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 [Passé : Pré-fall] Temps mort (Avec Gabriel Reyes et Jack Morrison.)

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Dim 18 Juin - 2:27



Temps Mort.
Gabriel Reyes   ▬   Jack Morrison  


Un grand poids écrasa soudain son bassin et sa cage thoracique, il laissa échapper un souffle haché alors que l’air quittait ses poumons. Quand il ouvrit les yeux, la lumière du soleil agressait ses yeux et il plaça une main sur ses yeux.

-Donne-moi une putain de pause, Morrison. Maugréa-t-il en balayant le sac qu’on venait de lui lancer sur le buste. Son ton était peut-être peu amène mais pas complétement dénué d’affection. Comme celui employé avec un vieil ami. Il se redressa en étirant ses muscles endoloris et attrapa le bagage pour l’ouvrir. Il savait que son second n’avait pas tort, rester ainsi exposé, même aussi loin du centre-ville, n’était pas une bonne idée. Il se redressa du petit banc en bois où il avait élu domicile pour se reposer et son regard se perdit dans le petit jardin qu’il occupait.

Un petit bout d’herbe abandonné loin de la tourmente. Cette maison avait vu les bombardements de près et était la seule encore difficilement debout. Et c’est là qu’ils avaient prévu d’établir un camp avant de retourner combattre au cœur de la ville qui était complétement contrôlée par les omniacs. Reyes défonça la porte d’un coup de pied puissant et pénétra dans la bâtisse. La poussière dues aux explosions avait pris possession des lieux et la lumière filtrait de façon partielle, donnant une allure fantomatique à la pièce. Il préférait son banc, se dit-il avec une moue désabusée avant de sortir leurs affaires et de préparer leur poste d’opération. Reyes imaginait aisément Morrison faire le tour de la bâtisse pour tout vérifier.

Le soleil avait beau briller à son zénith, les températures n’en étaient pas plus clémentes alors qu’ils essuyaient l’hiver en Corée du Sud ; les vents en provenance de Sybérie pouvant faire chuter les températures d’une bonne dizaine de degrés en négatif. La fatigue se lisait en paquet de cernes sous ses yeux et il ne doutait pas que ce fusse le cas pour le blond également. Ils arpentaient depuis 3 ans maintenant le monde entier depuis le lancement du projet Overwatch, enchaînant les missions les plus périlleuses les unes après les autres. Parfois en groupe, accompagné d’Ana et de leurs camarades européens mais également seuls, quand attaquer plusieurs fronts simultanément était nécessaire. Et on ne pouvait pas dire que cela déplaisait complétement au citadin qui retrouvait le goût des missions commando accompagné de Jack Morrison, faisant fit avec un grand plaisir de l’organisation d’une troupe.

Regardant à droite puis à gauche, il sortit nonchalamment un paquet de clope de son sweat et en alluma une en silence. Avait-il spécifié à quel point il appréciait se soustraire temporairement aux yeux perçants d’Ana braqués sur sa personne ? Le bruit du papier brûlant à chaque inspiration avait un côté vraiment très relaxant. Une espèce de petit crépitement qui remontait jusque dans sa gorge. Il prit le temps de savourer quelques bouffées avant de la jeter par terre, de l’écraser sous sa botte et de la faire nonchalamment glisser sous le canapé.

Reyes passa sa tête par la fenêtre explosée, frissonnant sous la brise glaciale de saison.

-Morrison, rentre au lieu de faire le bonhomme de neige. A chaque mot une fine pellicule de buée s’échappait de ses lèvres.

Il rentra à nouveau et s’affala dans un fauteuil. La tournade de poussière qu’il reçut en réponse le força à étouffer sa toux spasmodique dans ses gants. Il s’installa, le plies de ses genoux sur un accoudoir et sa tête sur l’autre, visée dans son bonnet. Il pouvait sembler immature et oui, il le jouait, mais ses oreilles étaient concentrées à déceler chaque bruit suspect et son esprit était porté sur la mission. Il repérait dehors les pas de Morrison et … Rien d’autre bien heureusement. C’était leur première soirée de repos depuis 5 jours et il fallait avouer qu’il n’était pas le plus mal accompagné. Faire partie de cette équipe d’élite avait le mérite de ne pas l’enfermer des jours durant sur la ligne de front entouré d’inconnus ou de connards. Et pour un homme qui ne comptait, au sens propre, que deux amis cela revenait à l’improbable.
Chance ou affliction quand il risquait tous les jours sa vie avec ses plus chères connaissances ? Il ne voulait se risquer à répondre, pas avant la fin de la guerre et les comptes fait.








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Dim 25 Juin - 6:41



Temps Mort.
Gabriel Reyes   ▬   Jack Morrison  


Reyes et lui.
Ça fait un bail maintenant qu’ils se coltinent le pire ensemble. Leur rencontre en donnait déjà la tonalité : le programme d’amélioration des soldats. Celui que Jack rejoint le cœur gorgé de jeunes espoirs, maladivement fier. Celui qui lui offre de nombreux séjours sur le brancard, veines gonflées d’un bleu éruptant à la lisière de la peau et yeux révulsés d’un blanc nervé. Celui qui les abandonne Gabriel et lui sur des lits voisins, à conjointement vomir leurs maux sur un programme télévisuel catalyseur. Faute d’une meilleure introduction. Le temps passant la télé est évincée, l’un vocifère désormais sur l’autre pour empoigner sa fierté. Pour l’empêcher de céder à l’inconscience qui entraîne lentement sa tête de côté. Le temps passant l’un prétend avec vigueur ne plus avoir faim et délaisse un plateau repas à l’angle d’une table mitoyenne. Alors que l’autre, fossés creusés dans les joues, s’en saisit sans un remerciement tangible.
A bien y penser il n’aurait sans doute pas tenu sans Reyes.

Morrison ausculte la silhouette lascivement exposée à l’air libre. La réprobation qui plisse son visage se fane en l’espace d’un instant et ses lèvres viennent cueillir un sourire apaisé. Il soupire lourdement en défroissant ses traits d’une main rude. Légèrement secouée, fébrile. La tension qui roule à la jonction de ses muscles se délie lentement tandis que ses épaules montent et descendent, forçant un dos trop raide à mimer une posture plus relâchée. Guère naturelle.

C’était presque dangereusement agréable. Ne pas devoir synchroniser sa fréquence cardiaque aux détonations de naissances confuses, ne pas devoir adosser chaque souffle au dénombrement des balles restantes dans le chargeur. Si Reyes se repose c’est que la situation l’autorise – information certaine que le soldat digère : il peut se mettre au repos. Pour autant l’endroit n’est pas l’Eden. Stationnaires ici, ils pourraient se trouver pris entre une bonne dizaine de feux. Les habitudes sont inscrites au fer rouge dans son esprit ne sachant totalement quitter l’effervescence. Morrison ne sait laisser la guerre de côté et s’empêcher de calculer les fenêtres de tir plausibles. Cette injonction sans fin l’accompagnera sûrement dans le civil s’il vient un jour à revenir. « T’auras une pause sacrément longue si tu t’fais trouer la peau. Et moi donc. » Lâche-t-il d’une voix à la sècheresse douce, finement moqueuse. La confiance qu’il accorde à son supérieur est totale alors il doute fortement de la légitimité de ce rappel à l’ordre. Mais il ne peut s’en empêcher. Il sait ses mots articulés d’inconséquence. Il ne sait pas réellement témoigner de son affection selon un registre moins rude.

Alors que l’autre homme entreprend de revenir parmi les éveillés Jack le précède en s’avançant vers l’abris de fortune. Simple mesure de prévention et routine bien huilée. L’un et l’autre ont alterné un nombre intraduisible de fois leurs tours de garde – seuls éloignés à la lueur d’un camp branlant ou d’une lanterne défectueuse.

Le froid mordant frissonne à la surface de ses épaules. Ses rangers bruissent contre une fine pellicule de givre tandis qu’il progresse l’arme au poing et les sens de retour à l’alerte. Son œillade capture Gabriel s’insinuant à l’intérieur des murs et Jack contourne de l’extérieur en quête de traces de pas. La visite dure une poignée de minutes et s’avère concluante : personne pour surprendre leur temps mort.

Alerté par une toux rauque Morrison pénètre dans la bâtisse à son tour. L’arme rendue au holster et la mine sévère. « J’te rappelle que c’est ta veste qui a servi pour le molotov d’hier. Faute de mieux. » Souligne-t-il d’après un infini sérieux tout en retirant la sienne d’un geste saccadé. Inquiétude refusant d’être formulée sans intermédiaire. Ayant vaguement roulé le tissu entre ses mains il le lance à Reyes. Puis un silence.
« Ça sent la clope. Un jour ‘faudra bien me dire comment tu t’approvisionnes. » Il s’approche de son interlocuteur tout en détaillant la pièce et les installations y siégeant désormais. A proximité de son camarade il se laisse à son tour choir sur le canapé d’en face. Dépose sans ménagement ses pieds sur la table basse sertie de plusieurs mois de poussière. « Sérieusement j’veux savoir. » Jack est brièvement mais sincèrement amusé. Comme en témoigne la lueur qui traverse son regard pourtant assombri depuis des jours par la fatigue. Pendant un instant le soldat laisse le silence reposer de nouveau. Son regard s’absente dans la contemplation du mobilier et il découpe avec une pointe d’amertume les indices de vies brisées. Des photographies et ces fenêtres éventrées. « Comment va ta jambe Gabe ? » Comme soudainement réactivé, sa voix perce et il fige son regard dans le sien. Le dos rond et les coudes posés sur ses genoux. Attention focalisée.






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Mar 11 Juil - 18:26



Temps Mort.
Gabriel Reyes   ▬   Jack Morrison  


«-J' te rappelle que c’est ta veste qui a servi pour le molotov d’hier. Faute de mieux. »

« - Rappelle moi, Morrison. On avait mieux, bien plus facile à enflammer, mais tu ne voulais pas que j’utilise les bandes de gaze, tout ça pour une plaie de rien du tout. Il leva la main pour réceptionner le tissu. Sa mauvaise foi était palpable et il n’en avait pas l’air convaincue lui-même. La veste était le choix qu’ils auraient fait tous les deux. Mais bourgeonner le tenait éveiller.

Reyes toisa la veste d’un regard critique. D’habitude l’aurait il renvoyé avec une phrase acerbe et bien sentie et ils n’en auraient plus parler, Morrison rongeant respectueusement son frein. Mais ici le citadin ne fit pas de commentaire -même pas pour critiquer son aspect esthétique -, il se contenta d’enfiler le vêtement sans un mot, s’enroulant dedans avec soulagement. Il nicha son menton dans le col de son sweat et remonta celui du manteau pour couvrir ses oreilles. Ses pupilles se décalèrent tout de même sur le côté pour lancer un regard d’avertissement au blond, dans l’éventualité où il aurait la mauvaise idée de ramener ses répliques horripilantes avec son air de play-boy.
Ce n’était pas dans ses habitudes de dépouiller ses recrues, même quand ses recrues étaient ses seconds depuis quelques années ; mais c’était l’affaire d’une dizaine de minutes, tout au plus.
Son corps massif se mouva pour s’installer d’autant plus confortablement qu’il était au chaud maintenant, et s’enfonça dans le siège. Sa tête trouva naturellement appuie sur son bras qui faisait fonction d’oreiller entre l’accoudoir et lui, et ses jambes pendaient avec raideur dans le vide.

« - Ça sent la clope. Un jour ‘faudra bien me dire comment tu t’approvisionnes. »

Un sourire mystérieux décora ses lèvres alors que ses yeux se fermaient tout naturellement.

« - Sérieusement j’veux savoir. »


Son sourire se fana et il tourna la tête vers son camarade avant de lâcher d’une voix sinistre.

« -Beaucoup de gens fument, Jack, même les civils qui décèdent sur les champs de batailles. »

Le silence s’installa plusieurs secondes, le temps qu’il ménage son effet. Puis il lâcha un souffle exaspéré et amusé, comme s’il avait un enfant en face de lui. En réalité, il faisait juste son malin, rien à voir avec la perspicacité de Jack.

« -Je les roule avant de partir, monsieur poumons parfaits. L’Australie importe encore beaucoup, ils n’ont pas les mêmes soucis que nous depuis que leur omnium a explosé… Enfin… C’est le cadet de leur soucis la guerre omniac. Après j’imagine que les brins de tabac sont légèrement radio-actif. »

Sa voix était endormie et monotone, comme s’il récitait un briefing de mission. Mais attention, le commandant avait pris sa décision ! Il rendait sa veste au p’tit jeune dans 5 minutes. 5 minutes maximum !

« Comment va ta jambe Gabe ? »


Va savoir pourquoi, mais la pointe d’inquiétude sincère et alarmée dans la voix de Jack Morrison le toucha, bien qu’elle l’aurait énervée chez quiconque. Surement car ils étaient tous les deux dans le même bateau. Ils vivaient aux rythmes de la guerre, en symbiose, prenant la douleur de l’un ou de l’autre comme un mélange diffus. En tout cas c’était le cas de Reyes. Il avouait que si on le questionnait sur qui avait reçu cette triple fracture de l’humérus lors du dernier raid, il était possible qu’il y réfléchisse à deux fois avant de répondre. Le commandant haussa les épaules négligemment.

-Ce n’est qu’une plaie superficielle. Tu devrais plutôt t’inquiète pour le souffle aigu que tu produits quand tu dors, Morrison.  Moi j’ai au moins la gentille idée de montrer l’étendu de mes blessures de façon visible. Pas comme toi qui nous fait toujours le plaisir de la surprise sur les scans. Rien que pour ça, je devrais te sanctionner bien plus sévèrement que les tours de terrains habituels.

Il le toisa sévèrement depuis sa position allongée. Le blond avait beau avoir des épaules imposantes et sa tenue commando qui n’arrangerait rien à la prestance de sa stature, le brun était un professionnel pour l’ignorer et lui envoyer un regard supérieur, un regard plein de contrôle.
Il est vrai que parfois, souhaiter que Morrison s’en sorte avec une fracture ouverte plutôt qu’une hémorragie interne lui passait par l’esprit. C’était peut-être égoïste, mais il se plaisait à l’imaginer hurler de douleur à cause d’une plaie à vif qu’il soignerait plutôt que de devoir éponger son front tout en tentant de trouver un point d’accroche à son regard flou, impuissant. Mais il savait aussi que c’était un mauvais procès au blond, qui finissait chaque mission – et sans perte, dusse-t-il ramener ses coéquipiers sur son dos malgré une jambe cassée. Le regard de Jack quand il contemplait avec douleur ses coéquipiers… Son coéquipier, se faire opérer au vif d’une bataille ou quand il contemplait avec culpabilité les cicatrices, vestiges d’une mission plus difficile que prévu le faisait relativiser ce souhait.

Son regard boisé du plus âgé plongea dans les deux petits lagons doux de Jack. Pour le rassurer il prit la peine de se relever et d’aller s’assoir lourdement près de lui. Il leva sa propre jambe et la cala droite sur la table basse.

-là, c’est mieux ?  


Il s’emmitoufla un peu plus dans le tissu chaud de la veste de son second. Juste pour 3 minutes encore, après il lui rendrait. Il sourit et ferma les yeux.

-Un vrai quatre étoile…

Encore juste 2 minutes. Il croisa les bras sur sa poitrine et appuya sa tête contre le dossier.

-Mais je fais la bouffe. Je te préviens. Hors de question de manger tes rations.

Plus qu’une minute…




Alors que les survivants (pour le moment) du programme d’améliorations des soldats américains tenaient à peine debout, les entraînements commencèrent. Pour tous… C’est-à-dire pas grand monde, 4 personnes. La raison d’une reprise si rapide ; le fait qu’il ne fallait pas que les soldats choisis perdent leurs aptitudes hors du commun en attendant la remise totale du corps éprouvé. Résultats, dans les 3 jours suivant, deux soldats moururent de complication.
Reyes s’en tirait étrangement bien, il était le soldat le mieux remit en comptant parmi les 3 qui étaient restés en vie dans les derniers jours. Et pourtant… pourtant. Le premier jour d’entraînement il avait fini à terre sans pouvoir se relever au bout d’à peine trois heures d’épreuves. Le deuxième jour il avait failli pleurer à la fin de la journée, ce qui n’était encore jamais arrivé même à ses débuts dans l’armée. L’idée d’un lendemain l’angoissait la nuit et le sommeil n’était pas facile à trouver. Le troisième jour il avait failli décider de se casser quelques os en sautant pas la fenêtre du premier étage pour éviter les exercices malgré les sanctions.  Mais il s’était ravisé… pour une personne encore plus physiquement ébranlée que lui qui trouvait la force de réaliser tout le travail demandé et d’aider son coéquipier à chaque instant. La peur de voir Jack Morrison et son corps brisé trépasser par la surchage le tenait parfois éveiller des heures.  Sa peau pâle et les couleurs froides qui hantaient ses traits d’habitude ensoleillés lui donnait un courage désespéré pour faire ce qui leurs étaient imposés. Il le connaissait depuis à peine quelques semaines mais Jack Morrison était le seul à le connaître… Vraiment le connaître. Ce petit merdeux.

Alors qu’aujourd’hui il se battait contre un agent en bien meilleur forme que lui, il vit du coin de l’œil son collègue s’effondrer. Il se figea et quand le coup de poing vient toucher sa tempe il ne put que vaciller et se rattraper à une barrière.

Son souffle se coupa, comme lorsqu’il attendait une détonation inévitable mais avec une peur bien plus incontrôlable. Il ignora les interpellations et se rapprocha du corps inerte. Il attrapa son poignet…

Il ne trouva pas le pouls.




Ses yeux s’ouvrirent sur le mur en face de lui, rond et alertes. Il prit quelque seconde pour comprendre où il était et qu’il s’était endormi sans cérémonie.

-Merde ! Jack ?! Le corps du commandant se redressa en une seconde alors qu’il cherchait son soldat du regard. Morrison, au rapport, c’est un ordre ! Ses mains étaient posées sur les crosses de ses armes alors qu’il écoutait autour de lui la vieille bâtisse.







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Lun 17 Juil - 23:05



Temps Mort.
Gabriel Reyes   ▬   Jack Morrison  



« Rappelle-moi, Morrison. On avait mieux, bien plus facile à enflammer, mais tu ne voulais pas que j’utilise les bandes de gaze, tout ça pour une plaie de rien du tout. »

Piqué, ses épaules s’arrondissent légèrement. Son expression faciale se froisse et il grogne de manière surjouée. « La gaze c’tait même pas négociable. » Lui assure-t-il d’une intonation à mi-chemin entre impertinence et réprimande intraitable. Jack s’installe plus profondément dans le dossier éventré du fauteuil et toise d’un regard qui ne transige pas. A la recherche, sûrement, d’une manière d’occuper l’espace face au puissant détachement de son supérieur. « T’aurais eu l’air malin avec une plaie ouverte quand on a dû naviguer entre les balles. » Il secoue le visage pour congédier la scène mentale qui vient aussitôt l’agresser et lâche entre ses dents un « sérieusement » exténué par l’anticipation. Il creuse avec ses doigts de profondes rotations de chaque côté de l’arrête de son nez, légèrement plus blême que la seconde d’avant. Morrison cauchemarde régulièrement de ce jour où Reyes ne se loupera pas mais il se garde bien de le dire.

Pourtant le soldat se repose sur la sur-viabilité de leur tandem. Les prescriptions qu’il se fait un point d’honneur de souligner sont tristement peu respectées et lui-même admet qu’il existe une marge considérable entre le mieux et la réalité du terrain. Devoir opérer son partenaire avec un canif émoussé et du fil alimentaire à la lumière grésillante d’une lampe de poche ce n’est pas exactement ce qu’il nommerait configuration optimale. Mais Reyes et lui finissent toujours par s’en tirer d’une manière ou d’une autre. Parce qu’ils se le doivent. C’est une chose d’avoir une cause en laquelle croire, le devoir anime le corps lorsque la panique pourrait le pétrifier, lorsque la douleur vrille les résistances physiques. Mais parfois tout est abstrait et tout se dilue dans une fatigue entêtante pour ne laisser que l’envie de fermer les yeux. Et dans ces moments ils sont là l’un pour l’autre.

C’est assez complexe pour lui de l’expliciter par des mots mais ses réflexes le savent : Reyes et lui se connaissent parfaitement. Son supérieur est presque une extension de lui-même. Sur le champ de bataille il n’a pas besoin de ses yeux pour connaître sa position. C’est ainsi que le second laisse finalement passer la désinvolture de l’homme au regard brun. Il sait qu’elle n’est que surface. Il le ressent intimement.

Il s’adoucit tandis qu’il le détaille longuement – absent il ne s’aperçoit pas réellement que ses yeux sont fixes. Bien qu’il ne soit pas doué avec les descriptions bien ficelées Morrison est un instinctif. Dès les premiers jours du programme il avait perçu en Reyes quelque chose de fiable. Avec le temps il a réussi, pense-t-il, à dépasser la surface caustique pour rencontrer un homme investi auprès de ses pairs. Bien plus impliqué que ne le sont ceux qui se drapent dans les civilités indifférentes. Jack apprit à tolérer puis à apprécier le sarcasme de son collègue. A y voir de l’humanité. Rapidement les deux se dérobèrent au groupe pour former un binôme.

La fatigue le guette et il étouffe un bâillement du revers de sa main devant les lèvres. Il ne s’attendait pas à ce que sa veste soit aussi bien reçue et il savoure cela comme un petit accomplissement – qui laisse flotter sur ses traits une vague de confort. Il échappe finalement un rire légèrement éraillé lorsqu’il le voit se lover dans le tissu. Plutôt peu fréquent mais logique ; la retenue n’a plus lieu d’être entre eux. Pas après avoir vécu le pire ensemble, avoir vu chez l’autre les états les plus extrêmes. Il ne soulève pas de commentaire. Assis les mains fermement liées entre les jambes, courbé au-dessus de la table les séparant, il se contente de lui adresser une œillade apaisée. « Toujours aussi dramatique. Tu f’rais un bad guy convainquant. » Aucun reproche insinué mais une pointe d’amusement pour teinter sa voix rendue rauque par l’épuisement. Reyes peut prétendre être indifférent au sort des civils mais Morrison n’est pas client. Il hausse un sourcil pour appuyer son scepticisme et roule des yeux pour la forme. « Au moins t’es informé de la géopolitique. Pas que je veuille ruiner le commerce Australien mais n’en abuse pas de la clope. Ou les toubibs vont te tomber dessus. Et ça tu l’sais mieux que moi. » Reyes et lui sont des sujets d’expérimentation perpétuels et les injections ne finissent jamais. Sur le papier les tests auraient dû s’achever il y a trois mois mais surviennent toujours l’effet indésirable et la découverte révolutionnaire qui les encâblent à nouveau à la table d’opération. Morrison estime qu’il retourne de son engagement mais la contrepartie est de plus en plus indigeste. S’il n’en devient pas acide c’est sûrement par antithèse à Reyes qui indirectement le ramène à un autre rôle. Peut-être naïvement il voudrait mieux convenir que lui aux attentes expérimentales des hauts-placés. Bien évidemment il ne partage pas avec lui cette volonté, la conserve non traduite dans un recoin opiniâtre de son esprit. Quitte à alimenter des tensions.

En fermant les yeux Morrison replonge dans l’orage de cette nuit-là. Les images tambourinent derrière ses paupières closes et ses nerfs sont brûlés d’impuissance. L’odeur de la pluie se mêle aux tonalités continues des machines médicales.
La pièce est éteinte. Les deux corps désossés sont lourdement bandés, laissés à l’abandon sur leurs couches au blanc immaculé. Jack ne ressent plus de sensations à partir du nombril et ses jambes sont striées d’arabesques d’un bleu qui gonfle et dégorge. Ils n’ont pas fière allure les deux survivants mais ils s’accrochent à une discussion étrangement ouverte alors que le silence pourrait venir les cueillir à chaque instant. C’est ce qu’ils devaient se dire sans l’admettre, pense le soldat, c’est sûrement pour cela que chaque mot était gorgé d’une émotion aussi mal contenue. Il se souvient de la silhouette rigide de Reyes se découpant à sa gauche sous chaque éclair. Il se souvient de ses bras croisés et de son regard stable perdu au lointain. Alors qu’il baignait dans ses plaies, sous ses bandages, il semblait infiniment contrôlé. Il le poussait à rester lui-même pour ne pas démériter.
« Il faudra vraiment que j’te fasse voir l’Indiana. T’as aucune idée de ce que c’est la vie à la ferme le citadin. » Sa voix est sinistrement faible, secouée de sifflements, mais il ne se souvient pas sur l’instant avoir désiré quelque chose de plus fort. Sortir de cette chambre aseptisée et montrer à Reyes l’endroit coloré de sa jeunesse. Il parviendrait presque à être enthousiaste.
Jusqu’à ce que le silence lui réponde. « Reyes ? » Interroge-t-il en se penchant sur son coude. Peut-être s’est-il seulement endormi. Ce n’est pas le cas.

L’éclair d’après dévoile à Jack le visage figé de son camarade. Ses yeux ouverts et ses lèvres ourlées d’un sourire en coin. Mais Gabriel est éteint et plus rien n’anime ses traits. Il n’a rien d’apaisé. Son partenaire semble avoir été abruptement fauché.
Cette nuit Jack a hurlé en l’appelant. En appelant à l’aide. Il a vociféré des larmes désorientées. Comme le gosse qu’il était soudainement redevenu. Il se souvient avoir empoigné d’une convulsion ses béquilles et avoir tenté de rejoindre le lit de son collègue. De s’être effondré au sol, d’avoir rampé à s’en écorcher jusqu’au bouton d’urgence. D’avoir empoigné l’angle du matelas pour se hisser à la force des bras vers lui.

C’est ainsi qu’ils furent découverts quelques secondes plus tard : un Reyes mort mais souriant et un Morrison délirant mais assis le dos droit, la poigne encastrée dans le tissu blême.
Dès la nuit d’après la résolution fut prise alors qu’il observait la cage thoracique de son camarade se soulever régulièrement. Une promesse silencieuse.
Jack allait être irréprochable. Assez pour que deux agents ne soient pas nécessaires. Pas dans la fonction attendue.

« Je crois pas avoir déjà été un fardeau sur le terrain. Pas de ma faute si j’affiche toujours bien. J’dois être un trop bon élément. » Il affiche un sourire presque désolé. Ses mots sont rapidement expédiés, il décide de traiter ça avec dérision pour ne pas trop s’y attarder. La blessure de son camarade lui apparaît infiniment plus urgente. « T’es pas franchement mieux loti, Gabe. Tu ressortiras pas d’ici avant que je regarde ta jambe. Plaie superficielle ou non. » Il apprécie le geste et se décale brusquement de côté pour que Reyes puisse investir le canapé. Sa proximité entretient la sensation de confort qu’il connaissait déjà – plutôt naturel lorsque le pire a été dépassé en compagnie de quelqu’un. Avec lui tout semble immédiatement plus logique et plus réalisable.
Morrison étale lourdement son bras contre le dossier du fauteuil, dans le dos de son camarade et s’autorise un soupire pesant de fatigue. « Mieux. » Marmonne-t-il au bord du sommeil mais passablement satisfait. « Mais tu t’en tireras pas aussi facilement. » Ses paupières retombent lentement et c’est finalement au tour de sa tête de dodeliner jusqu’à se figer dans le sommeil.

Un poids contre son torse le réveille soudain. Les sens alarmés Jack émerge en écarquillant les yeux. L’information met quelques secondes à être traitée. Il ne s’attendait pas à ça. Gabriel s’est échoué contre lui et y dort profondément. Gauche, Morrison ne sait que faire alors il relève légèrement son coude et étire ses épaules en tâtonnant. Le corps assoupi suit le mouvement en lâchant un grondement et le soldat ne se risque pas à retenter l’expérience. L’amusement l’effleure une seconde mais ne persiste pas.

De lourdes cernes creusent le contour des yeux de Reyes et son expression est secouée de crispation. Il semble hanté sous la lumière faiblissante qui accentue les plis de sa peau. Le plus jeune le considère avec sérieux, dépose au sommet de son crâne une main peut-être légèrement rude. Ils restent ainsi quelques heures.
Jusqu’à ce que Morrison doive s’extirper pour préparer un semblant de repas, ne perdant pas de vue la blessure de son collègue et l’examen devant être réalisé. Le soldat parvient à ne pas le réveiller et s’absente à la recherche de vivres. Le pas ferme il s’engouffre dans le cellier et cherche à l’aveuglette en balayant les étagères d’une main peu précautionneuse. L’obscurité y est si prégnante qu’il ne voit pas à cinq centimètres devant lui. L’électricité étant coupée depuis bien longtemps inutile d’inspecter les frigidaires où d’espérer une cuisine élaborée. Il finit pourtant par tomber sur de la charcuterie et c’est toujours mieux que ce qu’il espérait. Un air de victoire accroché au visage il s’aperçoit qu’ainsi Reyes ne pourra pas critiquer une énième fois ses rations.
Mais la pause est de courte durée. Il entend subitement le hurlement de son supérieur et son sang ne fait qu’un tour, sa respiration est bloquée en gorge. Avant même d’y réfléchir le corps de Morrison fuse et il avale les escaliers quatre à quatre. Ses rangers piétinent la distance. Il n’aurait jamais dû le laisser. Merde. La panique est bien tangible et s’il n’était pas incarcéré dans la réactivité il pourrait s’y noyer. Malgré son entraînement. Le soldat dégaine et pénètre dans le salon sans cérémonie.
Mais il n’y a que Reyes et ses yeux déboussolés. Jack sent distinctement un poids quitter sa cage thoracique. « Gabe j’suis là. Il s’est passé quelque chose ? » Il s’approche et poste un genou à terre devant lui avant de déposer une main forte à la surface de son épaule. Il comprend vite qu’il doit s’agir d’un cauchemar mais ne le suggère pas pour ne pas heurter sa dignité. Il se contente d’administrer une accolade qu’il espère réconfortante et de lui présenter un regard ouvert. « J’suis là.» Il n’est pas doué avec les mots mais essaie d’être présent à sa manière.







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