Calme. C’était un des premiers enseignements qu’on recevait pour devenir un soldat. Après tout, la moindre crise de panique pouvait vous tuez, vous même comme vos coéquipiers, une fois en guerre. Je savais bien ça, et cet enseignement je m’efforçais de l’appliquer comme de le transmettre, jadis… Mais là, c’était dur. Elle qui m’avait déjà fait regretter une erreur -celle d’hésiter à tirer- elle apparaissait à mes yeux encore et toujours comme une amie. Amélie…
Si ma posture était ferme et nette, mon cœur battait si fort que je l’entendais se remplir et se vider en rythme. Mon souffle lui, était un peu court. A peine -on apprenait aussi à maîtriser cela à l’armée- mais juste assez pour devenir problématique en cas de poursuite par exemple… Putain je crois même que je tremblais un peu de la main qui tenait mon pistolet à fléchette… J’avais vraiment perdu en professionnalisme avec le temps…
“A...na…” Rien qu’à l’entendre dire mon nom, j’en tressaillais… Son timbre de voix était toujours le même. Il était toujours aussi pur qu’en ses jeunes années. Mais… mais il était vide… Pureté d’innocence était devenue purement froid et distant… Cela faisait mal au cœur… Non… Je ne l’avais pas perdu, pas encore. Après tout, elle était en vie… Elle l’était ?
“Qu’est ce que… tu fais ici ?”Bordel était à moi de dire ça ! Elle… Pourquoi la retrouvais-je si proche de chez moi ? Elle n’était quand même pas… Merde ! Définitivement, je louais le ciel que Jack ne soit pas à la planque en ce moment. J’allais avoir des choses à régler avant son retour…
“Tu es là … pour me tuer c'est ça …? Vas-y Ana… Finis en ici. Maintenant. Tue moi. ” Je crois que c’était ça le plus dur à entendre. Elle me pensait capable d’une telle action… Non… non, non ! Je refusais de tomber aussi bas. Abattre mes protégés. Si un protecteur se retrouve à retourner son arme contre la cible qu’il défend, son combat n’a plus de sens… Et moi je m’accrochais au reste décrépit et pourrissant du sens de tout ce que je faisais. Je n’avais plus que cela… Et c’était toujours cela, mieux que rien pour couler mes vieux jours…
Le pire dans tout cela était définitivement la froideur de sa voix. Elle avait craché cela sans la moindre sensation, pire qu’un répondeur téléphonique… Elle en devenait pire qu’un omniaque venu pour nous lire notre testament… Elle était tombée si bas… C’était inscrit dans mes veines : je devais l’aider. Il ne pouvait en être autrement…
“Tu n’en es pas capable. Tu ne l’as pas été la première fois…. Et tu ne le seras jamais.” Vraiment ? Sa pic était bien trouvée, je m’admettais. Cela m’en fit presque crisper la mâchoire de nervosité. Et oui : une moue agacée se dessina sur mon visage l’espace de quelques secondes. Mais pas plus. Oui : elle m’avait vaincue à notre première rencontre. Je l’avais accepté. J’avais fait une erreur. Et c’était presque avec joie que je voyais qu’elle n’était pas aussi idiote que moi. Mon seul regret était qu’elle tourne son arme vers sa famille… Cela était un fait, et je ne pouvais le réparer en en faisant de même.
Je ne serais jamais capable de la tuer ? Bien sûr ! Je refusais de tomber aussi bas. J’avais déjà à ramener sur le droit chemin tant d’amis perdus qui s’étaient adonné à telle calomnie. Ils étaient les brebis, et j’étais le berger. Je devais assumer. J’avais déjà plié par le passé alors : plus jamais.
« Amélie, Amélie… Ma paauuuvre Amélie. Il est si triste de te voir avoir tant raison et tord à la fois. Je n’en serais jamais capable ? Peut être bien. Et j’en suis fier. La est ta pire erreur : il est simple de tuer, et bien plus difficile d’épargner, de protéger. Une mort se fait d’une simple balle si rapide et furtive qu’elle se termine trop vite. Mais je ne t’apprend rien non ? Épargner c’est le doute de bien des années. Protéger, c’est le combat d’une vie… »Je baissais très légèrement le ton comme la tête, toujours en la gardant à l’œil.
« Ma vie… »Finalement, je levais vers elle le pistolet à fléchette. Ma main était stable. Elle ne tremblait pas -ou plus. Parler, regretter, j’avais assez fait… Je devais agir. Faire la belle ou basse besogne. C’était ma croix.
« Je fais ici ce que j‘aurais du terminé depuis un moment Amélie. Ce que j’aurais du faire avant tout, tout cela. Je suis désolé de ne pas avoir été là pour toi plus tôt… Amélie »Définitivement, je refusais de l’appeler par ce nom barbare qu’elle s’était -visiblement- donné. Fatale. Si quelque chose était fatale, ce n’était pas sa destiné. Mais celle que je m’imposais.
Je ne pouvais la laisser ici, et encore moins la laisser s’empoisonner par terre, comme une moins que rien. Aussi finis-je par décocher quelques fléchettes sur la cible immobile. Je ne pouvais la soigner avec elle qui jacassait ses âneries. On dit bien que cela forgeait la jeunesse, alors c’était plus pour moi ces conneries. Pour peu qu’elle les encaisse, elle n’allait pas tarder à s’endormir lentement. Ce n’était qu’une question de temps avant que le sommeil ne l’emporte, et non le poison.
- hrp:
A priori si tu n'y voit pas de soucis Ana est partie pour la ramener à sa planque (ligotée à un lit bien sûr %D) pour la soigner et la laisser récupérer. Raison pour laquelle elle veut l'endormir. Je t'ai laisser une réponse pour l'endormir (ça me semblait mieux). Dit moi si ça te va du coup ^^