers ne la prennent en charge.
De son côté, Carl enserra dans ses bras, le temps d’une courte étreinte, le seul de ses compagnons ayant droit à ce genre d’effusions : Morgar. Puis, finalement, Alexey et SK1NN3R échangèrent un hochement de tête entendu avant de prendre place côte à côte en attente d’instructions. L’unité de combat synthétique et le sniper étaient devenus « amis » depuis leur première mission commune. Ils n’échangeaient pas beaucoup mais le robot semblait être plus complice avec son compère Russe que n’importe qui dans la Sanglot. Un exploit aussi notifiable qu’inquiétant aux yeux du plus grand nombre.
Ces effusions terminées, Darius articula rapidement un résumé de situation, marqua une pause durant laquelle il alluma une cigarette, avant de prendre soin d’insister sur l’aspect retors de l’employeur :
“-Le patron, Slick et moi-même sommes d’accord à ce sujet : L’employeur se fout en partie de notre gueule. Ces bestioles et leur neutralisation, c’est un prétexte. Un outil pour nous mettre à l’épreuve et voir si oui ou non on mérite de bosser avec lui pour des trucs plus intéressants. Il est tout à fait probable qu’en cas d’échec, même minime, il tente de couvrir ses traces de la manière la plus directe possible.
-C’est à dire ?” Risqua un Mike qui n’avait absolument pas soupçonné un tel scénario.
Slick s’avança au centre du cercle s’étant formé autour de Darius pour répondre à sa place :
“-Dis toi que l’employeur c’est le patron.
-Mais le patron, c’est Carl.
-Précisément.” Intervint l’origine de l’exemple, assis sur un réservoir de lance-flamme, la main gauche posée sur le canon de son fusil à pompe.”Qu’est-ce que je ferais à sa place, si mes nouveaux employés étaient assez nuls pour me décevoir ?
Court silence. Mike ouvrit la bouche, la referma, puis la rouvrit.
“-Ouai. ‘fin j’ai quand même l’impression que ses deux escorte-girl risquent pas de nous faire grand chose.
Joshua acquiesça en tendant une cigarette à son comparse. Le vétéran de l’escouade, au centre du groupe, soupira.
“-C’est pas la question. Si il se retourne contre nous, on a pas les infos sur la griffe.
-Et donc on a pas les infos sur Al’.” Termina Mike.
Quelques têtes se hochèrent lentement. Même Mila prit un air concerné.
“-Voilà. Maintenant Kitty, parles-nous de ce que tu as vu.
Darius quitta le centre, laissant sa place à la dénommée Kitty. La seconde des Fixeurs s’éclaircit la gorge et força sa silhouette voûtée à se redresser pour gagner un ou deux précieux centimètres et ainsi dépasser le mètre soixante. Ses mains bandées de tissus blancs sales s’enfoncèrent dans les poches de sa veste pour dissimuler leurs tremblements. Ceux qui la connaissaient depuis assez longtemps en tirèrent la conclusion que sa prise quotidienne avait été retardée par ce briefing impromptu.
L’escouade de Slick ne s’appelait pas “Les Fixeurs” pour rien.
“-Une de ces bestioles s’est jetée sur Dono’, ici présent.
Le désigné, son casque brisé sous le bras, acquiesça en réarrangeant sa courte tignasse blonde de sa main libre, sans grand succès.
“-Ca ressemblait pas aux grosses bestioles costaudes dont vous arrêtez pas d’causer.
Donovan intervint :
“-Clairement. On était plus sur une sorte d’avorton trop grand pour son poids qui bougeait de manière parfaitement aléatoire. Il a foutu un coup de griffe que j’ai presque eu le temps de voir venir. Assez fort pour démonter mon casque par contre.
-Quelle taille?” Demanda Mike sans parvenir à retenir une quinte de toux.
“-Environ deux mètres...P’tet’ deux mètres vingt au max. Mais pas plus de 60 kilos. Du coup c’était bizarre. Un tas d’os. Il s’est barré au premier coup de lance-flamme.
Les Sanglots échangèrent quelques suppositions entre eux. Mila se mordit la lèvre inférieure sans quitter des yeux Kitty. La petite lieutenant recula d’un demi-pas sous le poids de ce regard. Et puis Alexey prit la parole.
“-C’est un banni. L’avorton de la bande.
-Développe.” L’encouragea Carl sans cesser de gratter affectueusement la tête de Morgar de sa main libre.
“-Ca colle avec le fait qu’ils soient à moitié loups. La nature est cruelle. Certains loups se barrent d’eux-mêmes ou se font carrément bannir si ils ne sont pas utiles en période de grosse disette. J’imagine qu’il leur faut beaucoup de viande avec leurs poids, alors...
-La période de disette est constante.
-Je suggère d’éliminer cette cible en premier.
La voix de SK1NN3R fit sursauter Donovan, aussitôt sous les rires de deux autres fixeurs. Darius plissa les yeux en donnant la parole d’un geste de la main à l’unité de combat :
“-Si je prélève une partie de sa biomasse, je pourrais pister les sujets partageant les mêmes caractéristiques ADN dans une zone proche. J’ai une autre suggestion cependant. Avertissement : La prochaine proposition est éthiquement parlant discutable.
-On est pas avec les nations unies, vas-y.
-En le faisant hurler assez longtemps, je pourrais enregistrer, reproduire ses cris et les moduler pour faire en sorte d’attirer ses semblables.
Quelques rires se firent entendre.
“-Torturer un loup-garou, j’ai encore jamais testé.” S’amusa Slick. “Je suis pour.
L’intégralité du rassemblement repris en chœur cette dernière affirmation.

Le plan se mit en place assez rapidement suite à cela. Il fut décidé qu’un petit groupe de traque, composé d’Alexey, SK1NN3R, Donovan et Slick serait envoyé en avant pour remonter la piste de la créature depuis sa dernière position connue alors que le reste de l’équipe préparerait l’installation d’une zone fortifiée aux abords du site d’atterrissage. La sapeuse Ricky fut chargée de diriger l’installation pendant que Carl, installé sur le bord de la rampe de débarquement du Vorace, finissait de préparer le dernier élément clé de l’opération.
A sa droite, l’hologramme de leur employeur, projeté par une petite capsule sphérique grosse comme la main et posée au sol, l’observait sans un mot.
“-Désolé pour la mauvaise qualité de la transmission.” Commença le chef mercenaire en s’escrimant à serrer une sangle autour d’un Morgar étrangement docile. “Ca ne devrait plus tarder maintenant. J’espère que vous avez des pop-corn?” D’une des poches de sa veste tactique, Carl extirpa un tube d’une trentaine de centimètre qu’il fixa au-dessus de la tête du reptile. Le dispositif tubulaire s’activa ensuite d’un pressement de doigt imperceptible.
“-Voilà. Normalement vous me voyez comme Morgar me voit. Enfin. Non. Z’avez pas une vision de reptile mais on se comprend, quoi.” Il fit un geste de la main en direction de l’oeil de la caméra. Morgar fit claquer sa mâchoire en clignant des yeux de sa troisième paupière.
Si confirmation vocale il y eu de la part de l’hologramme, Carl n’y prêta pas attention.
“-Nous allons faire en sorte d’attirer vos bestioles jusqu’à nous plutôt que l’inverse. Alors ça ne va pas être très “spectaculaire” pour les prochaines heures. J’ai des gars qui se sont enfoncés dans la forêt pour...Repérer, on va dire. Si vous comptez envoyer un ou deux surveillants sur place j’n’ai rien contre mais notre petit arrangement n’a jamais mentionné un quelconque babysitting alors...Je ne risquerais pas la sécurité de mes agents pour assurer celles des vôtres.
Le message devait être clair : La présence d’unité étrangère aux Dévoreurs n’était pas souhaitée durant l’opération. L’idée qu’une autre unité puisse être envoyée pour assister les siennes relevait presque de l’insulte, en tout cas dans une situation semblable. L’employeur devait être assez futé pour savoir cela de lui-même mais une clarification restait importante, quoiqu’il arrive.
“-Ceci étant dit, installez-vous bien et profitez du spectacle.” Poursuivi le chef mercenaire en posant son fusil à pompe sur ses genoux alors que ses sous-fifre, autour du vorace, commençaient à installer barbelés et capteurs de mouvements. “La mise en place, au moins, ne devrait pas être trop longue.




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Deydreus Moonshire
Deydreus Moonshire
Le Porte-Peste
Dim 12 Jan - 14:37

Lorsque les Sanglots et leur chef s'en allèrent, Deydreus les observa jusqu'à ce qu'ils disparaissent complètement de son champ de vision. Derrière lui, Dansepeste restait silencieuse et analysait quand à elle les potentielles réactions de son maître. Comme à son habitude, son visage n'affichait aucune émotion perceptible et son regard analytique semblait calculer des centaines d'informations à la seconde. Se retournant finalement, ce dernier jeta un rapide coup d’œil vers la rousse puis vers Amarande, avant de finalement se diriger vers la tente qu'ils avaient monté la veille. La championne du Porte-peste se risqua alors à un commentaire sur le groupe qui allait travailler avec leur maître. Pour l'ex agent de sécurité, le père des dévoreurs représentait une variable bien trop inconstante et dangereuse pour s'avérer être un élément fiable. D'après elle, au moindre changement d'humeur, ou pire, de situation, ce dernier pourrait tout à fait se retourner contre eux. Le rire glacé qui s'échappa de la gorge de Deydreus figea sur place ses deux protégées. Dansepeste se surprit elle même à sentir un léger frisson parcourir son échine.

- Bien sûr qu'il est instable. Tout comme je pourrais l'être pour quelqu'un qui m'observe pour la première fois. Mais, avez-vous bien observer ce petit groupe lorsque nous avons projeté l'hologramme?
- Je n'ai vu que de l'hystérie et des potentielles menaces.
- Ton sens du devoir est tout à ton honneur Amarande. Tu cherches constamment à me protéger et recherche les cibles qui pourraient m'en vouloir. J'aime cette dévotion mais... Ouvre un peu plus les yeux et augmente ton niveau de réflexion. Tu n'es pas une simple garde du corps.

Il plongea alors son regard vairon dans celui de la femme aux cheveux blancs, la figeant sur place et provoquant un nouveau frisson chez Dansepeste.

- Tu es ma championne. Alors, vois au delà des apparences, veux-tu?  

L'intéressée mit alors instantanément un genoux au sol, baissant la tête et plaçant son bras droit contre sa poitrine.

- Navrée de vous avoir déçu maître. Je ferais bien plus attention.

Dansepeste laissa son regard vagabonder sur sa sœur de bataille. Contrairement à elle, Amarande avait gardé bien plus d'émotions et de caractère suite à sa résurrection qu'elle n'en avait jamais eu. De plus, la championne semblait toujours vouloir protéger son maître, malgré le fait que ce dernier ne puisse être tué. Quelque part, la rousse trouvait cela "mignon", bien qu'inutile. De par cette obsession, d'autres individus pouvait jouer de ce trait de caractère pour s'en prendre à elle directement. D'ailleurs, Natalia se demandait si le père des dévoreurs n'avait justement pas fait toute cette esbroufe uniquement dans le but de la provoquer.  

- Je sais que tu le feras. Quoi qu'il en soit, nos nouveaux compagnons ont visiblement besoin des informations dont nous disposons sur la Griffe. Et si j'osais un pari, je dirais même des informations sur Alasker. Visiblement, ces individus ont un passé commun. Un passé qui se mêle visiblement dans un présent bien sanglant.

Arrivant finalement à la tente, le Porte-peste invita ses deux subalternes à se mettre en place. Acquiesçant silencieusement, les deux intéressées entrèrent dans la tente, se positionnant derrière lui alors qu'il s'asseyait devant un projecteur holographique.

*
* Quelques heures plus tôt *


- J'arrive pas à croire que tu veuilles quitter les Rangers.
- J'en ai juste marre de devoir protéger des forêts Tobias. T'as vu ce qu'il s'est passé à Paris?
- Ouais. Je sais, mais c'était en France. Ici c'est différent.
- Putain tu crois que ça change quelque chose? Tu crois qu'on est tous en sécurité parce que c'est un pays étranger qui a subi les attaques de ces enfoirés?

Se levant de sa chaise, Léo affichait clairement une mine colérique. Il y a de ça quelques semaines, sa cousine avait trouvé la mort dans les attentats qui avaient frappé les hôpitaux de Paris, juste au moment de l'attaque massive de l'organisation criminelle la plus connue du globe. Baissant légèrement les yeux, Tobias se sentit gêné par sa propre boulette.

- Désolé. J'avais oublié. Quoiqu'il en soit, ça change rien au fait qu'on a besoin de toi ici. Les braconniers sont de plus en plus nombreux, et ils savent qu'on est tous occupé à vouloir frapper la Griffe.

Retombant lourdement sur sa chaise, Léo souffla longuement en passant ses mains contre ses cheveux rasés de près. Le jeune Ranger était bouleversé. Lui qui avait toujours voulu faire ce job, doutait à présent de l'utilité de sa carrière.

- Je sais pas... J'ai juste l'impression qu'il y a plus important que protéger des castors alors que des groupes criminels dégomment des gens au hasard... Depuis que je bosse ici on a jamais vraiment fait de grosses missions comme on m'avait promis. Tout ce qu'on fait c'est patrouiller à la recherche de quelques bandits. J'ai vraiment le sentiment de servir a rien.
- Tout comme le  boucher doit se dire qu'il sert à rien alors qu'on a tout autant besoin de lui.

Posant la main sur l'épaule de son collègue, Tobias fixa son plus jeune collègue d'un regard plein de compassion.

- Ecoute, le monde continue de tourner et tout ne se repose pas que sur la traque des criminels du niveau de la Griffe. La petite criminalité sait bien que les gens ont le regard ailleurs. L'insécurité les sert, et c'est à des types comme nous de contribuer à stopper tout cela, même si le public le voit moins. Même si c'est pas diffusé à grande échelle.
- ... Ouais, t'as sans doute raison.

La radio des deux rangers s'activa alors, les sortant de leur discussion.

- Tobias? Léo? Les gars, vous devriez venir voir.
- On arrive Rob.

Attrapant son fusil, Léo emboîta le pas de son collègue. Étrangement, un nœud se noua dans son ventre, quelque chose ne sentait pas bon. La voix de leur ami était bien trop apeurée pour que cela annonce du bon.
Arrivant finalement à la position de Robert, les deux rangers écartèrent les yeux face au spectacle qui se tenait en face d'eux. Les corps déchiquetés d'une cinquantaine d'animaux gisaient à même le sol. Des carcasses dévorées dont les os et le reste de tendons formaient un charnier inhabituellement grossier. Retenant un haut le cœur, Léo s'avança des restes afin d'analyser ce qu'il en était. Pendant ce temps, Tobias recueillait les informations de son collègue. Les os présentaient à de nombreuses reprises des traces de morsures, bien trop grandes pour appartenir à une mâchoire d'un prédateur classique de la forêt. Sur quelques carcasses, le ranger remarqua des petites touffes de poils, rappelant le pelage d'un loup. Prélevant l'échantillon, le jeune homme regroupa les différentes informations, pour en arriver à une conclusion qui le perturbait presque autant que le charnier en face de lui. Les créatures qui avaient fait cela n'était pas, mais alors pas du tout, dans la norme naturelle. Se redressant et retournant vers ses deux compères, le jeune ranger serrait son fusil à pompe bien plus que de raison.


- J'ai recueilli des infos sur ce qui a fait ça. C'pas normal. On devrait prévenir les autres rangers de la région. Les autorités plus compétentes.
- Négatif, répondit simplement Tobias. On a pas le temps et à cette heure là, personne nous répondra ou arrivera à temps de toutes façons. Rob, préviens juste le bloc nord, ils sont déjà sur place et on aura sûrement besoin d'eux. Il marqua une pause, sortant une cigarette de sa poche qu'il alluma rapidement. Et dis leur de prendre plusieurs fusils et tranquillisant.

*
* *


Repoussant un énième buisson, Léo grognait sous l'effort de la marche intensive qu'ils pratiquaient depuis plusieurs heures. Tobias avait repéré il y a quelques temps des traces de sang qui s'éloignaient de la position du charnier où ils avaient attendus les renforts du nord. Et pour une raison qui ne tenait qu'à lui, il avait ordonné à Robert et lui même de remonter la piste avec lui. Alors ils étaient là, à fouiller dans une forêt gigantesque, cherchant un animal sauvage qui s'était probablement échappé d'un zoo. Personnellement, Léo penchait sur un grand ursidé, ou quelque chose du genre, malgré le pelage recueilli. Les impacts de griffes qu'il avait vu éliminait de base les canidés et les petits félins. Un lion était hautement improbable aux vues de la violence des traces alors il s'était rabattu sur cette dernière option. Quoiqu'il en était, les traces se faisaient plus intenses, et ils allaient bientôt trouver l'origine de ces dernières.

- Merde....

Sortant de ses pensées, Léo observa Rob qui pointait du doigt quelque chose se trouvant derrière un fourré. Sa mine blanchâtre et l'air grave qu'il affichait ne présageait rien de bon. S'approchant de lui, Léo se risqua à un rapide coup d’œil, tandis que Tobias pestait de mécontentement. L'origine des traces de sang se trouvait en face du trio, et dévoilait aux rangers un nouveau spectacle morbide. Trois corps, enfin ce qu'il en restait, se trouvaient éparpillés un peu partout sur le sol. Comme précédemment, les membres arrachés et les restes avaient été grignotés afin d'en extraire le maximum de chaire et de muscles. Les organes internes, s'ils étaient encore présents, avaient été sortis des abdomen des victimes et partiellement dévorés. Cette fois-ci, le jeune ranger ne put retenir un vomissement, et déversa tout le contenu de son estomac dans l'un des buissons près de lui. Tapotant son dos, Tobias passa derrière lui et rejoignit la position de Rob, qui ne semblait pouvoir détacher son regard des trois carcasses.

- Un homme, et une femme pour ces deux là, si j'en juge pas les restes de vêtements et la forme des os. Mais ça... C'est un gosse putain.
- Calme toi Rob. Léo? Tu m'entends fiston?

Crachant les derniers restes de sa remontée gastrique, l'intéressé leva un pouce timide vers son mentor, encore un peu sous le choc de ce qu'il venait de voir. Lui qui plutot se disait vouloir quitter ce groupe pour combattre la Griffe, n'avait sut retenir un vomissement face à trois cadavres.

- Bouge vers la position du groupe nord de suite et voit avec leur ingé radio si on peut pas contacter les fédéraux. Là on est pas juste sur un animal en chassant d'autres, c'est...
- TOBIAS! ROB! LES GARS, VOUS ME RECEVEZ?
- Qu'est-ce qu'il se passe, Diego?
- Nombreux contacts! C'est définitivement pas humain! Mais c'trop rapide pour les tranquillisants, on tire sur des ombres putain!  
- Ouvrez le feu, on a des corps humains ici.
- On essaie amigo, mais ça reste trop... Oh non il fonce sur moi les gars ti...

La transmission radio cessa brusquement, plongeant le trinôme dans un silence bien trop intense et anxiogène pour que Léo reste sans rien faire. Avançant vers son mentor, le jeune Ranger le fixa d'un air déterminé.

- Il faut qu'on aille les rejoindre. Ils ont surement besoin d'aide et je pense qu'il faut qu'on soit plus...
- Tais toi fiston. Ecoute.

Tendant l'oreille, Léo remarqua en effet le bruissement violent de la végétation un peu plus loin de leur position. Quelque chose, de grand, remuait les feuilles et se dirigeait vers eux. Le trinôme leva leur arme comme un seul homme. Fixant l'origine du bruit, les rangers se préparaient à voir la bête tot ou tard. A vrai dire, il s'agissait peut-être de quelque chose de totalement différent, car il était peu probable qu'il s'agisse de la même chose qui avait attaqué le groupe nord. Une ombre sortit finalement de sa cachette, se dressant devant les trois hommes.

- Bordel de merde.

Le juron de Robert résonna dans l'esprit de Léo comme s'il l'avait lui même prononcé. La créature lupine qui leur faisait face, malgré un aspect chétif et diablement amaigri, les dépassait de beaucoup trop de centimètres. Les griffes et les crocs qui étaient visibles s'avéraient bien trop menaçants. Laissant un hurlement, digne des loups hurlant à la lune, s'échapper de sa gueule, la créature se jeta sur le trinôme qui ouvrit le feu d'un accord commun. Léon constata alors avec horreur que la chevrotine qui était sortie de son canon n'avait fait que s'enfoncer mollement dans le pelage de la bête, qui continuait son avancée, visiblement encore plus énervée par la tentative de neutralisation des trois rangers. Lâchant son arme et plongeant sur le côté lamentablement, le plus jeune des gardes-forestiers eu le meilleur réflexe. Il évita ainsi un coup de griffes rapide qu'avait lancé la créature. Un coup qui arracha au passage le haut de la tête de Tobias, qui s'effondra au sol mollement dans un son pitoyable. Sa cervelle commençait à se répandre sur le sol quand Léo se redressa lamentablement et commença à courir en direction de là où ils étaient venus. La panique dirigeait son action tandis qu'il abandonnait Rob à une mort certaine. Le cri que son collègue poussa quand la créature plongeait ses crocs dans son torse firent accélérer encore un peu le pauvre jeune homme.

- Bordel de merde, bordel de merde, bordel de m....

L'escapade du jeune forestier s'arrêta subitement tandis que son corps s'effondrait sur le sol. Ses jambes n'étaient plus reliées au reste de son corps. Le choc contre la terre fut violent, et la tête de Léo heurta un rocher, le sonnant partiellement et lui évitant ainsi de trop hurler. Rampant pitoyablement, une vive douleur dans son dos le retourna et le projeta dos contre le sol. Ses yeux larmoyants passèrent rapidement sur la créature qui le dominait. Une sorte de tas d'ossements semblable à un croque-mitaine se voûtait au dessus de lui, laissant une bave grotesque tomber en gouttelettes sur son visage pleins d'ecchymoses. Levant les mains en tremblant afin de demander pitié, la dernière image que put apercevoir les yeux du ranger fut de gigantesques crocs se rapprochant rapidement.

*
* *


Observant l'installation qui se mettait en place, Deydreus laissait un léger sourire se dessiner sur ses lèvres tandis qu'il analysait les mouvements des dévoreurs. Quelque chose dans la façon de parler de Sorince l'amusait étrangement. Quelque part, il avait un peu l'impression de s'observer dans un reflet déformé. Encore un poil trop humain mais probablement tout aussi sadique et malveillant.
En revanche, et même s'il comprenait le souhait de ses nouveaux amis, le Porte-peste était légèrement agacé de devoir rester pour le moment sur la touche. S'il ne comptait bien évidemment pas intervenir dans la chasse à proprement parler, le docteur ne comptait pas tout observer depuis une caméra tubulaire installé sur un reptile domestiqué. Aussi, Deydreus activa la communication vers le père des Dévoreurs.


- Je comprends tout à fait votre souhait. Cependant, sachez que je vous rejoindrai une fois votre stratagème réalisé. Naturellement, aucun de nous trois ne lèvera le doigt pour vous assister, je ne compte pas insulter votre compétence en intervenant dans cette chasse. Néanmoins, j'avoue préférer observer de mes yeux directement les théâtres d'opération plutôt que via un quelconque procédé holographique. Je n'ai que l'image et les sons, mais que faites vous du plaisir de sentir le sang et la peur chez les cibles abattues?

Le docteur marqua une courte pause, affichant un sourire sadique sur les lèvres. Cette remarque était plutôt inhabituel, compte tenu que le porte-peste ne connaissait techniquement pas grand chose de Carl, mais il savait au fond de lui que le chef des mercenaires comprenait ce qu'il sous-entendait. Joignant ses mains, alors que derrière lui Dansepeste semblait fixer divers insectes rampant dans la tente, le docteur enchaîna.


- En attendant que tout se mette en place ceci dit, parlez-moi un peu de vous. Bon nombres de mercenaires choisissent cette voie afin d'accumuler simplement quelques richesses, ce métier payant plus que l'armée régulière. Mais pour vous, quels sont vos motivations dans ce milieu? Je sais que vous n'êtes pas comme les autres compagnies. Après tout, c'est pour cela que j'ai fait appel à vous.

Attendant la réponse de son interlocuteur, le regard du Porte-peste vagabonda sur les sbires qui s'affairaient en arrière plan. Leur façon de se mouvoir montrait un professionnalisme oui, mais également une profonde envie de répondre aux attentes du serpent au fusil à pompe, et d'une peur plus grande encore de ne pas le décevoir. Et à dire vrai, quiconque parvenait à provoquer ce dévouement chez les autres, méritait au moins qu'on s’intéresse honnêtement à lui. C'est pourquoi la question du docteur n'était pas simplement là pour meubler le temps. Il faisait preuve d'un réelle curiosité sur les motivations de son potentiel futur allié. Et il était presque impatient de le voir à l'oeuvre en plus d'entendre sa réponse.




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A choisir entre la Peste et la Colère [PV Deydreus/Carl] [Scènes excessivement violentes]

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